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LA PLANÈTE MARS.
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Le sixième était le plus large de tous, s’étendant du 230e au 300e méridien, soit sur 70 degrés de longitude, jusqu’à 30 degrés environ de distance au pôle nord.

Ces six ramifications allongeaient donc les neiges polaires boréales, en certains points jusqu’à 30° et même 36° de distance polaire, c’est-à-dire jusqu’au 60e et au 54e degré de latitude. Les neiges polaires terrestres peuvent être considérées comme se prolongeant aussi parfois jusque là, en hiver, en Sibérie.

D’après ces mêmes observations, c’est au milieu de novembre, soit trois mois après le solstice d’hiver boréal que ces neiges auraient été le plus étendues. Ensuite elles diminuèrent. Le minimum de la tache polaire australe et le maximum de la boréale arriveraient donc à peu près en même temps, comme la théorie semblait naturellement l’indiquer d’ailleurs.

Telles sont les splendides observations faites sur Mars par l’éminent astronome de Milan pendant l’opposition de 1879 et les conclusions qui peuvent en être déduites. L’opposition suivante, de 1881-1882, sera plus riche encore.

cii. 1879. — Satellites de Mars. Observations et mesures.

À la séance de l’Académie des Sciences du 10 novembre 1879[1], M. Asaph Hall a fait part de ses observations nouvelles des satellites de Mars. En comparant les positions mesurées à celles qu’il avait calculées d’après ses éléments de 1877 (voy. p. 258), il trouva pour Phobos une différence légère de −1s,074 dans sa période, qui devient ainsi :

7h 39m 13s,996.

Parmi les observations faites sur les satellites de Mars, nous signalerons d’abord, outre celles de l’auteur de la découverte, M. Asaph Hall, à Washington[2], celles de M. Common, à son Observatoire d’Ealing, près Londres, à l’aide d’un télescope de 36 pouces d’ouverture. Grossissements 220, 240 et 380. Nous ne donnerons pas les positions déterminées, car elles n’ont rien à faire ici, mais nous donnerons les résultats relatifs à l’éclat et à la coloration de ces petits globes[3].

Deimos paraît avoir l’éclat d’Encelade. Phobos paraît un peu plus brillant que Téthys. Mais le caractère de la lumière est différent. Tandis que les satellites de Saturne offrent une clarté tranquille, ceux de Mars ont plus d’éclat, sont plus étincelants, presque stellaires. Cet aspect peut être dû à l’absence de tout disque apparent ou au contraste avec le plein éclat de

  1. Comptes rendus, 1879, t. II, p. 776.
  2. Monthly Notices, mars 1880, p. 272.
  3. Monthly Notices, déc. 1879, p. 95.