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8.
15 JANVIER 1880.

7.

M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères à l’Amiral Pothau, Ambassadeur de France à Londres.

D. n° 8.
Rome, 15 janvier 1880.

M. l’Amiral, votre dépêche confidentielle du 12 de ce mois me rend compte du premier entretien que vous avez eu avec le marquis de Salisbury après votre retour à Londres. Parmi les questions que vous avez abordées, celle qui présente l’intérêt le plus immédiat pour nous est assurément l’affaire des frontières grecques, et vous avez répondu de tout point aux intentions du Gouvernement en pressant le Principal Secrétaire d’État de la Reine de vous faire connaître le plus tôt possible la manière de voir du Cabinet de Londres sur le projet de transaction suggéré par la France[1]. Toutes les autres Puissances signataires du traité de Berlin ont émis un avis favorable à cette combinaison ; mais la réussite n’en saurait être assurée tant que l’Angleterre se maintient dans la réserve.

Lord Salisbury, tout en disant qu’il n’était pas encore prêt à formuler une réponse, vous a fait entendre quelques observations d’où il est sans doute permis de préjuger dans une certaine mesure des sentiments du Gouvernement britannique. Sur le fond même de notre proposition, il a objecté qu’elle attribuait à la Grèce une portion de territoire trop considérable du côté de la Thessalie. Quant à la forme sous laquelle elle devrait être présentée aux deux parties intéressées, il a exprimé l’opinion qu’il conviendrait de la leur soumettre à titre de simple conseil, et qu’il était désirable que les Puissances s’abstinssent de toute action collective pouvant entraîner des mesures de coercition matérielle.

[Arguments de M. Waddington repris par M. de Freycinet pour soutenir le projet rationnel de démarcation proposé par la France. Le Ministre désire une intervention décisive des Puissances, mais purement morale et exclusive de toute action matérielle.]

  1. Voir ci-dessus n° 3.