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de nos jours le nom de machine à simple effet.

Fig. 43. — Cylindre à vapeur de la machine à simple effet.

Le cylindre B est fermé à sa partie supérieure, par un couvercle métallique percé d’une ouverture garnie d’étoupes grasses et bien pressées, de manière à laisser librement monter et descendre la tige d’un piston A, en interceptant tout passage à la vapeur et à l’air extérieur. La vapeur arrive de la chaudière par un large tuyau E et s’introduit dans le haut du cylindre par l’ouverture C, lorsque la soupape d’admission G est ouverte et la soupape d’équilibre H fermée. Elle exerce alors sa pression sur la face supérieure du piston et le fait descendre jusqu’au bas de sa course. Pendant ce temps, la soupape d’exhaustion K est également ouverte ; elle permet à la vapeur qui s’était précédemment introduite au-dessous du piston, de s’écouler par le tube F dans le condenseur, où elle se liquéfie en produisant le vide. Rien ne s’oppose donc à l’abaissement du piston A, qui est chassé par la vapeur de haut en bas. Au moment où il arrive au bas du corps de pompe, on ferme les soupapes G et K et l’on ouvre la soupape d’équilibre H. Par ce moyen, on met en communication le haut et le bas du cylindre, et la vapeur qui en remplit la partie supérieure, se rend, par le tuyau HK et par l’ouverture D, dans la partie inférieure du cylindre. Le piston, qui tout à l’heure ne se trouvait pressé que par sa face supérieure, se trouve maintenant soumis sur ses deux faces, à des pressions égales et peut se mouvoir librement. Il remonte donc sans difficulté sous l’action de la tige de pompe, lestée d’un poids, qui se trouve suspendue à l’autre extrémité du balancier, comme dans la machine de Newcomen. Le piston revient ainsi jusqu’au haut de sa course.

On comprend que si l’on ouvre maintenant les deux soupapes G et K et qu’on ferme la soupape intermédiaire H, de manière à ne permettre à la vapeur que d’arriver à la partie supérieure du cylindre, tandis que la soupape K, ouverte, laisse écouler la vapeur dans le condenseur, la force élastique de la vapeur doit précipiter de nouveau le piston à la partie inférieure du corps de pompe. Si alors on fait de nouveau communiquer entre elles les capacités supérieure et inférieure du corps de pompe par l’action de la même cause, le même effet recommence, le piston remonte pour s’abaisser de nouveau, etc.

Ainsi le simple jeu de ces trois soupapes provoque le mouvement continu de la tige du piston.

Par ce nouvel et ingénieux emploi de la force élastique de la vapeur d’eau, Watt créa, on peut le dire, la véritable machine à vapeur. La machine de Newcomen ne méritait, à proprement parler, que le nom de machine atmosphérique ; car la pesanteur de l’air était le seul élément auquel sa force fût empruntée. Pour la première fois on tirait la puissance motrice de la seule force élastique de la vapeur.

Les expériences multipliées auxquelles il devait se livrer pour arriver à de si importants résultats, Watt les exécutait dans un modeste atelier installé au rez-de-chaussée de sa maison, avec le secours d’un petit nombre d’ouvriers, confidents discrets de ses espérances et