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sur les rochers ou moulieres : les macreuses viennent paître de ces coquillages. On remarque leur présence par le dépouillement des rochers. On arrête les quatre coins du filet avec des pierres, de maniere cependant qu’il puisse s’élever de haute mer sur la mouliere d’environ deux piés. Les macreuses plongent pour tomber sur les fonds, ou remontent des fonds où elles ont plongé, & tirent alors le filet & s’y prennent par les ailes ou le col dans les mailles, à-travers lesquelles leur corps ne peut passer. Si elles se noyent, le pêcheur ne peut les retirer que de basse eau. Le rets est teint, afin que l’oiseau ne puisse le distinguer du gouesmont ou du rocher. La pêche se fait depuis le commencement de Novembre jusqu’à la fin de Mars, mais seulement pendant les six jours de la nouvelle lune, & les six autres jours de la pleine lune. On tend aussi le rez aux macreuses sur des piquets. Les pêcheurs bas-normands l’appellent alors courtine à macreuse. Voyez nos Planches de Pêche. Outre le rets, dont nous venons de parler, il y a l’agrès qui se tend de plat, pierré & flotté ; c’est une sorte de cibaudiere. Il y a les petits pieux, les crayers, les demi-folles, les ravoirs ou raviers, les macrolieres, les berces, &c. ceux de mer se tendent de plat, flottés & pierrés ; les autres, de plat aussi, mais montés sur des piquets comme les folles, &c. Lorsque les agrès sont tendus de plat sans piquet, ils ressemblent à une nappe flottée tout autour. Pour les arrêter, on se sert des alingues ou cordages faits d’une double ligne, au bout desquelles le pêcheur frappe une petite cabliere ou gros galet, laissant au filet la liberté de s’élever seulement de 18 à 20 pouces, comme on le pratique aux mêmes filets établis en piquets, berces, berceaux, courtines ou chariots.

On tend les agrès qu’en hiver, lorsque le grand froid amene les oiseaux marins de haute mer à la côte.

MACRI, (Géog.) village de la Turquie en Europe, dans la Romanie, sur le détroit des Dardanelles, auprès de Rodosto. C’étoit anciennement une ville, appellée Machronteichos, parce qu’elle étoit à l’extrémité de la longue muraille, bâtie par les empereurs de Constantinople, depuis la Propontide jusqu’à la mer Noire, afin de garantir la capitale des insultes des Barbares qui venoient souvent jusqu’aux portes. Mais que servent des murailles aux états qui tombent en ruine ?

MACRIS, (Géog. anc.) nom commun 1°. à une île de la mer de Pamphylie ; 2°. à une île de la mer de Rhodes ; 3°. à une île de la mer Ionienne. (D. J.)

MACROCÉPHALE, s. m. (Médecine.) μακροκέφαλος marque une personne qui a la tête plus large ou plus longue qu’on ne l’a naturellement. Ce mot est composé des mots grecs μακρὸς, long, large, & κεφαλὴ, tête.

MACROCÉPHALI, (Géog. anc.) peuples d’Asie, voisins de la Colchide ; ils étoient ainsi nommés à cause de la longueur de leur tête. (D. J.)

MACROCOLUM, s. m. (Littér.) sorte de grand papier des anciens, que Catulle appelle regia charta ; c’est un terme qui se trouve dans les lettres de Cicéron à Atticus. Ce mot vient du grec, & est dérivé μακρὸς long, & de κολλέω je colle. On colloit ensemble chez les anciens les feuillets des livres ; & lorsqu’on en faisoit faire une derniere copie au net, pour les mettre dans sa bibliotheque, on l’écrivoit ordinairement sur de grandes feuilles. Macrocollum est donc la même chose qu’un écrit, un livre, un ouvrage en grand papier. Voyez Pline lib III. cap. xij. Cette sorte de grand papier avoit au moins seize pouces de long, & communément vingt-quatre. (D. J.)

MACROCOSME, s. m. (Cosmogr.) signifie le monde entier, c’est-à-dire l’univers. Ce mot qui ne

se trouve que dans quelques ouvrages anciens, & qui n’est plus aujourd’hui en usage, est composé des mots grecs μακρὸς grand, & κόσμος monde. Dans ce sens, il est opposé à microcosme. Voyez Microcosme. Chamb.

MACRONES, (Géog. anc.) peuples du Pont sur les bords du fleuve Absarus & dans le voisinage du fleuve Sydenus, selon Pline l. VI. c. iv. (D. J.)

MACRONISI, (Géog.) île de Grece dans l’Archipel ; elle est abandonnée, mais fameuse, & de plus admirable pour herboriser. Pline prétend qu’elle avoit été séparée de l’île Eubée par les violentes secousses de la mer. Elle n’a pas plus de trois milles de large, sur sept ou huit de longueur : ce qui lui a valu le nom de Macris ou d’île longue. Les Italiens l’appellent encore isola longa. Strabon assure qu’elle se nommoit autrefois Crané, raboteuse & rude, mais qu’elle reçut le nom d’Helene après que Pâris y eut conduit cette belle lacédémonienne qu’il venoit d’enlever. Cette île selon M. de Tournefort est encore dans le même état que Strabon l’a décrite, c’est-à-dire que c’est un rocher sans habitans ; & suivant les apparences, ajoûte notre illustre voyageur, la belle Hélene n’y fut pas trop bien logée ; mais elle étoit avec son amant, & n’avoit pas reçu l’éducation délicate d’une sybarite. Macronisi n’a présentement qu’une mauvaise cale dont l’entrée regarde l’est. M. de Tournefort coucha dans une caverne près de cette cale, & eut belle peur pendant la nuit, des cris épouvantables de quelques veaux marins qui s’étoient retirés dans une caverne voisine pour y faire l’amour à leur aise. (D. J.)

MACROPHYSOCÉPHALE, s. f. terme de Chirurgie, peu usité. Il signifie la tuméfaction de la tête d’un fœtus, qui seroit produite par des ventosités. Le dictionnaire de Trévoux rapporte ce terme d’après le dictionnaire de James, & l’applique à celui dont la tête est distendue au-delà de sa longueur naturelle par quelque affection flatulente. Ambroise Paré s’est servi de ce terme dans son livre de la génération. « Si, dit-il, la femme ne peut accoucher à raison du volume excessif de la tête de l’enfant qui se présente la premiere, soit qu’elle soit remplie de ventosités que les Grecs appellent macrophysocéphale, ou d’aquosités qu’ils nomment hydrocéphale ; si la femme est en un extrème travail & qu’on connoisse l’enfant être mort, il faut ouvrir la tête de l’enfant, &c. » Voyez Hydrocéphale, Crochet, Couteau à crochet. Le mot de cet article vient de μακρὸς long, de φῦσα flatulence, & de κεφαλὴ tête. (Y)

MACROPOGONES, (Géog. anc.) comme qui diroit longues barbes ; peuples de la Sarmatie asiatique, aux environs du pont Euxin, selon Strabon liv. XI. pag. 492. (D. J.)

MACROSTICHE, adj. (Hist. ecclés.) écrit à longues lignes. Ce fut ainsi qu’on appella dans le quatrieme siecle, la cinquieme formule de foi que composerent les Eusébiens au concile qu’ils tinrent à Antioche l’an 345 Elle ne contient rien qu’on puisse absolument condamner. Elle prit son nom de macrostiche, de la maniere dont elle étoit écrite.

MACROULE, s. f. (Hist. nat. Ornit.) diable de mer, fulica major Bellonii. Oiseau qui est entierement noir : il ressemble parfaitement à la poule d’eau, dont il ne differe qu’en ce qu’il a la tache blanche de la tête plus large, & en ce qu’il est un peu plus gros. Cet oiseau cherche toujours les eaux douces. Willughby. Voyez Oiseau.

MACSARAT ou MACZARAT, s. m. (Hist. mod.) habitation où les Negres se retirent pour se mettre à couvert des incursions de leurs ennemis. Le macsarat est grand, spatieux, & fortifié à la maniere de ces nations.