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4.
9 JANVIER 1880.

Or, il paraissait bien difficile, au point où en sont venues les choses, et après l’échec successif de tant de projets hellènes et ottomans, qu’il pût encore surgir une proposition nouvelle aussi satisfaisante pour les deux pays limitrophes, et aussi acceptable pour toutes les Puissances que la transaction présentée par M. Waddington.

M. l’Ambassadeur d’Angleterre m’a promis de rendre compte de notre entretien à son Gouvernement.

J’ai invité d’autre part M. l’amiral Pothuau à insister auprès de Lord Salisbury afin d’obtenir une réponse, et nous ne saurions maintenant tarder beaucoup à la recevoir.

4.

M. de Noailles, Ambassadeur de France à Rome, à M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères.

D. n° 8.
Rome, 9 janvier 1880.

Les journaux italiens annoncent que deux bâtiments de la Compagnie Rubattino ont jeté l’ancre dans la baie d’Assab, sur la côte sud occidentale de la mer Rouge, au nord de la côte des Somalis, dans l’Erythrée actuelle, et en ont pris possession. J’ai déjà eu l’occasion d’adresser au Département quelques renseignements relatifs à cette expédition. J’ai su depuis, et d’une manière positive que le Gouvernement italien l’avait préparée de longue main et qu’il y attachait une grande importance. Le mot d’ordre avait été donné à tous les journaux de garder le silence à ce sujet. C’est par une indiscrétion du Popolo Romano que l’on a su, au mois de novembre dernier, qu’une expédition allait partir prochainement pour Assab.

À cette occasion, je dois signaler à Votre Excellence les articles assez nombreux parus dans les journaux italiens sur l’Egypte et sur Tunis. C’est le journal de M. Crispi, la Riforma, qui se montre le plus ardent. On dirait que l’Italie a, sur toute l’Afrique, des droits imprescriptibles, et que c’est lui faire tort, presque l’offenser, que de ne pas s’y effacer partout devant elle. C’est ainsi que l’Italie voit d’un œil jaloux les efforts que nous avons faits pour sauver d’une catastrophe imminente les finances égyptiennes[1] et empêcher que la banqueroute ne livre l’Egypte en proie à ceux qui la convoitent. Elle voit aussi de mauvais œil que la France, justement soucieuse des intérêts spéciaux que lui crée le voisinage de l’Algérie et de la Tunisie, cherche à développer son influence dans la Régence et tienne à ce que cette influence reste toujours

  1. Voir t. II, 1re série, nos 326, 353, 451, 452.