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SECONDE ARGUMENTATION.

ne voir que de prétendues identités, de prétendus analogues, qui, s’il y avait la moindre réalité, réduiraient la nature à une sorte d’esclavage, dans lequel heureusement son auteur est bien loin de l’avoir enchaînée, on n’entend plus rien aux êtres, ni en eux-mêmes ni dans leurs rapports ; le monde lui-même devient une énigme indéchiffrable.

« Je sais bien qu’il est plus commode pour un étudiant en histoire naturelle de croire que tout est un[1], que tout est analogue, que par un être on peut connaître tous les autres ; comme il est plus commode pour un étudiant en médecine de croire que toutes les maladies n’en font qu’une ou deux ; j’avoue même que l’erreur où l’on induirait le premier ne serait pas aussi funeste que l’autre, mais enfin ce serait une erreur ; on lui jetterait devant les yeux un voile qui lui cacherait la véritable nature, et le devoir des savans est au contraire de détourner cet obstacle à la connaissance de la vérité.

« Dans la seconde partie de ce Mémoire, que j’aurai l’honneur de lire incessamment à l’Académie, je traiterai de l’os hyoïde dans les grenouilles, dans les salamandres et dans les poissons, et je montrerai que c’est par des transpositions et des bascules encore plus étranges que celles des oiseaux, que l’on a cru pouvoir y retrouver des identités de nombres, qui, même en admettant toutes les suppositions, n’y seraient point encore.

  1. Le Discours préliminaire, en la page 27, a répondu à cette partie de l’argumentation.