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CONCLUSIONS DE LA DEUXIÈME PÉRIODE (1830-1877).

17. Néanmoins, de toute cette variété reste un fond certain, celui qui est représenté sur notre Carte générale de la page 69. D’autre part, les causes de diversité attribuables aux observateurs n’expliquent pas certaines divergences, qui doivent être considérées comme réelles. Ainsi, la mer du Sablier varie certainement de largeur et de ton ; sa rive gauche, surtout en haut, à la péninsule de Hind, paraît indiquer des terrains tantôt secs et tantôt inondés ; la mer circulaire Terby a tout autour d’elle, et surtout au-dessous, des régions tantôt claires et tantôt foncées ; la mer Flammarion est quelquefois traversée par une sorte de banc de sable ; la baie du Méridien a paru parfois ronde, parfois carrée, parfois allongée et fourchue, etc.

18. Ces aspects et ces variations confirment l’interprétation déjà faite pendant la première période, savoir : que les taches sombres représentent des étendues liquides, des mers, des lacs, et les taches claires des étendues solides, des continents, des îles.

19. Les variations des neiges polaires confirment cette assimilation avec une eau douée des mêmes propriétés que celle de notre planète, susceptible de se convertir en neige, en glace, en nuages.

20. L’analyse spectrale, créée pendant cette deuxième période, établit que ces eaux sont analogues aux nôtres comme composition chimique.

21. Toutefois, ces étendues aqueuses doivent être dans un autre état physique que nos mers, moins denses (?), moins liquides (?), nappes de brumes visqueuses (?).

22. L’atmosphère est moins troublée que la nôtre, moins chargée de nuages et de brumes, moins productrice de pluies, plus raréfiée, plus transparente. L’eau doit s’y évaporer et s’y condenser plus facilement qu’ici. On n’y observe pas de cyclones, comme avait cru le faire le P. Secchi. Mais on observe parfois des neiges très étendues (voy. fig. p. 121, 128, 129, 130, 147) à d’assez grandes distances des pôles, notamment sur la terre de Lockyer, que l’on a prise parfois pour le pôle.

23. IL y a moins d’eau sur Mars que sur la Terre, d’abord comme étendue (car cette étendue, au lieu d’occuper les trois quarts du globe, n’en occupe guère que la moitié), ensuite comme profondeur sans doute, car les variations de tons des mers peuvent être attribuées à ce que parfois le fond devient visible, et les inondations paraissent fréquentes sur de vastes plages qui doivent être regardées comme très plates.

24. L’hémisphère supérieur ou austral de Mars est surtout aquatique ; l’hémisphère boréal, surtout continental. Le sol de celui-ci est donc à un niveau supérieur à celui du premier. Les causes géologiques qui ont agi dans la formation de la planète ont élevé l’hémisphère boréal et déprimé l’hémisphère austral. Remarque digne d’attention, il en a été à peu près de même pour