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31 JANVIER 1880.

10.

M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères à M. de Ring, Agent diplomatique et Consul général de France au Caire.

T.
Paris, le 30 janvier 1880, 2 heures soir.

Je viens de lire votre dépêche du 19 janvier, n° 15[1]. Nous ne désirons certainement pas que l’action de l’Angleterre en Égypte se traduise par une mainmise sur les grands services d’intérêt public ou par la concession à des nationaux anglais d’avantages qui rompraient au détriment de la France l’équilibre d’influence que nous nous efforçons de maintenir. Nous ne saurions donc voir avec faveur l’exploitation des chemins de fer et la navigation du haut Nil passer entre des mains exclusivement anglaises, et vous devez vous efforcer d’écarter une combinaison semblable ou du moins d’obtenir qu’elle soit accompagnée de garanties ou de compensations de nature à nous désintéresser. Toutefois, je vous prie de ne pas perdre de vue l’intérêt supérieur qui s’attache à ce que rien n’altère notre bonne entente avec l’Angleterre dans les questions de politique générale relatives à l’Égypte.

11.

M. de Moüy, Chargé d’affaires de France à Vienne à M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères.

D. n° 14.
Vienne, le 31 janvier 1880.
(Reçu : Cabinet, 4 février ; Dir. pol., 6 février).

J’ai été reçu hier en dernière audience par le Ministre des Affaires étrangères. Notre entretien, auquel le baron de Haymerlé a donné un caractère particulièrement affectueux et confidentiel, a parcouru les différents objets de la politique de l’Autriche-Hongrie. Le Ministre m’a dit d’abord qu’il désirait insister sur le sens de l’entente austro-allemande et m’assurer encore qu’elle

  1. M. de Ring avait annoncé à M. de Freycinet le 19 janvier (D. n° 15) un voyage du duc de Sutherland en Égypte. Le but de ce déplacement était d’ « obtenir au profit d’une Compagnie soi-disant mixte, mais en réalité anglaise, l’exploitation des chemins de fer égyptiens et la concession privilégiée d’une ligne de bateaux à vapeur entre Siout et Assouan ».