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des tonnes de bois tout à fait semblables à celles qui servent au lissage des poudres de guerre. Enfin elles sont séchées et époussetées.

La poudre de chasse super fine est faite avec le poussier de la poudre fine, qu’on triture de nouveau pendant six heures, dans les mélangeoirs. Le grenage en est fait à une perce plus petite.

Le charbon de la poudre extra-fine est exclusivement du charbon roux, très-hydrogéné, et donnant une poudre presque fulminante, à laquelle les armes de luxe résistent pourtant très-bien. Les manipulations pour cette poudre sont encore plus longues et plus répétées que pour les précédentes. Son grain est d’une ténuité extrême et sa couleur tire sur le roux.

À la poudrerie du Bouchet on fabrique des poudres de chasse, qui sont comparables, pour la qualité, aux meilleures poudres d’Angleterre, en triturant et en mélangeant les éléments au laminoir. Mais cette opération présente des dangers, vu la chaleur qui peut résulter de la pression du laminoir.

Les poudres de chasse sont destinées en grande partie à l’administration des contributions indirectes, qui les vend au public.

La poudre de chasse fine est renfermée dans des boîtes de fer-blanc, couleur olive, et livrée aux débitants, par caisses de 25 kilogrammes. Chaque caisse contient :

10 boîtes de          5 hectog. = 5 kilog.
50 de          2 = 10
100 de          1 = 10
160
contenant 
25

La boîte de poudre super fine est contenue dans des caisses de couleur brune avec un filet doré.

La boîte de poudre extra-fine est placée dans des caisses noires et ornées, sur les quatre faces principales, d’un double filet doré. Les caisses de poudre extra-fine ne contiennent que 80 boîtes, savoir :

30 boîtes de          5 hectog. = 15 kilog.
50 de          2 = 10

En tout, pour chaque caisse, 25 kilogrammes d’une poudre, éminemment explosive, qui ne laisse pas de faire courir certains dangers aux débitants.

Terminons cet exposé en parlant de la préparation de la poudre de mine.

La poudre de mine se distingue facilement des autres poudres par la grosseur et la sphéricité de ses grains. Le charbon qu’on emploie à sa fabrication, provient des bois blancs de peuplier, d’aune et de tremble.

La trituration et le mélange des éléments se font comme pour les autres poudres. Le grenage s’opère à une perce plus large.

On arrondit les grains anguleux, tout simplement en les faisant tourner, pendant qu’ils sont humides, dans des tonnes de bois, avec des grains déjà arrondis. Dans cette opération, les angles des grains anguleux s’émoussent, les grains sphériques grossissent, et il se forme de tout petits grains ronds, nommés noyaux, qu’on sépare par un tamisage, pour les faire grossir dans une opération ultérieure.

Le lissage de la poudre de mine se fait en faisant tourner ensemble les grains ronds de même grosseur ; ils se durcissent et se polissent par leur frottement mutuel.

Le séchage, à cause de la grosseur des grains, ne peut être fait convenablement qu’au séchoir artificiel.

Les mineurs préfèrent la poudre de mine à grains ronds à la poudre anguleuse, parce qu’elle n’est point salissante et ne donne pas de poussier.

Les prix de revient de différentes espèces de poudres sont les suivants :

Poudre de mine 
1 fr. 10 à          1 fr. 20 le kil.
Poudre de guerre 
1 fr. 25 à          1 fr. 50
Poudre de chasse fine 
2 fr. 30 à          2 fr. 60
Poudres superfine et extra-fine 
3 fr. à          3 fr. 30

La direction des poudres les vend au prix de revient aux différents ministères.