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176 PRA PRÉ


POUDRETTE ; on a donné ce nom au terreau qui se forme au bout de deux, trois ou quatre années des vuidanges des matières fécales, dont on fait les décharges hors de Paris. Ce terreau alors ne sent plus rien du tout, mais il est fort chaud, & il le faut bien battre, & le mêler avec la terre ; si l’on le mettoit dessus, de même qu'on fait à l’égard du terreau ordinaire, ce terreau étant fort spiritueux, seroit bientôt évaporé, s'il étoit long-tems au grand air.

La poudrette ne convient qu'à certaines plantes, & aux terres froides, ainsi que la fiente des pigeons. La poudrette entre aussi dans la composition de la terre à orangers ; mais il faut qu'elle soit employée avec prudence.

POULIE ; machine employée à la campagne, comme ailleurs, à élever des fardeaux. La poulie est composée d'une roue, d'un goujon & d'une chape. La roue a quelque épaisseur : on pratique dans sa circonférence un canal qui reçoit la corde & qui est nommé gorge. Le goujon est une pièce qui traverse la roue dans le centre, & sur lequel elle tourne. La chape embrasse la roue, est aussi traversée par le goujon, & sert à suspendre la poulie.

POUPÉE ; (greffer en) on nomme ainsi toutes les greffes en fente, parce que pour rerenir ces greffes dans leur place, ainsi que pour empêcher que l’air ne les saisisse & ne les dessèche ; pour également empêcher que les pluies, les rosées, les brouillards n'entrent dans la fente, on applique dessus de la terre grasse avec de la mousse, qui sert à les entourer en détrempant le tout dans de l’eau avec du foin.

POUSSE ; c'est le nouveau jet d'un arbre. La première & la seconde pousses désignent les jets qu'ont produits les arbres à la sève du printems & à celle d'automne.

POUSSER ; on dit faire pousser les arbres, quand on excite la végétation, & qu'on obtient des progrès considérables à force de fumer les arbres, de les labourer, de les mouiller.

Pousser à l'eau les plantes, c'est les arroser abondamment pour qu'elles ne montent pas en graine, & pour les avoir plutôt & plus nourries.

PRATICIEN ; (jardinier) c'est un jardinier qui a acquis de l’expérience, & qui, ne donnant rien au hasard, opère conformément à des règles & suivant de bons principes. Tels sont la plupart des jardiniers praticiens de Montreuil pour la culture des arbres fruitiers.



PRÉ ou Prairie ; étendue de terre destinée à produire de l’herbe & d'autres végétaux pour la nourriture du bétail.

On nomme prés bas ceux qui, étant situés dans des fonds ou en plaine à peu de distance des eaux, sont fréquemment submergés, & habituellement humides. Leur herbe est moins estimée que celle des prés hauts, qui, n'étant point exposés aux inondations, donnent un herbage d'une finesse, d'une saveur & d'une odeur agréables que l’on ne trouve point dans les prés bas.

On nomme prés secs ceux situés dans un fonds gras où naturellement le foin vient en abondance, & beaucoup meilleur que dans les terrains qui ne produisent qu'à force d'être arrosés.

Les prés humides sont ceux qu'on voit dans des fonds où des ruisseaux les fertilisent par l’épanchement des eaux. La terre de ces prés est d'une nature légère & peu substantielle.

On distingue encore les prairies en naturelles & artificielles.

Les premières sont celles où l’herbe croît naturellement, les secondes sont fertiles autant qu'on les cultive & qu'on y sème de la luzerne, du trèfle, du sainfoin & autres herbes propres à la nourriture des animaux.

PRÉCOCE ; ce terme se dit des fleurs, des fruits & des légumes qui devancent en maturité les autres plantes de la même espèce.

PRENDRE ; on dit dans le jardinage qu'une plante prend racine & on dit qu'une greffe, une bouture ont repris ; on dit aussi qu'un fruit prend chair quand il commence à grossir. Il y a des plantes qui ne prennent pas dans toutes sortes de terres.

PRÉPARER ; c'est, dans le jardinage & la culture, disposer la terre par des labours & des engrais, à recevoir la semence & les plants qu'on lui destine. Une terre préparée, est celle dont on a fait un mélange avec différens engrais, pour les orangers & les fleurs.

PRESSOIR ; c'est une machine qui sert au vigneron-pour exprimer le jus du marc après que le raisin a été foulé & cuvé. (Voyez les pl. XXI & XXII).

Le pressoir est en général composé de la maye, nom du plancher, qui doit être immobile, & même soutenu par une maçonnerie. C'est sur ce plancher que l’on met le raisin qu'on veut presser. Autour de ce plancher est un rebord qui oppose un obstacle au jus du raisin, & le force à couler par une pente douce dans le vase destiné à le


recevoir.