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tournant les manches un peu de ce côté, celui du limon droit porte contre la selle de bois en d, & ne peut pas donner contre les plantes ni les déchirer.

Des navets conservés pour la graine, ont été labourés de cette manière, quoiqu'on eut cru impossible qu'une charrue & des chevaux marchassent entre les rangs sans les détruire. On peut donner au froment le dernier labour à peu près de la même manière.

Quand nous faisons un sillon en dehors du rang (qui est alors toujours à la gauche de la charrue) elle doit être mise dans une situation différente & contraire : mais les plantes étant alors pour l'ordinaire basses, il n'y a point de danger que le palonier ou les limons les accrochent ; celui qui fait marcher les chevaux, doit prendre garde de ne pas marcher dessus, & que les chevaux ne le fassent pas non plus.

C'est dans cette dernière manière de labourer, quand on s'approche de fort près des jeunes plantes la première ou la seconde fois, qu’on doit prendre garde de ne pas les couvrir avec la terre, qui est sujette à passer à la gauche de la charrue, surtout quand elle est sèche & fine. On peut empêcher cela en grande partie, quand la terre est nette, en attachant avec trois, ou quatre dans un morceau quarré & mince d'une planche à la tablette, & un autre en bas sur le derrière du coutre à son côté gauche. Son bout de devant est attaché au coutre avec une languette de cuir, qui passe par un trou fort près du bout de la planche. Si ce n'est dans ce cas, nous ne faisons jamais usage de planche, étant souvent avantageux dans le labourage que la terre passe à la gauche ; car par-là il y a plus de surface de la terre changée, que si elle tomboit toute à la droite ; & quand on laboure en été auprès des rangs de froment sans s'approcher de fort près des plantes, cette terre qui passe par-dessus le soc & tombe à la gauche, aide à réparer les endroits où le sillon n'avoit pas été jetté assez près du rang dans le labour précédent.

On tourne la première fois le sillon vers le rang, les chevaux marchent dans la tranchée qui est auprès, & la charrue commune pour jetter en bas la côte ou le sillon qui a été de cette raie, tiennent la charrue dans une grande justesse, & font qu’elle fend la raie en deux moitiés, que la planche qui est ajustée pour cela, jette contre les rangs des deux côtés de l'intervalle.

Souvent nous nous servons aussi de la charrue à deux roues pour élever les sillons sur lesquels nous semons les rangs avec les semoirs ; ce n'est


pas que la charrue lègère ne fasse tout ce qui est nécessaire à notre labourage : mais le poids des charrues ordinaires fait qu'elles marchent plus fermes ; d'ailleurs le laboureur y étant plus accoutumé, les préfère à toutes les autres dans les endroits où leurs roues ne font point de tort.

Cependant on ne voit point de raies mieux faites que celles qui le sont avec la charrue légère, ni un plus beau labour ; & je crois que si on la faisoit plus forte & plus pesante, on pourroit s'en servir dans des terres glaises & bourbeuses où les roues des charrues ne peuvent pas marcher.

Un laboureur doit être guidé par ses yeux, par son tact, & par sa raison, pour la manière de placer la charrue : mais il ne peut pas le faire sans un nombre suffisant de trous. J'ai entendu dire que quelques-uns de ceux qui se mêlent de faire des charrues légères, ont attaché la flèche à la planche, de manière qu'elle étoit immobile ; par-là elle devient inutile pour labourer entre les rangs.

On se sert d'un joug pour chaque bœuf qui tire à la file, comme ils doivent toujours tirer quand ils travaillent avec la charrue légère ; quand ils sont accoutumés à tirer deux à deux, c'est-à-dire, deux de front, on doit les exercer pendant une semaine à tirer seuls, avant qu'on se serve d'eux pour le labour, sans quoi ils sont capables de détruire les rangs, l'un prenant à la droite dans l’attente que son compagnon viendra se mettre à sa gauche, & l'autre à la gauche pour faire place à son compagnon pour qu'il se mette à la droite pour marcher de front avec lui, tâchant ainsi de marcher deux à deux comme ils étoient accoutumés d'être placés.

Je pense qu'il n'est pas nécessaire d'avertir qu'il faut emmuseler les bœufs quand ils labourent ; on en sent assez la nécessité, à cause qu'ils mangent les plantes dès qu'elles sont à un pouce de terre : mais il n'est pas nécessaire d'emmuseler les chevaux, jusqu'à ce que les plantes soient assez hautes pour leur venir jusqu'au nez, quand ils sont bridés.

charrue de Norfolk. Plusieurs agriculteurs d'Angleterre, & qui y jouissent d'une grande réputation, vantent les avantages de la charrue particulière à la province de Norfolk ; en voici la description & la figure telles que les publie la feuille du cultivateur.

Nous avons représenté dans la pl. XXXVIII, fig. 3, la charrue employée dans le comté de Norfolk en Angleterre, parce que l’agriculture est très-perfectionnée dans cette province, & que cet instrument, présente plusieurs avantages


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