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LES DÉVOTIONS DE Mme DE BETHZAMOOTH


bien mieux servi. Le zèle de Madame est très louable ; les parures du sexe, dit saint Augustin, sont les haillons du diable : pannos diaboli. Quant au soufflet (2) qu’a reçu cette femme de chambre, il est très bien appliqué ; c’est l’esprit de Dieu qui a passé par la main de Madame pour aller sur la joue de cette petite indévote. Comment s’appelle-t-elle… ? — Colombine. N’est-ce pas là un nom de comédie ou de quelque roman ? Je veux absolument qu’elle le quitte et qu’elle en prenne un qui soit chrétien. De toutes mes femmes, je n’aime que Mlle Daniel ; c’est un très bon sujet, elle est très dévote. Elle a d’ailleurs un talent admirable pour expliquer les songes d’une manière qui m’est toujours agréable.

Le maître d’hôtel interrompit ce colloque en annonçant que le souper était servi. M. de Saint-Ognon voulut se retirer, prétextant qu’il ne soupait pas. — Demeurez, je vous en prie, lui dit Mme de Bethzamooth ; vous me tiendrez compagnie. Nous parlerons de Dieu et de dévotion. Comme le froid est fort vif, je vais faire entrer la table ici.

Les ordres furent aussitôt donnés et, les laquais renvoyés : — Je les renvoie, dit-elle, afin que nous soyons plus libres dans nos