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SUR L’HÔTEL DE CLUNY.

jour au-delà de 1584, à moins de supposer que ce fut un de ces abbés qui loua une partie de son hôtel aux comédiens qui, après y avoir établi une salle de spectacle, furent interdits et contraints, par arrêt du parlement, de cesser leurs représentations en octobre 1584, sous Henri III (L).

Une seule circonstance pourrait appuyer l’opinion contraire ; c’est celle du séjour forcé qu’y fit en 1565 le fameux cardinal de Lorraine[1], ancien abbé de Cluny, selon Moréri, lorsque, culbuté dans la rue St.-Denis par le choc des hommes d’armes du maréchal de Montmorency, il fut, avec son frère et son neveu, réduit à venir nuitamment chercher un refuge dans cet hôtel, après s’être soustrait aux premières recherches en se blottissant sous le lit d’une servante, dans l’arrière-boutique d’un épicier de la rue Trousse-Vache. Mais ce cardinal étant à cette époque et depuis l’âge de 15 ans archevêque de Reims, ce ne pouvait être comme abbé de Cluny qu’il choisit cet hôtel, qui

  1. Charles de Guise, second fils de Claude de Lorraine, oncle des Guise massacrés à Blois. Ambitieux et hautain, ayant exercé un pouvoir sans bornes sous François II, dont il fut ministre, et sous Charles IX, il voulut, à son retour du concile de Trente, entrer dans Paris avec une escorte, malgré l’ordonnance qui l’interdisait. Le maréchal de Montmorency, gouverneur de Paris, ennemi des Guise, saisit cette occasion de les humilier.

    Les Guisards ne séjournèrent pas long-temps dans l’hôtel, et le quittèrent également de nuit pour se retirer à Reims, où le cardinal mit à profit la leçon en s’occupant exclusivement du soin de son diocèse. (Voir Mémoires de Condé, de Thou et St.-Foix.)