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res du Monomotapa, & se décharge dans la mer par sept embouchures. (D. J.)

MAGNIFICENCE, (Morale.) dépense des choses qui sont de grande utilité au public. Je suis ici de près les traces d’Aristote, qui distingue deux vertus, dont l’office concerne l’usage des richesses ; l’une est la simple libéralité, ἐλευθέριοτης ; l’autre la magnificence, μεγαλοπρέπεια. La premiere, selon ce fameux philosophe, regarde l’usage des petites dépenses ; l’autre regle les dépenses que l’on fait pour de grandes & belles choses, comme sont les présens offerts aux dieux, la construction d’un temple, ce que l’on donne pour le service de l’état, pour les festins publics, & autres choses de cette nature. Aristote oppose à cette vertu, comme les deux extrémités vicieuses, une somptuosité ridicule & mal entendue, & une sordide mesquinerie. (D. J.)

MAGNIFIQUE, adj. (Gram.) il se dit au simple & au figuré, des personnes & des choses, & il désigne tout ce qui donne un idée de grandeur & d’opulence. Un homme est magnifique, lorsqu’il nous offre en lui-même, & dans tout ce qui l’intéresse, un spectacle de dépense, de libéralité & de richesse, que sa figure & ses actions ne déparent point ; un entrée est magnifique, lorsqu’on a pourvû à tout ce qui peut lui donner un grand éclat par le choix des chevaux, des voitures, des vêtemens, & de tout ce qui tient au cortege ; un éloge est magnifique, lorsqu’il nous donne de la personne qui l’a fait, & de celle à qui il est adressé, une très-haute idée. Le luxe va quelquefois sans la magnificence, mais la magnificence est inséparable du luxe ; c’est par cette raison qu’elle éblouit souvent & qu’elle ne touche jamais.

MAGNI-SIAH, (Géog.) ville d’Asie, dans la province de Serhan, au pié d’une montagne ; c’est la même ville, selon les apparences, que la Magnésie du mont Sipyle. Les orientaux lui donnent 60d. de long. & 40d. de lat. (D. J.)

MAGNISSA, (Hist. nat. minéral.) nom donné par quelques auteurs anciens, à une substance minérale que l’on croit être la pyrite blanche, ou pyritoarsenicale, que l’on nommoit aussi leucolithos & argyrolithos, à cause de sa ressemblance avec l’argent. Voyez Pyrite.

MAGNOAC, (Géog.) petit pays sur les confins du pays d’Astarac, & qui fait aujourd’hui partie de celui d’Armagnac. Voyez Longuerue, descript. de la France, part. I. pag. 201. (D. J.)

MAGNOLE, magnolia, s. f. (Hist. nat. Botan.) plante à fleur en rose, composée de plusieurs pétales disposés en rond. Le pistil s’éleve du fond du calice, & devient dans la suite un fruit dur, tuberculeux, dans lequel on trouve de petits noyaux oblongs, qui renferment une amande de la même forme. Plumier, nova plant. amer. gen. Voyez Plante.

Ce genre de plante a été ainsi nommé en l’honneur de M. Magnole, botaniste. Sa fleur est en rose, composée de plusieurs pétales, placées circulairement. Du calice de la fleur s’éleve un pistil, qui dégénere en un fruit conique, garni d’un grand nombre de tubes contenant chacun une noix dure, laquelle venant à sortir, demeure suspendue par un long fil.

Comme c’est un très-beau genre de plante, M. Linneus a pris plaisir d’entrer encore dans de plus grands détails de ses caracteres. Le calice particulier de sa fleur, nous dit-il, est formé de trois feuilles ovales & creuses, qu’on prendroit pour des pétales, & qui tombent avec la fleur. Sa fleur consiste en neuf pétales, d’une forme oblongue, cavés en gouttiere, étroits à la base, & s’élargissant à la pointe, qui est obtuse. Les étamines sont des filets nombreux, courts & pointus. Le pistil est placé sous le germe, & est d’une figure comprimée. Les bossettes des étami-

nes sont oblongues, fines & déliées. Le fruit est en

cône écailleux, à capsules comprimées, arrondies, composées de deux valvules qui forment une seule loge. Cette loge ne renferme qu’une graine, pendante dans sa parfaite maturité par un fil qui procede de la capsule du fruit. Voyez aussi Dillenius, Hort. Eltham. pag. 168. (D. J.)

MAGNUS, a, um, (Géogr. anc.) Il faut remarquer ici sur ce mot latin, que les anciens appelloient magnum promontorium le cap d’Afrique nommé Deyrat-Lincyn par les Africains ; & qu’ils ont donné le même nom au cap de Lisbonne. Ils appelloient magnum ostium, la grande embouchure, l’une des bouches du Gange. Ils donnoient le nom de magni campi à des plaines d’Afrique, au voisinage d’Utique ; ils nommerent magnus portus, un port de la Grande-Bretagne, vis-à-vis l’île de Wigth, & magnus sinus, le grand golfe, une partie de l’Océan oriental, &c. (D. J.)

MAGNY, (Géog.) petite ville de France, au Vexin françois, sur la route de Paris à Rouen, à 14 lieues de ces deux villes, & dans un terrein fertile en blé : le P. Breit croit que c’est le Petromantalum des anciens. Long. 19. 22. lat. 49. 8.

C’est la patrie de Jean-Baptiste Santerre, un de nos peintres qui a excellé dans les sujets de fantaisie. Il a fait encore des tableaux de chevalet d’une grande beauté, entre autres celui d’Adam & d’Eve. Voyez l’article de cet illustre maître, au mot Ecole françoise (D. J.)

MAGO, (Géogr. anc.) ville de la petite île Baléard, selon Pline, liv. III. chap. v. & Pomponius Mela, liv. II. chap. vij. C’est présentement Port-Mahon dans l’île de Minorque.

MAGODES, (Littér. Théat. des Grecs.) μαγόδες, Athénée, liv. XIV. pag. 261, nous définit ainsi les magodes ; ceux qu’on appelle magodes, dit il, usent des tymbales, s’habillent en femme, en jouent les rôles, aussi-bien que celui de débauché & d’homme ivre, & sont toutes sortes de gestes lascifs & deshonnêtes. Suivant Hésichius, ces magodes étoient des especes de pantomimes, qui sans parler, exécutoient differens rôles par des danses seules.

Le spectacle d’une comédie noble qui s’étoit fixé dans la Grece un peu avant le regne d’Alexandre, & qui étoit si propre à divertir les honnêtes gens, ne pût suffire au peuple, il lui fallut toujours des bouffons. Aristote nous dit que de son tems, la coutume de chanter des vers phalliques subsistoit encore dans plusieurs villes. On conserva aussi des farces dans l’ancien goût, qui furent appellées dicélies, magodies, & les baladins de ces farces furent nommés dicélistes, magodes, mimographes. Voyez Dicélistes, Mime, Farce, Comédie. (D. J.)

MAGODUS, s. m. (Littérature.) personnage des spectacles anciens. Il paroissoit habillé en femme ; cependant son rôle est d’homme. Il correspondoit à nos magiciens.

MAGOPHONIE, s. f. (Antiq. de Perse.) fête célébrée chez les anciens Perses, en mémoire du massacre des Mages, & particulierement de Smerdis, qui avoit envahi le trône après la mort de Cambyse. Darius fils d’Hystape, ayant été élu roi à la place de cet usurpateur, voulut perpétuer le souvenir du bonheur qu’on avoit eu d’en être délivré, en instituant une grande fête annuelle, qui fut nommée magophonie, c’est-à-dire le massacre des Mages. (D. J.)

MAGOT, (Hist. nat.) Voyez Singe.

Magot, s. m. (Grammaire.) figures en terre, en plâtre, en cuivre, en porcelaine, ramassées, contrefaites, bisarres, que nous regardons comme représentant des Chinois ou des Indiens. Nos appartemens en sont décorés. Ce sont des colifichets prétieux dont la nation s’est entêtée ; ils ont chassé de