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LA PLANÈTE MARS.

Le diamètre angulaire de Mars étant de 9″,57, les plus grandes élongations ne sont que de 13″ pour le premier et de 32″ pour le second.

La révolution du premier s’effectue dans la période étrangement rapide de 7h 39m 15s, et celle du second, dans la période également très rapide de 30h 17m 54s, période à peu près égale à quatre fois la première, ce qui indique un lien de parenté entre les deux satellites. Leurs orbites sont, toutes deux, presque circulaires, à peu près dans le plan de l’équateur martien, et inclinées l’une et l’autre de 26° environ sur l’écliptique. — Nous avons représenté ce petit système sur notre fig. 157 : c’est ainsi qu’ils circulent actuellement dans le plan de l’équateur de Mars.

À cause de l’exiguïté de ces satellites et de leur voisinage de la planète, Fig. 157.

Orbite apparente des satellites de Mars, pour une lunette astronomique.
il faut d’excellents instruments pour les distinguer. Toutefois, comme un objet qu’on sait exister est plus facile à découvrir qu’un objet dont on ignore l’existence, des instruments fort inférieurs à l’équatorial de Washington suffisent aujourd’hui pour permettre d’observer ces deux points lumineux, et même pour mesurer leur position.

L’analogie avait déjà fait soupçonner l’existence de ces satellites, et plusieurs astronomes, W. Herschel, d’Arrest, etc., avaient même passé de longues heures à les chercher. On avait dit : la Terre a un satellite, Jupiter en possède quatre, et Saturne huit ; Mars, qui se trouve entre la Terre et Jupiter, pourrait bien en avoir un ou plutôt deux. C’est Kepler lui-même qui, le premier, a tenu ce raisonnement, dès l’année 1610, et Voltaire a suivi cette tradition dans Micromégas.

Ces deux globules célestes sont si petits qu’il est impossible de leur trouver aucun diamètre appréciable, et qu’on ne peut obtenir quelque estimation de leur volume probable, qu’en mesurant avec soin la quantité de lumière qu’ils réfléchissent. C’est ce qui a été fait à l’Observatoire de Harvard-College, par le professeur Pickering, et il résulte de ces mesures photométriques, confirmées du reste par les estimations des autres observateurs,