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gnéto-électriques, qui ne sont que l’exécution en grand, pour les usages de l’industrie, de la vieille machine de Clarke, ou de Pixii, dans laquelle on produisait un courant d’induction en faisant tourner des aimants autour d’une armature de fer. Nous avons décrit et représenté [1] la machine de M. de Méritens, c’est-à-dire l’appareil qui produit l’électricité par le mouvement d’un aimant naturel, et nous avons également fait connaître les autres machines aujourd’hui en usage, et ayant le même principe physique pour base, telle que les machines magnéto-électriques Gramme, Siemens, Brüsh, etc.

Ainsi, une machine magnéto ou dynamo-électrique, peut produire de l’électricité, quand on imprime un déplacement relatif à l’inducteur et à l’induit ; mais, réciproquement, si l’on vient à diriger un courant électrique, d’une force suffisante, dans cette même machine, elle se met en mouvement. Ce qui revient à dire que, si à une machine dynamo-électrique on imprime un mouvement, on a de l’électricité ; si, au contraire, on lui fournit de l’électricité, on a du mouvement.

D’où il résulte que si l’on prend deux machines dynamo-électriques semblables, qu’on les place à une certaine distance l’une de l’autre, et qu’on les réunisse par un fil conducteur, quand on fera tourner la première, pour engendrer l’électricité, et qu’on enverra l’électricité ainsi produite à la seconde, au moyen d’un fil conducteur, cette dernière se mettra en mouvement, et pourra accomplir un travail mécanique.

Il y avait dans ce fait, c’est-à-dire dans l’union, dans la conjugaison, de deux machines dynamo-électriques, le principe de toute une révolution pour le moteur électrique. On avait cru, à l’origine, que de même qu’il suffit de jeter du charbon dans le foyer d’une chaudière à vapeur, pour produire de la force dans une machine à vapeur, de même il suffit de brûler du zinc dans une pile voltaïque, pour produire de l’électricité. Le principe était vrai ; seulement il n’y a point de limite à la production de la force au moyen de la vapeur, tandis qu’il faudrait brûler des quantités incommensurables de zinc dans une pile de Volta, pour donner à un courant électrique l’énergie proportionnée aux travaux que l’industrie réclame.

Le principe de l’emploi de deux machines dynamo-électriques, ou comme l’on dit aujourd’hui réversibles (l’une pouvant remplacer l’autre) a fourni la solution du problème du moteur électrique par un moyen tout à fait inattendu, et en même temps certain. Car, tandis qu’on est vite arrêté dans la production d’une force mécanique, avec la pile de Volta, on peut produire autant d’énergie motrice qu’on le désire, en augmentant le nombre de chevaux-vapeur que peut donner la machine à vapeur.

Et non seulement ce principe a fourni la solution du problème du moteur électrique, mais il a doté la science et l’industrie d’un principe absolument nouveau, à savoir, le transport de la force à distance. En effet, comme les deux machines dynamo-électriques réversibles peuvent être placées à une distance quelconque l’une de l’autre, on peut, au moyen du fil conducteur qui les réunit, transporter à un éloignement quelconque la force primitive. Et cette force primitive, remarquons-le, d’ailleurs, peut être une force artificielle, comme la vapeur, ou une force naturelle, comme une chute d’eau ou le vent.

Toute machine dynamo-électrique, en vertu du principe de la réversibilité, peut fonctionner comme génératrice d’électricité, ou comme réceptrice du courant électrique, c’est-à-dire faire l’office de moteur électrique ; mais on réserve aujourd’hui le nom de moteur électrique à des appareils de

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