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l’âge de consistence ; la dysurie aux vieillards. Il y en a de particulieres aux différens sexes, aux différens tempéramens, comme l’histéricité aux femmes, la manie aux personnes sanguines & bilieuses. Il y en a d’affectées à différentes professions, comme la colique aux plombiers, d’autres au pays qu’on habite, comme la fievre quarte dans les contrées marécageuses, &c.

Enfin on distingue encore les maladies, selon les Sthaaliens (qui sont aussi appellés animistes, naturistes), en actives & en passives. Les premieres sont celles dont les symptômes dépendent de la nature, c’est-à-dire de la puissance motrice, de la force vitale, de l’action des organes, comme l’hémophtysie, qui survient à la pléthore, & toutes les évacuations critiques. Voyez Nature, Crise. Les dernieres sont celles que produisent des causes externes, contre la disposition de la nature, sans concours de la puissance qui régit l’économie animale ; comme l’hémorragie à la suite d’une blessure, l’apoplexie, par l’effet de la fracture du crâne ; la paralysie, par la compression que fait une tumeur sur les nerfs : la diarrhée, la sueur colliquative par l’effet de quelque venin dissolvant, ou d’une fonte symptomatique des humeurs.

On voit par tout ce qui vient d’être dit des différences accidentelles des maladies, qu’elles ont plusieurs choses communes avec les plantes, parce qu’elles prennent comme elles leur accroissement, plus ou moins vîte ou doucement ; que les unes finissent en peu de jours, tandis que d’autres subsistent plusieurs mois, plusieurs années ; il y a des maladies qui, comme les plantes, semblent avoir cessé d’exister, mais qui sont vivaces, & dont les causes, comme des racines cachées qui poussent de tems en tems des tiges, des branches, des feuilles, produisent aussi différens symptômes ; telles sont les maladies récidivantes. De plus, comme il est des plantes parasites, il est des maladies secondaires entretenues par d’autres, avec lesquelles elles sont compliquées. Comme il est des plantes qui sont propres à certaines saisons, à certains climats, à certains pays, & y sont communes ; d’autres que l’on voit par-tout repandues ça & là, sans affecter aucun terrein particulier ; d’autres qui sont susceptibles d’être portées d’une contrée dans une autre, de les peupler de leur espece, & d’en disparoître ensuite ; il en est aussi de même, comme il a été dit ci-devant, de plusieurs sortes de maladies.

Telle est en abrégé l’exposition des différences accidentelles des maladies : nous ne dirons qu’un mot des différences essentielles, qui seront suffisamment établies par la distribution méthodique des maladies mêmes qui nous restent à exposer.

Comme la maladie est une lésion des fonctions des parties, il s’ensuit que l’on a cru pouvoir distinguer les maladies en autant de genres différens, qu’il y en a de parties qui entrent dans la composition du corps humain, dont les vices constituent les maladies. Ainsi comme il est composé en général de parties solides & de parties fluides ; il est assez généralement reçu dans les écoles, & admis dans les traités de Pathologie qui leur sont destinés, de tirer de la considération des vices de ces parties principales ou fondamentales, les différences essentielles des maladies. On en établit donc de deux sortes ; les unes qui regardent les vices des solides, les autres ceux des fluides en général ; sans avoir égard aux sentimens des anciens, qui n’admettoient point de vices dans les humeurs, & n’attribuoient toutes les maladies qu’aux vices des solides, aux différentes intempéries. Voyez Intempérie.

On distingue les maladies des solides, selon la plupart des modernes, en admettant des maladies

des parties simples ou similaires, & des maladies des parties composées, organiques ou instrumentales.

Quant aux fluides, on leur attribue différentes maladies, selon la différence de leur quantité ou de leur qualité vicieuse.

Enfin on considere encore les maladies qui affectent en même tems les parties solides & les parties fluides.

Mais comme il est assez difficile de concevoir les deux premieres distinctions, en tant qu’elles ont pour objet les vices des solides, distingués de ceux des fluides, & qu’il ne paroît pas qu’il puisse y avoir réellement de pareille différence, parce que le vice d’un de ces genres de parties principales, ne peut pas exister sans être la cause ou l’effet du vice de l’autre ; il s’ensuit qu’il est bien plus raisonnable & bien plus utile de considérer les maladies telles qu’elles se présentent, sous les sens que l’on peut les observer, que de subtiliser d’après l’imagination & par abstraction, en supposant des genres de maladies, tels que l’économie animale ne les comporte jamais chacun séparément.

Ainsi, d’après ce qui a été remarqué précédemment, par rapport aux inconvéniens que présentent les méthodes que l’on a suivies pour l’exposition des maladies, & eu égard aux avantages que l’on est porté consequemment à rechercher dans une méthode qui soit plus propre que celles qui sont le plus usitées à former le plan de l’histoire des maladies ; il paroît que la connoissance des maladies tirée des signes ou symptômes évidens, & non pas de certaines causes hypothétiques, purement pathologiques, doit avoir la préférence à tous égards. Il suffira vraissemblablement de présenter la méthode symptomatique déja annoncée, pour justifier la préférence que l’on croit qu’elle peut mériter, à ne la considérer même que comme la moins imparfaite de toutes celles qui ont été proposées jusqu’à présent.

Elle consiste donc à former dix classes de toutes les maladies, dont les signes pathognomoniques, les effets essentiels ont quelque chose de commun entre eux bien sensiblement, & ne different que par les symptômes accidentels, qui servent à diviser chaque classe en différens genres, & ces genres en différentes especes.

Dans la méthode dont il s’agit, toutes les maladies étant distinguées, comme il a été dit, en internes & en externes, en aiguës & en chroniques, on les distingue encore en universelles & en particulieres. Les maladies ordinairement aiguës forment la premiere partie de la distribution ; les maladies ordinairement chroniques forment la seconde, & les maladies chirurgicales forment la troisieme.

I. Classe. Maladies fébriles simples. Caractere. La fréquence du poulx, avec lésion remarquable & constante de différentes fonctions, selon les différens genres & les différentes especes de fievres. Voyez Fievre. On pourroit encore rendre ce caractere plus distinctif, tel qu’il peut être plus généralement observé dans toutes les maladies fébriles, en établissant qu’il consiste dans l’excès ou l’augmentation des forces vitales, absolue ou respective sur les forces musculaires soumises à la volonté. Consultez à ce sujet les savantes notes de M. de Sauvages, dans sa traduction de l’hæmastatique de M. Hales ; la dissertation de M. de la Mure, professeur célebre de la faculté de Montpellier, intitulée nova theoria febris, Montpellier 1738 ; & la question septieme parmi les douze thèses qu’il a soutenues pour la dispute de sa chaire, Montpellier 1749.

Les maladies de cette classe sont divisées en trois sections. La premiere est formée des fievres intermittentes, dont les principaux genres sont la fievre quotidienne, la tierce, la quarte, l’erratique (les