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LES DÉVOTIONS DE Mme DE BETHZAMOOTH

les opéras de Quinault, un crucifix et les comédies de Molière.

(2) Page 10. — Quant au soufflet. — Voici l’histoire morale du fameux soufflet que reçut le prophète Michée d’un de ses camarades. Josaphat, roi de Jérusalem, alla voir son confrère Achab, roi de Samarie. Celui-ci, soit qu’il voulût donner la comédie à son hôte, soit qu’il agît sérieusement, fit assembler dans la place publique quatre cents prophètes.

Leurs Majestés juives montèrent chacune sur un trône et les prophètes eurent ordre de faire leur métier, c’est-à-dire d’annoncer l’avenir. Chaque prophète disait tout ce qui lui passait par la tête ; car Dieu, à qui cette farce déplaît, leur mit en la bouche un esprit de mensonge. (Paralipomène, ch. 2.)

Sédécias attira l’affection des deux rois et de ses camarades prophétisant et mentant. C’était un prophète courtisan. Pour annoncer à Achab, son roi, qu’il battrait ses ennemis, il mit sur sa tête une belle paire de cornes de fer. La tête ornée de ce symbole de la force et de la terreur, il se promenait dans cette assemblée de quatre cents prophètes.

Le petit prophète Michée, qui avait été aussi invité à jouer son rôle dans cette comédie, s’avança à son tour, et ayant dit qu’il voyait Dieu dans le Ciel assis sur son trône, il ajouta que tous les prophètes étaient des menteurs.

Son camarade aux cornes de fer, Sédécias, à qui la grossièreté du compliment déplut, lui donna un soufflet et lui demanda ensuite gravement : « Par quel chemin l’esprit de Dieu a-t-il passé pour aller de moi à toi ? Per quam viam transivit spiritus Domini a mente loqueritur tibi ? »