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notes sur isabelle eberhardt

Elle était, de son vrai nom, Natalie-Dorothée-Charlotte d’Eberhardt.

Nous supposâmes qu’Isabelle viendrait là peut-être, et nous regardâmes la place réservée à côté de sa mère, quelques pouces de terrain en large et en long…

Vous souvenez-vous, mon cher ami, du cri d’admiration que nous poussâmes un jour vers vous, à son sujet ? Et lui en avez-vous transmis l’accent ? Oui, n’est-ce pas ? Comme nous l’aimions ! Comme nous souhaitions la connaître, partir avec elle pour le loin ! Quelle révolte fut la nôtre, est plus que jamais la nôtre, de renoncer à cet espoir charmant !

Comme dernier témoignage de notre admiration, de notre douleur, de notre deuil profond, comme unique fleur pour son tombeau, ma femme donnera son témoignage fraternel au Gil Blas, prochainement…

En vers admirables et en nobles phrases, Mme Lucie Delarue-Mardrus composa l’éloge funèbre d’Isabelle Eberhardt. Sans l’avoir jamais rencontrée, elle sut évoquer de la façon la plus haute celle qui fut en effet une belle figure de liberté.

Écoutons :

« Apôtre serein, admirable nihiliste, quoique seulement contemplative, écrivain français de race, excellent cavalier arabe, persécutée politique, belle jeune femme… Nous avions appris tout cela par des récits, dès Paris, et l’avions d’avance aimée à travers les paroles des autres, en attendant de la rencontrer quelque part, à l’un des quatre coins de l’Afrique, telle qu’elle nous avait été décrite : adolescent botté de rouge, enveloppé des blancheurs bédouines, cabré et souriant sur son grand cheval sauvage.

« Ceux qui l’ont connue sont frappés, si on peut dire, d’un malheur qui a un visage. Nous, nous continuons à errer dans l’invisible. Et cette douleur de l’avoir manquée