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NOTICE SUR L’HÔTEL DE CLUNY.

(Correspondance, t. 1er, p. 97), s’écriait-il dans son double désespoir : « Faut-il que ce Montagne[1] vienne ainsi m’enlever ma treizième comète ; » puis, se souvenant que c’était sa femme qu’il fallait pleurer, il se mettait à crier : « Ah ! cette pauvre femme ! » et il pleurait toujours sa comète.

Ce fut là aussi que, réduit par le régime de l’égalité à vivre de l’air des cieux, et ayant perdu à la fois, en 1793, « sa pension de l’Académie et le traitement de mille francs qu’il recevait de la marine, qui cessa en même temps de payer le loyer de son observatoire à l’hôtel Cluny, » il honora sa misère par sa résignation, sans que ses travaux en aient souffert. « Plusieurs fois, ajoute M. Delambre, nous l’avons vu le matin venir chez La Lande, pour y renouveler la provision d’huile qu’il avait consommée pour ses observations nocturnes. »

Ce fut là enfin que, remis dans une position convenable par les traitements de l’Institut, du Bureau des longitudes et de la Légion d’honneur, il termina, en avril 1817, une carrière tout honorable, dont nous renvoyons quelques particularités dans les notes (N).

La résidence, déjà célèbre, de La Lande et de Messier, veuve, par leur mort, d’habitudes scientifiques et de fréquentations illustres, aura du moins été dotée, par le séjour de ces savants, de nouvelles traditions assez intéressantes pour des souvenirs de fraîche date.


  1. Nom de l’astronome limousin coupable de ce vol.