Page:Flammarion - La Planète Mars et ses conditions d’habitabilité, tome 1, 1892.djvu/306

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
294
LA PLANÈTE MARS.

précité. On y trouvera les 62 points précédents. C’est là un travail tout à fait remarquable, et dont aucun des anciens observateurs de Mars n’aurait soupçonné la possibilité. Il a fallu, pour y réussir, une inébranlable persévérance, un œil excellent, une méthode d’observation rigoureuse et un bon instrument.

Si l’on compare ce planisphère à notre carte de la page 69, on pourra assez facilement identifier les configurations géographiques. La mer du Sablier y devient la « Syrtis Magna », trop peu accentuée sur la carte de M. Schiaparelli, sans doute parce qu’en 1877 elle était moins large et moins sombre que d’habitude. Le détroit d’Herschel II s’appelle « Sinus Sabæus », la mer circulaire Terby s’appelle « Lac du Soleil », la terre de Kepler, « Thaumasia Fœlix », le continent Huygens, « Memnonia », la mer Maraldi, « Cimmerium Mare », la mer Hooke, « Tyrrhenum », etc. etc. Cette carte ne dépasse pas le 40e degré de latitude boréale, attendu qu’en 1877 la planète n’en montrait pas davantage. L’astronome italien l’a complétée dans les oppositions suivantes.

Remarquons que l’auteur place l’Ouest à droite et l’Est à gauche, au lieu du contraire, qui est le sens de toute image céleste dans une lunette astronomique. Ces désignations se rapportent non pas à l’observateur terrestre, mais à un observateur qui serait sur Mars. Sur cette planète, comme sur la Terre, un point est à l’orient d’un autre quand il passe au méridien avant lui : Vienne est à l’orient de Paris et passe au méridien avant lui. Cette manière de voir est très logique, seulement il faut la définir pour éviter tout quiproquo.

Le bras de mer que nous appelons la Manche, sur notre carte, à l’extrémité de la baie Christie, est très large, et a reçu le nom de « Ganges ».

Les deux pointes de la baie du Méridien sont prolongées jusqu’à une mer australe par deux tracés qui ont reçu les noms de « Hydaspes » et de « Gehon ». Nous avons vu plus haut (p. 188) qu’en 1864, Dawes, convaincu qu’il y a là deux embouchures de grands fleuves, avait cherché ces fleuves sans parvenir à les découvrir.

Non loin de là, on voit un autre grand canal, le Phison.

Nous reviendrons plus loin sur ces curieux tracés et sur ces fameux « canaux ».

De ses nombreux dessins, faits surtout au point de vue des détails et rarement comme disques entiers, l’auteur a publié les quatre que nous reproduisons ici (fig. 175), embrassant l’ensemble de la planète. Ils sont des 20 octobre, 26 septembre, 18 septembre et 14 octobre, les longitudes du méridien central étant respectivement 18°, 85°, 181° et 298°. La latitude du centre est, en moyenne, de −24°.