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MACSURAH, s. m. (Hist. mod.) lieu séparé dans les mosquées, & fermé de rideaux : c’est-là que se placent les princes. Le macsurah ressemble à la courtine des Espagnols, espece de tour de lit qui dérobe les rois & princes à la vûe des peuples, pendant le service divin.

MACTIERNE, s. m. & f. (Hist. mod.) ancien nom de dignité, d’usage en Bretagne. Il signifie proprement fils de prince. L’autorité des princes, tyrans, comtes ou mactiernes, tous noms synonymes, étoit grande : il ne se faisoit rien dans leur district, qu’ils n’eussent autorisé. Les évêques se sont fait quelquefois appeller mactiernes, soit des terres de leur patrimoine, soit des fiefs & seigneuries de leurs églises. Ce titre n’étoit pas tellement affecté aux hommes, que les femmes n’en fussent aussi quelquefois décorées par les souverains : alors elles en faisoient les fonctions. Il y avoit peu de mactiernes au douzieme siecle : ils étoient déja remplacés par les comtes, vicomtes, barons, vicaires & prevôts.

MACTORIUM, (Géog. anc.) ville ancienne de Sicile, au-dessus de celle de Gela. Il est fort douteux que ce soit la petite ville de Mazarino. (D. J.)

MACUCAQUA, s. f. (Ornith.) grande poule sauvage du Bresil. Elle est grosse, puissante, sans queue ; son bec est fort, noir, & un peu crochu au bout ; sa tête & son col sont tachetés de noir & de jaune ; son jabot est blanc ; son dos, son ventre, & sa poitrine sont cendrés-brun ; ses aîles olivâtres & diaprées de noir, mais ses longues pennes sont toutes noires ; ses œufs sont plus gros que ceux de la poule ordinaire ; leur couleur est d’un bleu-verdâtre. Cet oiseau vit des fruits qui tombent des arbres ; il court fort vîte ; mais il ne peut voler ni haut ni loin ; il est excellent à manger. Marggrave Histor. brasil. (D. J.)

MACULATURE, s. f. (Imprimerie.) Les Imprimeurs appellent maculatures les feuilles de papier grises ou demi-blanches, & très-épaisses qui servent d’enveloppe aux rames. Ils s’en servent pour conserver le papier blanc, qu’ils posent toujours sur une de ses feuilles, au fur & à mesure qu’ils le trempent ou qu’ils l’impriment. Les Imprimeurs, ainsi que les Libraires entendent aussi par maculatures, les feuilles qui se trouvent mal imprimées, pochées, peu lisibles, & entierement défectueuses.

Maculature, (Graveurs en bois.) feuilles de papier servant aux Graveurs en bois. Ce sont les papiers de tapisseries & de contr’épreuves à mettre entre les épreuves & les feuilles blanches qu’ils contr’épreuvent entre les rouleaux de la presse en taille-douce. Ces maculatures sont plus grandes d’un pouce tout-au tour que les épreuves & que les feuilles contr’éprouvées : elles servent à empêcher que par l’envers l’impression ne macule, & ne tache les unes & les autres en passant sous la presse : ce qui pourroit même salir & embrouiller le côté de l’impression. Aucun dictionnaire n’a parlé de ces maculatures à l’usage des contr’épreuves de la gravure en bois. A force de servir, elles deviennent fort noires dans le carré où elles reçoivent les épreuves & les feuilles que ces dernieres contr’épreuvent : on en change, & l’on en fait d’autres de tems en tems. Voyez Contr’épreuves & Passée.

Maculature, terme de Papeterie, qui signifie une sorte de gros papier grisâtre dont on se sert pour empaqueter les rames de papier. On le nomme aussi trace. Voyez Papier.

MACULE, terme de l’œconomie animale. Ce sont des taches du sang sur le fœtus faites par la force de l’imagination de la mere enceinte, en desirant quelque chose, qu’elle croit ne pouvoir obtenir, ou qu’elle n’ose demander. On prétend que

dans ce cas le fœtus se trouve marqué sur la partie du corps qui répond à celui de la mere où elle s’est grattée ou frottée. Voyez ci-après un plus grand détail sous l’article Monstre ; Voyez aussi Fœtus & Imagination.

MACULER, v. act. (Imprim.) Feuilles d’impression maculées ou qui maculent, sont des feuilles qui, ayant été battues par le relieur, en sortant pour ainsi dire de la presse, & avant d’être bien seches, sont peu lisibles, les lignes paroissant se doubler les unes dans les autres ; ce qui arrive quand l’encre qui soutiendroit par elle-même le battement considérable du marteau, ne peut plus le soutenir, parce que l’humidité du papier l’excite à s’épancher & à sortir des bornes de l’œil de la lettre ; effet que l’on évitera presque toujours si le papier & l’encre ont eu un tems raisonnable pour secher.

MACYNIA, (Géograp. anc.) ville de l’Etolie, selon Strabon & solon Pline. Macynium est une montagne de la même contrée.

MACZARAT ou MACSARAT, (Géog.) nom des cases ou habitations des negres dans l’intérieur de l’Afrique sur le Niger ou Nil occidental. C’est une maison grande, spacieuse & forte, à la maniere du pays, où les negres se retirent par se garantir des incursions de leurs ennemis.

MADAGASCAR, (Géogr.) île immense sur les côtes orientales d’Afrique. Sa longit. selon Harris, commence à 62d 1′ 15″. Sa latit. méridionale tient depuis 12d 12′ jusqu’à 25d 10′, ce qui fait 336 lieues françoises de longueur. Elle a 120 lieues dans sa plus grande largeur, & elle est située nord-nord-est & sud-sud-ouest. Sa pointe au sud s’élargit vers le cap de Bonne-Espérance ; mais celle du nord, beaucoup plus étroite, se courbe vers la mer des Indes. Son circuit peut aller à 800 lieues, en sorte que c’est la plus grande île des mers que nous connoissions.

Elle a été visitée de tous les peuples de l’Europe qui navigent au-delà de la ligne, & particulierement des Portugais, des Anglois, des Hollandois, & des François. Les premiers l’appellerent l’île de Saint-Laurent, parce qu’ils la découvrirent le jour de la fête de ce saint en 1492. Les autres nations l’ont nommée Madagascar, nom peu différent de celui des naturels du pays, qui l’appellent Madécasse.

Les anciens Géographes l’ont aussi connue, quoique plus imparfaitement que nous. La Cerné de Pline est la Menuthias de Ptolomée, qu’il place au 12d 30′ de latit. sud, à l’orient d’été du cap Prassum. C’est aussi la situation que nos cartes donnent à la pointe septentrionale de Madagascar. D’ailleurs, la description que l’auteur du Périple fait de sa Ménuthias, convient fort à Madagascar.

Les François ont eu à Madagascar plusieurs habitations, qu’ils ont été obligés d’abandonner. Flacourt nous a fait l’histoire naturelle de cette île qu’il n’a jamais pû connoître, & Rennefort en a forgé le roman.

Tout ce que nous en savons, se réduit à juger qu’elle se divise en plusieurs provinces & régions, gouvernées par diverses nations, qui sont de différentes couleurs, de différentes mœurs, & toutes plongées dans l’idolatrie ou dans les superstitions du mahométisme.

Cette île n’est point peuplée à proportion de son étendue. Tous les habitans sont noirs, à un petit nombre près, descendans des Arabes qui s’emparerent d’une partie de ce pays au commencement du quinzieme siecle. Les hommes y éprouvent toutes les influences du climat ; l’amour de la paresse & de la sensualité. Les femmes qui s’abandonnent publiquement, n’en sont point deshonorées. Les gens du peuple vont presque tout nuds ; les plus riches n’ont que des caleçons ou des jupons de soie. Ils n’ont