philosophes à la protection de la Pompadour, protection beaucoup moins empressée, d’ailleurs, qu’on ne l’a prétendu. Toutefois, il est certain qu’en 1752, c’est en partie grâce à elle qu’on put continuer l’entreprise.
Le troisième volume parut en novembre 1753 avec une importante préface de d’Alembert ; on navigua, évitant les écueils avec une prudence qui exaspérait Voltaire, jusqu’à l’année 1757 et jusqu’au septième volume. À cette date, on ne comptait pas moins de 4 000 souscripteurs qui payaient chacun 280 livres pour les dix premiers volumes. Ainsi éditeurs et auteurs avaient sujet de se réjouir quand plusieurs orages fondirent de différents côtés sur l’Encyclopédie. Il y eut d’abord le fameux pamphlet contre les Cacouacs : c’est ainsi qu’un folliculaire anonyme trouvait spirituel d’appeler les Encyclopédistes dans une plate et inoffensive brochure dont nous dirons un mot ailleurs. Malheureusement, si Diderot pouvait se dire, ainsi que Voltaire, qu’il se chargeait de tels ennemis, il pouvait aussi, comme lui, prier Dieu qu’il le préservât de ses amis. Un Encyclopédiste, d’Alembert lui-même, poussé par Voltaire, avait fait paraître dans le septième volume (1757) ce malencontreux article Genève qui provoqua non seulement la terrible réplique de Jean-Jacques sur les Spectacles, mais encore les plus vives réclamations de la part des pasteurs genevois : ils repoussaient l’épithète de « Sociniens » qui pouvait être un éloge dans la bouche de d’Alembert, mais où ils ne voulaient voir qu’une grave injure[1]. Bientôt après (1758) un philosophe qui n’était pas, il est vrai, un collaborateur, mais un ami, aussi zélé que compromettant, des Encyclopédistes, Helvétius, publia son ouvrage de l’Esprit. Les philosophes eurent beau le critiquer ; l’auteur n’en eut pas moins l’air d’avoir dit le secret de tout le monde philosophique[2].