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période d’excitation maniaque de la folie circulaire qui présentent des idées de satisfaction et de grandeur, très analogues à celles que l’on observe dans la première période de la paralysie générale. Dans ces cas assez fréquents, l’erreur de diagnostic est d’autant plus difficile à éviter que, chez quelques-uns de ces aliénés atteints de folie circulaire, on constate, comme dans la paralysie générale, des symptômes physiques de nature congestive et même un léger embarras momentané de la parole, qui peut prêter à la confusion et induire le médecin en erreur.

De plus, on a observé, depuis quelques années, un certain nombre de cas de paralysie générale, de forme circulaire[1], c’est-à-dire présentant, dans leurs premières périodes, des phases alternatives de dépression et d’excitation qui peuvent simuler, à s’y méprendre pendant quelque temps, de véritables accès de folie circulaire. Dans tous ces cas difficiles, le diagnostic scientifique ne peut être établi que par l’étude attentive de la marche générale de la maladie, depuis son début jusqu’au moment où l’on observe le malade et par l’ensemble des symptômes de la paralysie générale, opposés à ceux qui caractérisent la folie circulaire. Cependant, il est deux caractères symptomatiques qui, en dehors de l’évolution de la maladie, peuvent être très utiles pour établir ce diagnostic. Le premier de ces caractères repose sur ce fait général que, dans la période d’expansion avec satisfaction de la paralysie générale, malgré la conservation apparente d’une grande activité intellectuelle, il existe toujours des lacunes énormes de mémoire et des traces évidentes de démence commençante, qui n’échappent pas à un observateur attentif et que l’on ne rencontre pas chez les circulaires, même en état de très grande agitation maniaque, et que les idées délirantes des paralytiques sont plus absurdes, plus nombreuses, plus mobiles et plus contradictoires que celles des circulaires, même les plus désordonnés[2].

Enfin, le second caractère distinctif, qui sans être constant, est cependant très général, entre l’excitation des circulaires et celle des paralytiques, c’est que ces derniers sont le plus souvent bienveillants, généreux et disposés à faire partager à tous leur bon-

  1. Voir Favre, Ann. médico-psych. 1877.
  2. Voir plus haut p. 97 les caractères du délire des aliénés paralytiques.