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Fig. 98. — Autre appareil (à circulation d’eau froide) pour la préparation de la nitro-glycérine.


sives, on est quelquefois parvenu à en tirer parti dans l’exploitation des mines.

Dans les dernières pages de notre Notice des Merveilles de la Science, sur les Poudres de guerre[1], nous avons mentionné les premiers essais faits en 1865 par M. Nobel dans la mine d’Altenberg ; nous avons même donné le dessin des outils qui furent employés pour perforer les roches et placer la cartouche explosive (fig. 172, 173).

Dans les mines de la Vieille-Montagne, on put également se servir de la nitro-glycérine. On creusait un trou, que l’on enduisait d’argile, afin de le rendre imperméable. On y versait ensuite, et successivement, la nitro-glycérine et une notable quantité d’eau, qui produisait, par son poids, l’effet du bourrage. On introduisait dans la nitro-glycérine l’extrémité d’une mèche, armée d’une capsule fulminante assez forte. Une fois le trou de mine bien rempli d’eau, l’ouvrier, après s’être mis à l’abri à une certaine distance, mettait le feu à la mèche, et se retirait le plus loin qu’il pouvait. La capsule détonait et la nitro-glycérine faisait explosion. Dans ces conditions l’action destructive de la nitro-glycérine sur les roches équivaut à dix fois celle de la poudre.

En Alsace, dans la vallée de la Zorn, près de Saverne, où les entrepreneurs essayaient de faire sauter d’immenses quartiers de roches, on recouvrait la nitro-glycérine d’un petit cylindre en bois ou en carton, que l’on emplissait de poudre ordinaire. La poudre faisait ici l’office de capsule. Bien entendu l’ouvrier enflammait la poudre à l’aide d’une mèche de mineur, et se réfugiait au loin, car les fragments de roche étaient quelquefois projetés jusqu’à deux ou trois cents mètres.

On sait que le percement du tunnel de Hoosac, aux États-Unis, a précédé le percement des Alpes, au mont Cenis et au mont Saint-Gothard. C’est avec la nitro-glycé-

  1. Tome III, pages 306-307.