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disparaître, on peut voir combien le système des agrandissements successifs et des adjonctions est déplorable. Le corps principal s’étend sur le parvis Notre-Dame ; pour le faire communiquer avec l’annexe du bureau central, on a creusé un tunnel qui passe sous la place, et pour le mettre en rapport avec le corps de logis situé sur le quai de Montebello, on a construit le pont Saint-Charles, pont couvert en bois, qu’une allumette mettrait en feu ; or ces deux couloirs formés par le pont et par le tunnel dégagent un courant d’air permanent tellement insupportable qu’on est forcé d’y tenir constamment allumé, en toute saison, un calorifère dont les tuyaux, serpentant le long des murailles, donnent un peu de chaleur à cette glaciale atmosphère. De plus, pour se rendre du bureau d’admission aux bâtiments assis de l’autre côté de l’eau, à la salle d’accouchement par exemple, il faut gravir cent soixante-quatorze marches.

Quelques salles, malgré des dimensions considérables, sont trop peuplées ; celle de Sainte-Marthe, qui a pris la place de la salle du Légat, détruite en 1772, et que le cardinal Duprat avait fait élever dans le seizième siècle[1], a trois rangées de lits ; avant l’incendie, elle renfermait cent couchettes, aujourd’hui elle en contient encore quatre-vingt-huit. Les salles du nouvel Hôtel-Dieu, que l’on termine en ce moment, n’auront au

  1. « Au dict an 1532, commença à croistre l’hostel Dieu de Paris, par Monsieur le chancelier de France, maistre Anthoine du Prat, qui le fist faire de ses deniers et à ses dépens. Et pour ce faire il achepta trois ou quatre maisons qui estoient jusques au coing, pour faire l’accroissement, et y donna deux cens lits garnis de boys et de linge. » (Journal d’un bourgeois de Paris sous le règne de François Premier, p. 429.) Antérieurement à cette époque l’insuffisance de l’Hôtel-Dieu était déjà reconnue, car il y eut une tentative vaine pour élever une succursale sur les bords de la Seine, dans les terrains qui fort probablement appartenaient à l’abbaye de Saint-Germain des Prés, ou tout au moins qui en relevaient. C’est à cette cause sans doute qu’il faut attribuer l’avortement du projet. ( Voir Pièces justificatives, 3).