Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 3.djvu/296

Cette page a été validée par deux contributeurs.

gers du fulmi-coton, plaçons les avantages qu’il présente.

Le fulmi-coton n’est aucunement altéré par l’eau. On peut l’abandonner longtemps à l’air humide, sans qu’il perde sensiblement de sa force explosive ; on peut le plonger dans l’eau et l’y laisser séjourner, on lui rend en le séchant ses qualités ordinaires. Ainsi, dans un cas d’incendie à bord d’un navire ou dans les bâtiments d’un arsenal, on pourrait noyer les poudres, et les retrouver ensuite avec leurs propriétés primitives.

Le pyroxyle n’attaque pas, ne salit pas les armes, qui, après quarante coups, sont aussi propres qu’auparavant ; il ne laisse point, comme on l’avait dit, les armes humides, par suite de la production d’eau qui accompagne sa combustion : la chaleur produite est si considérable, que tous les produits volatils sont chassés hors du canon.

Le coton-poudre brûle sans fumée et sans odeur. On a tiré parti de cette propriété sur plusieurs théâtres d’Allemagne, où l’on en fait usage pour les pièces à combat, à la grande satisfaction du public, des acteurs et surtout des chanteurs. Dans les armées, cette propriété du pyroxyle aurait à la fois des inconvénients et des avantages ; la fumée de la poudre ne masquant plus les hommes, la justesse du tir serait assurée, mais les batailles en deviendraient infiniment plus meurtrières. Les batailles navales deviendraient particulièrement terribles.

La fabrication du pyroxyle ne présente aucun danger. Les accidents qui ont été signalés dans les premiers temps de cette découverte, tenaient uniquement à ce que l’on desséchait la matière à l’aide de la chaleur. Or, comme il n’y a aucun avantage à sécher le coton-poudre en élevant sa température, on se contente aujourd’hui de le sécher dans un courant d’air, à la température ordinaire. Grâce à cette précaution bien simple, la préparation du pyroxyle est beaucoup moins dangereuse que celle de la poudre ordinaire.

Le pyroxyle présente, en outre, dans sa fabrication, l’avantage d’une rapidité excessive ; une semaine suffirait pour approvisionner de munitions une armée de 100 000 hommes.

Quant au prix de revient, le fulmi-coton pourrait s’obtenir à un prix qui n’est pas extrêmement supérieur à celui de la poudre ordinaire. On pourrait le livrer, avec bénéfice pour le fabricant, à 9 francs le kilogramme. La poudre de guerre revient, dans les établissements de l’État, à 1 fr. 35 c. en moyenne le kilogramme (voir page 262) ; mais comme le pyroxyle produit, dans les armes un effet explosif triple de celui de la poudre, et que, par conséquent, pour obtenir un résultat donné, il faut employer trois fois moins de pyroxyle que de poudre, on voit que son prix de revient, pour produire le même effet qu’un kilogramme de poudre, serait seulement de 3 francs. Dans l’état actuel des choses, il y aurait donc une différence de 1 fr. 65 c. entre les deux matières, différence considérable sans doute, mais qui, probablement, à la suite d’une fabrication longue et régulière, finirait par s’effacer.

Le pyroxyle offre, sous le rapport de l’économie, des avantages incontestables pour les travaux des mines. MM. Combes et Flandin ont trouvé qu’il produit un effet cinq fois plus considérable que la poudre ordinaire des mines, dans le sautage de la plupart des roches. Il est certain, d’après ce résultat, que, lorsque le gouvernement voudra remplacer la poudre de mine par le pyroxyle, il pourra réaliser une importante économie.

L’emploi de la poudre-coton dans les mines, parut d’abord présenter un inconvénient particulier : sa combustion s’accompagne de la formation de gaz oxyde de carbone, et la présence de ce gaz est doublement fâcheuse, en ce qu’il est vénéneux et inflammable. Mais M. Combes a trouvé qu’en ajoutant au pyroxyle 8 à 10 pour 100 de salpêtre, on s’oppose à la production du gaz oxyde de carbone, qui se trouve brûlé par l’oxygène du salpêtre,