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dans la grande opération géodésique dont nous parlons, de la simple projection de faisceaux lumineux électriques, d’un volume considérable, et qui portaient aux plus grandes distances que l’on eut encore franchies. On voit, en coupe, dans la figure 418, le projecteur de lumière électrique du colonel Mangin, construit par MM. Sautter et Lemonier, pour les opérations du colonel Perrier. L’arc lumineux, F, s’élance entre les deux pointes de charbon, enfermées dans une gaine verticale en laiton. La partie antérieure du faisceau, reçue par les lentilles f, f′, fixées dans le tube T, D, est renvoyée, avec les rayons du faisceau supérieur, sur le grand miroir elliptique, MM′. Les occultations de la lumière sont produites par l’écran E, E′ placé derrière les lentilles f, f′ et qui est mû à la main.

Le principe du projecteur employé pour la production de puissants éclats lumineux est le suivant. Si l’on dirige le projecteur de lumière vers les nuages, et dans un point occupé par un poste à projecteur correspondant, les occultations, par l’obturateur, de la source lumineuse placée au foyer de l’appareil produisent sur le nuage, qui constitue une sorte d’écran opaque, une série alternative d’éclats lumineux et d’extinctions. On peut, par ce moyen, et en attachant aux longueurs des éclats et des interruptions de lumière la signification des lettres du vocabulaire Morse, établir une correspondance.

Si l’on veut seulement correspondre à peu de distance, et produire des signaux visibles sur tout l’horizon, on place le miroir réflecteur de manière que le faisceau lumineux éclaire verticalement, et produise un panache lumineux vertical. En faisant tourner le miroir autour de son axe horizontal, le panache lumineux devient horizontal. Il peut, de cette manière, être lancé dans une direction convenue, à des intervalles inégaux, et fournir des signaux.

Ce même appareil est en usage à bord des navires. Le miroir, mis en place verticalement, réfléchit le faisceau lumineux, lequel, à une distance de 15 mètres environ, rencontre un disque, ou plutôt un ballon peint en blanc, qu’il rend visible de tous les points de l’horizon, et qui sert de signal pour les équipages des navires.




CHAPITRE II

la télégraphie optique anglaise.

Nous avons rappelé, dans les premières pages de la présente Notice [1], le télégraphe solaire que Leseurre, employé de la télégraphie aérienne, combina, en 1856, avec une habileté tout à fait hors ligne, et dans lequel les rayons du soleil, reçus sous forme d’éclairs, d’une durée ou d’une longueur correspondant au vocabulaire Morse, servaient à expédier des dépêches, tout aussi bien que le télégraphe électrique.

Cet appareil fut soumis, à Paris, en 1857 et 1858, à une longue série d’expériences, qui en démontrèrent toute la valeur. Un modèle fut expédié en Algérie, en 1860. Mais, comme nous l’avons dit, le télégraphe électrique, alors à ses débuts, primait toute invention analogue, et le télégraphe solaire dut laisser la place à la nouvelle méthode télégraphique.

Du reste, l’éclairage d’un point éloigné au moyen des rayons solaires réfléchis sur un miroir mobile est, depuis longtemps, en usage dans les opérations de la géodésie. Le miroir est posé sur une borne, et rendu mobile par l’effet de sa suspension, avec articulation mobile, à un demi-cercle métallique à axe tournant sur un pivot, ce qui permet de lui donner toutes les positions possibles. Un trou percé au milieu du

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