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ARA ARB 7

La grande oreille ouvre de larges sillons, & déplace de grands volumes de terre. La mousse seroit très-utile pour renverser le chaume ; mais on se sert trop peu de cet instrument : on est même obligé de le quitter quand il s'agit de labourer en dernier lieu sur le terrain semé. Alors on reprend le doublis simple, ou le fourcat, qui trace des sillons plus petits, plus & rapprochés, qui couvre suffisamment le grain, sans le trop enfouir. L'araire ordinaire, c'est-à-dire, le fourcat & le doublis, portent sur le dental deux petites oreilles contournées, qui s'agencent comme des coins, & de chaque côté, entre les liens de fer (tendilles) qui assujettissent le dental, est le soc, au-dessous de la cambette. On nomme ces oreilles par un terme expressif du pays ; ce sont les escampadouires qui rejettent la terre. Il est inutile de dire que c'est aussi par deux liens de fer que le dental à la mousse tient à la cambette ; le manche du soc passe au milieu d'elles.

Il est facile de s'appercevoir que l'équipage de ces deux machines, le fourcat & le doublis, est le plus simple possible. Je croirois, par cette raison, que notre charrue est une des plus anciennes ; mais il ne faudroit point en conclure, comme l'a fait un laboureur flamand, qu'elle est la plus mauvaise ; Telle sans doute, pourroit être l’espèce d'araire qu'il a décrite, & non celle-ci ; telle a pu être la charrue grecque, & celle qu'on suppose être usitée encore dans les provinces méridionales de la France. Mais si l'on compare ces araires avec celui dont on donne ici une simple description, on inférera qu'ils ne sont pas les mêmes : ils ont pu avoir une même origine, & le nôtre aura éprouvé des changemens qui l'auront perfectionné. Ce n'est pas qu'il n'eût encore ses défauts, selon la différence de lieux où l'on voudroit en faire usage. Il est tel pays où il ne seroit reçu que comme un instrument du jardinage. Si, au reste, on jugeoit nécessaire d'en rectifier quelque part le mécanisme, il faudroit le mettre toujours à la portée des connoissances & de l'adresse du laboureur, pour lui en faciliter le maniement.

Les avantages que présente notre araire sont sensibles.

1°. Il est applicable sur tous les plans possibles ; ce qui ne seroit pas praticable par les charrues montées sur des roues dont il faut souvent changer le diamètre.

2°. Il n'y a aucun changement à faire dans l’araire, dans quelque sens qu'on laboure ; ce qu'on est obligé de faire sur d'autres machines, pour le coûtre & pour l'oreille, à chaque tour de charrue.

3°. On peut fort bien, selon le besoin, at-


teler deux, trois, quatre & six bœufs, ou chevaux, soit au fourcat, soit au doublis, comme on le pratique dans quelques cantons. On peut avoir différens socs, selon qu'il les faut, courts ou alongés, larges ou épais.

4°. On peut incliner plus ou moins l'angle du manche avec le soc, selon la résistance de la terre & le frottement qu'éprouve le dental sans avoir à essuyer d'autre frottement & l’embarras des roues.

5°. En se servant du fourcat, l'animal qui le porte & le traîne, ne foule point la terre qui vient d'être labourée ; il marche droit sur le bord & en deçà du sillon qui vient d'être tracé, sans le déranger ; & le laboureur, en inclinant un peu le manche de l’araire en dehors, c'est-à-dire, du côté où marche l'animal, fait que le sillon s'ouvre tout de l'autre côté, sans être jamais recouvert de terre. (Voyez Charrue.)

ARATELER. Ce terme est quelquefois usité dans le jardinage comme synonyme de rateler, c'est-à-dire, se servir du râteau.

ARBRE. C'est une plante vivace qui a la consistance de bois dur, & qui tire son origine ou d'une graine, ou d'un noyau, ou d'une bouture, ou d'un rejetton ; qui croît dans de la terre, qui y fait des racines, qui n'a qu'un seul & principal tronc, élevant ses branches dans les airs, & les répandant autour de sa tige. Ses branches sont de trois sortes, grosses, moyennes & petites. Elles portent des yeux, des feuilles, des bourgeons, des fleurs & des fruits. Il y a des arbres sauvages qui viennent naturellement dans les forêts, & les arbres cultivés qui servent à former des avenues, des allées, & à garnir les jardins & les vergers. On distingue encore les arbres fruitiers : les uns portant des fruits à noyau, & les autres dont les fruits n'ont que des pépins. Ces arbres fruitiers ferment des tiges à plein vent, des basses-tiges, ou nains, des arbres en éventail & en buisson. Il en est enfin portant des fruits, d'autres ayant seulement des fleurs & des graines.

Arbre sur franc, se dit d'un arbre greffé, mais lequel est venu d'un pépin ou de quelque bouture de tout arbre fruitier, lesquels on greffe ; ou d'un arbre déjà greffé & qu'on greffe de nouveau.

Arbre sur coignassier ; c'est un arbre greffé sur une bouture de coignassier, ou sur un arbre venu d'un pépin de coing. Il n'y a que les poiriers qu'on greffe sur de tels sujets ; il faut les prendre avant trois ans.