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ASAPH HALL. — DÉCOUVERTE DES SATELLITES.

de l’étendue de la voûte céleste, et, vu de Deimos, environ 1/11. Sa surface apparente surpasse dans le premier cas de 6 400 fois celle de la Pleine Lune, et dans le second cas de 1 000 fois, sa lumière de 2 500 et 400 fois.

Une remarque de cosmogonie à propos des satellites de Mars.

L’hypothèse qui rend le mieux compte de la formation des corps célestes est celle qui les considère comme des condensations d’une matière diffuse primordiale (Kant et Laplace). Le Soleil proviendrait d’une nébuleuse immense et les planètes seraient des condensations partielles dans cette nébuleuse ; leur mouvement de révolution autour du foyer central aurait pour origine l’ancien mouvement de rotation de la nébuleuse.

Il en serait de même des satellites relativement à leur planète : la Lune proviendrait de la nébuleuse terrestre ou se serait détachée de l’équateur ; les satellites de Mars, de Jupiter, de Saturne, etc., auraient eu une origine analogue.

Dans cette hypothèse, tout satellite devrait circuler autour de sa planète en un temps plus long que la rotation de cette planète, attendu que, depuis son détachement, la planète a continué de se condenser et de tourner de plus en plus vite, en vertu du principe de la loi des aires.

Le mouvement si rapide du premier satellite de Mars est-il en contradiction avec la théorie nébulaire ?

Non. Déjà, dans le système saturnien, les corpuscules qui forment l’anneau intérieur effectuent leur révolution en une période moindre que celle de la rotation de la planète. La période à laquelle la force centrifuge égale la pesanteur est, pour les distances 1,36 à 1,57 de l’anneau transparent, 5h 50m à 7h 11m, et pour le bord intérieur du large anneau central, 7h 12m[1]. La rotation de Saturne est de 10h 15m.

On peut penser que, dans la zone équatoriale de Mars, comme dans celle de Saturne, une atmosphère est restée, après le détachement du satellite comme après l’isolement de l’anneau ; que cette atmosphère supérieure très raréfiée a néanmoins opposé une résistance au mouvement du satellite et qu’il s’est graduellement approché de la planète. Cette approche croissante a eu pour résultat l’accroissement de son mouvement. Il est probable qu’il se meut maintenant dans un vide parfait, dans l’éther pur, et que sa période est stable. Un satellite qui graviterait à l’équateur même de Mars, tout près de la surface, dans le vide, effectuerait sa révolution en 1h 40m, comme nous l’avons déjà vu (p. 235).

Mais continuons notre étude comparative des observations de Mars.

  1. Voy. nos Études sur l’Astronomie, t, III, 1872, p. 30.