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JOHN PHILLIPS.
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elle. Des 60 qui arrivent à la surface du sol, moins du quart peut être réfléchi par le sable jaune même, et ce quart doit encore perdre 40 pour 100 en traversant l’atmosphère. Il n’y aurait donc, pour la Terre, pas plus de 8 ou 9 pour 100 des rayons lumineux qui pourraient atteindre l’œil d’un observateur lunaire. De loin, la Terre doit donc paraître blanchâtre même par le ciel le plus pur[1].

La comparaison de ces dessins avec notre carte conduit à une conclusion identique à celle que nous avons tirée tout à l’heure des observations de Kaiser. La mer Terby est allongée au lieu d’être ronde : elle ressemble à une feuille au-dessous, une seconde tache, offrant le même aspect, est beaucoup trop vaste ; le détroit Herschel II se détache nettement, mais la baie du Méridien n’est pas ronde et isolée comme dans les observations de Beer et Mädler. Tout conclut en faveur de variations certaines dans ces aspects géographiques.

LIX. 1864. — John Phillips.

Le professeur émérite de l’Université d’Oxford, dont nous avons déjà remarqué les observations de l’année 1862, a continué l’étude de Mars pendant l’opposition de 1864 et en a présenté les résultats à la Société royale de Londres dans sa séance du 12 janvier 1865[2].

Il constate d’abord que les aspects géographiques se sont présentés en 1864 à peu près tels qu’on les avait dessinés en 1862. On en a fait de nouveau plusieurs dessins, du 14 novembre au 13 décembre, et l’on en a construit un planisphère que nous reproduisons ici. L’auteur donne le nom de terre (land) aux régions orangées, et de mer (sea) aux régions verdâtres, comme on l’admet généralement, mais, à l’opposé de ce que l’on voit, en général, il note les premières plus foncées que les secondes. Un certain état brumeux (fogginess) a été noté en plusieurs circonstances, entre autres les 18 et 20 novembre. Les mers ont paru moins vertes qu’en 1862. En général, tout était moins net. Mais la planète était plus loin de nous en 1864 qu’en 1862.

« Des taches blanches, sans doute des neiges, ont été vues d’une part entre 45° et 50° de latitude sur le 30e méridien de la carte construite par l’auteur, d’autre part au 50e degré de latitude, à la longitude 225°. Il y avait moins de neiges autour du pôle sud qu’en 1862. »

Phillips se demande ensuite si les couches atmosphériques inférieures ne jouent pas un rôle dans la coloration de la planète, qui rappellent souvent

  1. American Journal of Science, t. XXVIII, p. 163.
  2. Proceedings of the Royal Society, 1865, p. 42-46.