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JOHN HERSCHEL.
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atmosphères très chargées en nuages et qui peuvent servir à adoucir l’éclat d’ailleurs très intense de leur clarté », l’illustre astronome ajoute :

« Le cas est très différent pour Mars. Dans cette planète, nous distinguons avec une parfaite netteté les contours de ce que nous pouvons regarder comme des continents et des mers (voyez fig. 71 où Mars est représenté tel qu’il a été vu, le 16 août 1830, dans le réflecteur de 20 pieds de Slough). Les continents se distinguent par cette couleur rougeâtre qui caractérise la lumière de cette planète et qui annonce, à n’en pas douter, une teinte d’ocre dans le sol en général (comme les carrières de pierre à sablon rouge dans quelques lieux de la Terre peuvent en offrir l’image aux habitants de Mars) ; seulement le ton est plus prononcé ; par un contraste qu’expliquent les lois générales de l’optique, les mers, comme nous pouvons les appeler, paraissent verdâtres.

Fig. 71. — Vue de Mars, par Sir John Herschel, le 16 août 1830
Ces taches cependant ne se voient pas toujours d’une manière également distincte, quoique, quand on les voit, elles offrent toujours la même apparence. Cela peut venir de ce que la planète n’est pas entièrement dépourvue d’atmosphère et de nuages ; et ce qui donne beaucoup d’autorité à cette hypothèse, c’est la présence de taches blanches et d’un vif éclat à ses pôles (dont une est représentée dans notre dessin). On a soupçonné, avec beaucoup de probabilité, que ce sont là des neiges : elles disparaissent lorsqu’elles ont été longtemps exposées au Soleil, et sont au plus haut degré de leur grandeur lorsqu’elles ne font que sortir de la longue nuit de leur hiver polaire. »

En 1828, le 22 juin, le Dr Pearson avait observé sur le disque de Mars une tache sombre allongée verticalement, non loin du bord gauche ou occidental, et, quatre jours après, il revoyait cette tache, non plus verticale, mais horizontale et allongée le long du bord supérieur. Il en écrivit à sir John Herschel qui lui-même communiqua le fait à Smyth. Celui-ci en parle dans son ouvrage Cycle of Celestial objects et en donne même la figure. Il s’agissait