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juma pour Gaza. Mais Constantin en fit une ville séparée, indépendante, lui donna le droit de cité, & l’appella Constantia. L’empereur Julien la dépouilla de ses privileges, lui rendit son ancien nom, & la remit sous la dépendance de Gaze quant au temporel. A l’égard du spirituel, Majume conserva son évêque, son clergé & son diocèse. Il faut donc distinguer l’ancienne ville de Gaza & la nouvelle, surnommée Majuma ou Constantia. Cette derniere étoit au bord de la mer, & la premiere à environ 2 milles de la mer. On ne voit plus des deux Gaza que des ruines, des mosquées, & un vieux château dont un bacha avoit fait son serrail dans le dernier siecle, au rapport de Thevenot. (D. J.)

MAJUSCULES ou MAJEURES, (Ecriture.) se dit dans l’écriture des lettres capitales & initiales, dont le volume est beaucoup plus considérable que les autres. Voyez les Planches à la table de l’écriture, & leur explic.

Majuscules, (Imprimerie.) est un terme peu usité dans l’Imprimerie, & qui tient plus de l’art de l’écriture ; mais comme l’art de l’Imprimerie est une imitation parfaite de l’écriture, l’on peut dire, sans blesser les termes d’art, que les capitales sont les majuscules, & les petites capitales les minuscules de l’impression. Voyez Lettres, Capitales.

MAIXENT, Saint, Maxentium, (Géogr.) ville de France dans le Poitou, chef lieu d’une élection, avec une abbaye. Elle est sur la Sevre, à 12 lieues S. O. de Poitiers, 86 S. O. de Paris. Long. 17. 18. lat. 46. 25.

Saint-Maixent est la patrie d’André Rivet, fameux ministre calviniste, qui devint professeur en Théologie à Leyde. Il mourut à Breda en 1651, âgé de 78 ans. Ses œuvres théologiques ont été recueillies en 3 volumes in-fol. (D. J.)

MAKAQUE, s. m. (Hist. nat. Médecine.) c’est ainsi que les habitans de Cayenne nomment une espece de ver, qui se produit assez communément dans la chair de ceux qui demeurent dans cette partie d’Amérique. Il est de la grosseur d’un tuyau de plume ; sa couleur est d’un brun foncé, & il a la forme d’une chenille. Il naît ordinairement sous la peau des jambes, des cuisses, & surtout près des genoux & des articulations. Sa présence s’annonce par une démangeaison suivie d’une tumeur. Lorsqu’on la perce, on trouve ce ver nâgeant dans le sang. On le retire en pressant la peau, & en la pinçant avec un morceau de bois fendu. Pour mûrir la tumeur, on la frotte avec l’espece d’huile qui se forme dans les pipes à fumer du tabac.

MAKAREKAU, s. m. (Hist. nat. Botan.) grand & bel arbre des Indes orientales, remarquable par son utilité. Ses feuilles ont trois à quatre piés de longueur sur huit ou dix pouces de largeur ; elles se partagent & servent à écrire, comme le papier ou le parchemin. Son bois est poreux, & n’est point d’une grande utilité. Son fruit est rond, & de la grosseur d’une citrouille ; il est couvert d’une peau dure, divisée par quarrés, qui vont jusqu’au centre du fruit ; sa couleur est d’un rouge incarnat. La chair de ce fruit ne se mange point ; mais il est rempli de pignons qui sont d’un goût très-agréable. Les racines de cet arbre sont hors de la terre, à laquelle elles ne tiennent que très-foiblement, & qui forment comme des arcades.

MAKELAER, s. m. (Commerce.) l’on nomme ainsi en Hollande, & particulierement à Amsterdam, cette espece d’entremetteurs, soit pour la banque, soit pour la vente des marchandises, qu’on nommoit autrefois à Paris Courtiers, & depuis quelque tems, Agens de banque & de charge. Voyez Agent de change. Voyez aussi Courtiers, Dictionn. de Commerce, tom. III. pag. 236.

MAKI, s. m. prosimia, (Hist. nat.) animal quadrupede, qui ressemble beaucoup au singe par la forme du corps, des jambes & des piés, mais qui en differe par celle de sa face ; car il a le museau fort allongé, comme celui du renard. M. Brisson distingue quatre especes de maki.

1°. Le maki simplement, dit-il, a onze pouces de longueur, depuis le sommet de la tête jusqu’à l’origine de la queue, qui est longue de quatre pouces & demi ; les oreilles sont courtes & presque cachées dans le poil, qui est doux, laineux & brun sur tout le corps, à l’exception du nez, de la gorge & du ventre, qui sont d’un blanc sale.

3°. Le maki aux piés blancs. Il ne differe guere du précédent, qu’en ce que les quatre piés sont blancs.

3°. Le maki aux piés fauve. Il est un peu plus grand que les précédens ; il en differe aussi en ce que le poil est d’un blanc sale & jaunâtre par-dessous le corps & à la partie intérieure des jambes, & que la face & le museau sont noirs.

4°. Le maki à queue annelée. Il a depuis le sommet de la tête jusqu’à l’origine de la queue, un pié de longueur ; celle de la queue est d’un pié & demi ; son museau est blanchâtre ; le poil du dessus du corps, des piés de devant & de l’extérieur des quatre jambes est roux près de l’origine, & gris à la pointe : on ne voit que cette derniere couleur, lorsque les poils sont serrés les uns contre les autres. Le dessous du corps, les piés de derriere & l’intérieur des quatre jambes sont blancs. La queue a des anneaux alternativement noirs & blancs. Voyez le Regne animal, divisé en neuf classes, pag. 221. Voyez Quadrupede.

MAKKREA, (Physique & Hist. nat.) c’est ainsi que l’on nomme dans le royaume de Pégu, aux Indes orientales, une lame d’eau formée par le reflux de la mer, qui se porte avec une violence extraordinaire vers l’embouchure de la riviere de Pégu. Cette masse d’eau, appellée makkrea par les habitans du pays, a communément douze piés de hauteur ; elle occupe un espace très-considérable, qui remplit toute la baie, depuis la ville de Negraïs jusqu’à la riviere de Pégu. Elle fait un bruit si effrayant, qu’on l’entend à une distance de plusieurs lieues ; elle est d’une force si grande, qu’il n’y a point de navire qui n’en soit renversé. Cette masse d’eau est portée contre la terre avec une rapidité & une violence, qui fait qu’il est impossible de l’éviter.

MAL, le, s. m. (Métaphysiq.) C’est tout ce qui est opposé au bien physique ou moral. Personne n’a mieux traité ce sujet important que le docteur Guillaume King, dont l’ouvrage écrit originairement en latin, a paru à Londres en anglois, en 1732, en 2 vol. in-8°. avec d’excellentes notes de M. Edmond Law ; mais comme il n’a point été traduit en françois, nous croyons obliger les lecteurs en le leur faisant connoître avec un peu d’étendue, & nous n’aurons cependant d’autre peine que de puiser dans le beau dictionnaire de M. de Chaufepié. Voici l’idée générale du système de l’illustre archevêque de Dublin.

1°. Toutes les créatures sont nécessairement imparfaites, & toûjours infiniment éloignées de la perfection de Dieu ; si l’on admettoit un principe négatif, tel que la privation des Péripatéticiens, on pourroit dire que chaque être créé est composé d’existence & de non-existence ; c’est un rien tant par rapport aux perfections qui lui manquent, qu’à l’égard de celles que les autres êtres possedent : ce défaut, ou comme on peut l’appeller, ce mélange de non-entité, dans la constitution des êtres créés, est le principe nécessaire de tous les maux naturels,