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Les ingénieurs de notre administration des phares, s’empressèrent de suivre cet exemple, et d’expérimenter la machine magnéto-électrique construite à Paris, par la Compagnie l’Alliance, qui permet de produire l’électricité et un arc éclairant, sans aucune pile voltaïque, à l’aide des courants d’induction engendrés par le mouvement d’une machine à vapeur.

La machine magnéto-électrique qui sert à produire l’électricité éclairante, a été déjà décrite dans ce recueil.

Cet appareil a été construit, avons-nous dit, pour la première fois, par M. Nollet, professeur de physique à l’école militaire de Bruxelles, l’un des descendants du célèbre abbé Nollet, qui a tant contribué, pendant le dernier siècle, aux progrès de l’électricité. Devenue la propriété de la Compagnie l’Alliance, cette machine a été perfectionnée par M. Joseph Van Malderen, ancien aide du professeur Nollet, et elle répond aujourd’hui si bien à son objet, qu’on peut la regarder comme la solution du problème de la production industrielle des courants électriques sans piles. La machine proprement dite engendre le courant ; une lampe électrique, dans laquelle le régulateur de M. Serrin rend fixe la position relative de deux pointes de charbon, sert à la production de la lumière électrique, la plus vive des lumières artificielles, puisqu’elle peut aller jusqu’à représenter un quarantième de la lumière du soleil.

La machine magnéto-électrique qui fut employée à l’atelier central des Phares, se compose de cinquante-six aimants naturels très-puissants, disposés verticalement, sur les huit arêtes d’un prisme droit, à base octogonale. Entre deux groupes d’aimants sont toujours fixées des bobines, qui sont mises en mouvement par une machine à vapeur de la force de deux chevaux. Les aimants sont distribués de telle sorte, que les pôles voisins ou qui se regardent immédiatement dans le sens horizontal, comme dans le sens vertical, sont de noms contraires. Le nombre des bobines d’induction fixées sur chaque disque, est de seize, c’est-à-dire égal au nombre des pôles contenus dans chaque série verticale de faisceaux aimantés.

Lorsque, dans leur mouvement de rotation, les bobines s’approchent du pôle d’un aimant, il s’établit en elles un courant, qui se renverse lorsqu’elles s’éloignent du même pôle ; par conséquent, seize changements de direction correspondent à chaque révolution de l’axe central. Le maximum d’intensité s’obtient quand la machine exécute de 350 à 400 tours par minute, et dans ce cas, le courant s’intervertit près de 100 fois dans l’espace d’une seconde.

Les courants partiels de même nom se réunissent en un seul, et aboutissent à un conducteur commun, qui va tantôt à l’axe central de la machine, tantôt à un manchon métallique isolé de cet axe. On met, en outre, l’axe et le manchon en communication, par deux gros fils, avec deux tiges courtes et de gros diamètre appelées bornes, implantées sur le bâti en fonte, et auxquelles arrivent sans cesse les électricités de noms contraires engendrées par la machine. Ces deux bornes forment comme les deux pôles de la pile magnéto-électrique ; elles sont percées de trous dans lesquels s’engagent ou sont fixés, par des vis de pression, les gros fils conducteurs qui vont aboutir à la lampe électrique. Par le jeu de la machine, l’électricité qui arrive aux deux bornes est alternativement positive et négative, mais ce renversement continuel du courant, loin de nuire à l’effet qu’on se propose d’obtenir, a un avantage très-réel, celui d’égaliser l’usure des deux charbons entre lesquels jaillit la lumière [1].

Le régulateur de la lampe électrique sert à rapprocher les charbons l’un de l’autre, à mesure qu’ils se consument, sans leur per-

  1. Le lecteur est prié de se reporter à la page 722, du tome Ier de cet ouvrage, où nous avons déjà représenté cette machine.