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qu’ils n’aient pas du moins sous les yeux les tristes murs des maisons mitoyennes, et qu’ils puissent respirer le parfum de fleurs qui montera vers eux.

Indépendamment des établissements hospitaliers municipaux dont je viens de parler, il existe à Paris un hôpital qu’il serait d’autant plus injuste de ne pas mentionner qu’il est dû à l’initiative individuelle : c’est l’hôpital israélite de la rue Picpus. Il a été élevé en partie à l’aide des dons de cette famille Rothschild qui, par son inépuisable et grandiose bienfaisance, semble être une sorte d’assistance publique ; la communauté juive est intervenue aussi et a offert un certain nombre de lits, dont chacun porte le nom du donataire. L’établissement est vaste, forcément irrégulier à cause des constructions diverses qu’on a utilisées ou ajoutées après coup ; mais il est d’une propreté irréprochable, muni de beaux jardins, parfaitement outillé et divisé en trois sections distinctes : l’hôpital proprement dit, un hôpital exclusivement réservé aux enfants, et un asile pour les vieillards infirmes ; cette triple institution peut actuellement abriter 166 pensionnaires.

L’idée qui a déterminé la fondation de cette maison est très-simple. Les Israélites trouvaient dans nos hôpitaux les soins que leur état exigeait, mais ils y commettaient plus d’un péché involontaire, car ils étaient réduits à manger la nourriture commune. Or, à cet égard, les prescriptions des livres saints sont impératives. J’ai dit ailleurs[1] comment la viande sur pied doit être sacrifiée et non abattue ; de plus, pour se conformer à l’ordre réitéré aux chapitres xxiii et xxxiv de l’Exode, et xiv du Deutéronome : « Tu ne feras point cuire le chevreau au lait de sa mère, » — il faut préparer les aliments d’une façon toute spéciale. Beaucoup

  1. Tome II, chap. vii.