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le système du plein air appliqué aux opérations, et jusqu’à présent il a assez bien réussi pour qu’on ait décidé en principe de le généraliser et de l’établir à Necker, à Saint-Antoine et dans les autres hôpitaux où l’on trouvera un emplacement convenable.

L’emplacement, voilà en effet la grande, l’incessante difficulté contre laquelle on se heurte lorsqu’on veut construire quelque chose dans cet immense Paris où chaque parcelle de terrain vaut son pesant d’or. Il n’y a qu’à regarder le nouvel Hôtel-Dieu qu’en ce moment même on termine dans la Cité et qui pourra sans doute être inauguré en 1872[1]. Comme la place manquait en largeur, on l’a prise en hauteur ; la superposition tient lieu de superficie. Les étages sont tassés les uns sur les autres, et l’on est effrayé en pensant à la quantité de malades qu’on pourra engouffrer dans cette vaste caserne, qui à l’heure qu’il est coûte déjà 37 900 000 fr. Il est vraiment bien difficile de comprendre qu’à notre époque, après l’expérience acquise, après les théories formulées par la science, on ait pu penser à bâtir un hôpital dans un endroit assez resserré, pour ne comporter ni promenades, ni jardins, ni préaux convenables et dans un milieu tel qu’il se trouve avoisiné, sinon dominé, par des monuments comme Notre-Dame, la caserne des gardes de Paris, le Tribunal de Commerce et le Palais de Justice.

L’architecte a tiré bon parti de 21 000 mètres superficiels qu’on lui a livrés ; il a sagement divisé la construction intérieure, il a appliqué partout autant que

  1. Non-seulement le nouvel Hôtel-Dieu n’a pas été inauguré en 1872, mais il a même été quelque peu question de le démolir tout à fait. On s’est arrêté, dit-on, à un parti moins radical et l’on se contentera de raser l’étage supérieur. On ferait bien mieux de conserver celui-ci, car on éviterait une dépense d’un ou de deux millions de main-d’œuvre et l’on aurait de vastes greniers toujours fort utiles dans de pareils établissements. Voir Pièces justificatives, 4.