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beaucoup de faveur aux machines à haute pression. Dans les machines de Maudslay, que l’on désigne aussi sous le nom de machines à bielle articulée, la tige du piston est maintenue en ligne droite par une traverse à articulation mobile roulant entre deux coulisses. Elles sont encore très-répandues aujourd’hui en Angleterre et en France, en raison de leur disposition aussi élégante que commode, par la faculté qu’elles donnent de marcher avec ou sans condenseur, et de graduer à volonté la détente. C’est sur ce modèle que sont construites un grand nombre de machines à haute pression fonctionnant aujourd’hui dans nos usines.

Après l’emploi général des machines à haute pression, le fait le plus important à signaler dans cet historique, c’est l’ensemble de perfectionnements vraiment extraordinaires qui fut apporté en 1830, aux pompes à feu du Cornouailles. Pendant que Wolf et ses successeurs modifiaient profondément la machine à balancier, en y introduisant la haute pression et la détente dans une large mesure, et pendant que les machines à haute pression commençaient à se répandre en Angleterre et sur le continent, les constructeurs du Cornouailles, et principalement Trevithick, s’occupaient à perfectionner la machine à simple effet de Watt, qui servait et qui sert encore, dans les mines du Cornouailles, à l’épuisement des eaux, et ils parvenaient, par une série d’inventions remarquables, et surtout grâce à l’emploi admirablement entendu de la détente, à la porter à un degré étonnant de perfection.

Les machines du Cornouailles sont à simple effet et à moyenne pression, c’est-à-dire à la pression de trois ou quatre atmosphères. Leurs dimensions sont colossales ; les cylindres ont de 2 à 3 mètres de diamètre, le piston une course de 3 à 4 mètres ; la détente s’y effectue sans l’emploi d’aucun cylindre additionnel, et elle s’y trouve portée néanmoins jusqu’à dix fois le volume de vapeur introduite à chaque oscillation. La soupape à double recouvrement, imaginée par les constructeurs du Cornouailles, permet d’ouvrir à la vapeur de larges orifices, et n’exige, pour être manœuvrée, qu’un très-faible effort. C’est par la réunion de ces divers perfectionnements que l’on est parvenu, dans les machines du Cornouailles, à faire descendre la consommation du charbon à 1 kilogramme par heure et par force de cheval. Ce résultat extraordinaire, des rapports fréquemment publiés sur le produit de ces machines, des expériences faites à ce sujet sur une échelle considérable, ont donné aux machines du Cornouailles une réputation immense et d’ailleurs méritée.

La figure 56 représente l’ensemble de l’une des machines du Cornouailles. A est le cylindre où la vapeur, agissant à simple effet, met en action le piston. Le tuyau H sert à mettre alternativement en communication la partie supérieure et l’inférieure du corps de pompe, pour donner accès à la vapeur, tantôt au-dessous, tantôt au-dessus du piston, tantôt enfin avec le condenseur, ainsi que nous l’avons expliqué en donnant la théorie de la machine à simple effet de Watt (voyez page 86). Une longue tige GG, liée au balancier, et que l’on nomme la poutrelle, sert à manœuvrer les soupapes hydrauliques qui servent à régler l’admission de la vapeur dans l’intérieur du cylindre. On voit, en P, ce régulateur hydraulique. K est le condenseur ; il consiste en une capacité fermée, placée au milieu d’une bâche contenant de l’eau froide, qui pénètre continuellement dans le condenseur par un jet. L est la pompe à air qui sert à retirer constamment l’eau qui s’accumule dans le condenseur. M est la pompe destinée à l’alimentation de la chaudière, c’est-à-dire au remplacement continuel de l’eau qui s’évapore dans le générateur.

Les machines du Cornouailles présentent dans leur mécanisme plusieurs particularités secondaires d’un grand intérêt, mais que nous passons ici sous silence, nous bornant à donner une vue d’ensemble de ce puissant appareil.