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Arbre de tige, est celui dont la tige est élevée, autour de laquelle il étend ses branches horisontalement, s'il est en plein vent, & sur les côtés seulement, s'il est en espalier.

Arbre à basse tige, ou nain, est celui dont on réduit la tige par la taille à six ou huit pouces de haut, & dont la greffe est près de terre. On ne la laisse point monter, mais seulement s'étendre, soit autour de la tige, soit sur les côtés. On distingue deux sortes d'arbres nains ; les uns qu'on dresse en éventail ou contrespalier ; les autres qu'on forme en buisson.

Arbre de demi-tige ; arbre dont la tige est ordinairement conduite à trois ou quatre pieds, tant en plein vent qu'en espalier.

ARBRISSEAU ; petit arbre qui au lieu d'une tige en produit plusieurs presque au sortir de terre, formant souvent un buisson. Tels sont les noisetiers, groseillers, sureaux, lauriers, l'if, &c.

ARBUSTE ; c'est un petit arbre moindre que l'arbrisseau, formant une sorte de buisson dont les branches sont vivaces. Tels le rosier, le romarin, le jasmin, le houx, le genévrier, le chèvrefeuille, &c.

AREAU. Dans certains cantons, on désigne par ce mot une charrue. (Voyez Charrue.)

ARGILLE, ou terre argilleuse ; c'est une terre grasse qui se sèche & se durcit à l'air, & qui se délaie & se met en bouillie à l'humidité. On peut tirer avantage des terres argilleuses, en les tournant & retournant par un labour fréquent, les mettant en miettes ; mais principalement par les engrais propres à alléger ; savoir, fumier de cheval, crottin de mouton bien consommé, fiente de pigeon également consommée, & employés l'un & l'autre modérément ; enfin, avec bonnes terres mobiles & sableuses, terreau de gazons, de feuilles, & tout ce qui convient pour alléger & ameublir.

ARRACHER ; c'est tirer de terre avec force une plante qui est morte, ou des herbes qui sont nuisibles ; mais on n'arrache point, on lève dans la pépinière un arbre, ainsi que des arbustes & des plantes qu'on veut transplanter.

ARRET ; c'est l'obstacle que le jardinier oppose aux eaux pour les rejetter des deux côtés d'une allée. On fait les arrêts avec du gazon, ou avec de petites planches mises en travers, ou excèdent de deux pouces sa superficie.

ARRETER ; c'est, dans le jardinage, empêcher ou modérer le progrès de la crue d'une plante. Pour arrêter, soit un arbre, soit une


palissade, on les coupe à une certaine hauteur ; ce qui les empêche de s'emporter. Ainsi on arrête les melons, les concombres, lorsque leurs bras s'allongent trop, on les racourcit & qu'on les taille pour faire pousser de leurs aisselles des membres fructueux.

On arrête encore la vigne & certains bourgeons, lorsque par nécessité on les taille. Nous disons par nécessité, parce qu'on ne doit point rogner, casser, pincer, arrêter par les bouts aucuns bourgeons, & qu'il faut au contraire les laisser croître de toute leur longueur. Si les jardiniers, dit Roger Scabol, faisoient attention au préjudice qu'ils causent aux arbres & aux plantes en les arrêtant de la sorte, ils s'en garderoient bien ; mais c'est plutôt fait de couper que d'attacher. On coupe 200 bourgeons pendant le tems qu'on met à en attacher une douzaine.

ARROSEMENT. Action d'arroser. Son objet est d'humecter la terre, d'en augmenter les sucs, de réparer les pertes occasionnées par la transpiration, de rafraîchir les plantes, & de laver leur superficie, pour désobstruer les organes qui doivent livrer passage à l'air. Mais il faut faire attention que les arrosemens faits à contre-tems, font périr beaucoup de végétaux lors de la germination, quand l'ardeur du soleil les épuise ou que les vents du Nord les dessèchent. En général, les arrosemens du soir sont préférables à eaux du matin ; ils sont pour les végétaux ce que la boisson est pour les animaux.

La terre étant sèche de sa nature, a besoin d'arrosemens, et plus encore quand le soleil réchauffe outre mesure.

Le meilleur arrosement qu'elle reçoit, est celui de la pluie, qui tombe admirablement pour cet effet & d'une façon inimitable, & par une si douce chute, que la terre se sent plutôt soulevée qu'affaissée de sa pesanteur, s'en abreuvant peu à peu, quand les vents & les orages ne forcent point la pluie, & ne la chassent point trop violemment. Ceux-ci affaissant la terre, & la détrempant plus qu'il n'est besoin, émeuvent de sa place celle qui est la plus préparée pour la production, ils détournent & empêchent les dispositions qu'elle y a, & quelquefois les choses bien avancées sont détruites par ces bouleversemens, les plantes arrachées, & la terre même emportée par les ravines qui coulent dans les fonds. La neige aussi n'affaisse point la terre en tombant, quelque épaisse qu'elle soit, & elle lui sert d'un excellent arrosement : venant à se fondre peu à peu, elle l’abreuve & l'engraisse ; & quand par son épaisseur elle la couvre long-tems, elle ôte le moyen aux oiseaux et aux autres animaux de


manger