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Spon, Chazelles, Lagni, Truchet, le pere Ménétirer, &c. ont eu Lyon pour patrie.

L’abbé Terrasson (Jean) philosophe pendant sa vie & à sa mort, mérite notre reconnoissance par son élégante & utile traduction de Diodore de Sicile. Malgré toutes les critiques qu’on a faites de son Sethos, on ne peut s’empêcher d’avouer qu’il s’y trouve des caracteres admirables & des morceaux quelquefois sublimes ; il mourut en 1750. Deux de ses freres se sont livrés à la prédication avec applaudissement ; leurs sermons imprimés forment huit volumes in-12. L’avocat Terrasson ne s’est pas moins distingué par ses ouvrages de jurisprudence. Il étoit l’oracle du Lyonnois, & de toutes les provinces qui suivent le droit romain.

M. de Boze (Claude Gros de) habile antiquaire & savant littérateur, s’est distingué par plusieurs dissertations sur les médailles antiques, par sa bibliotheque de livres rares & curieux, & plus encore par les quinze premiers volumes in-4°. des mémoires de l’académie des Inscriptions, dont il étoit le secrétaire perpétuel. Il mourut en 1754 âgé de soixante-quatorze ans.

Le public est redevable à M. Spon (Jacob) des recherches curieuses d’antiquités in folio, d’une relation de ses voyages de Grece & du Levant, imprimés tant de fois, & d’une bonne histoire de la ville de Genève. Il mourut en 1685 âgé seulement de trente-huit ans.

Chazelles (Jean Mathieu de) imagina le premier qu’on pouvoit conduire des galeres sur l’Océan ; ce qui réussit. Il voyagea dans la Grece & dans l’Egypte ; il mesura les pyramides, & remarqua que les quatre côtés de la plus grande sont exposés aux quatre régions du monde ; c’est-à-dire à l’orient, à l’occident, au midi & au nord. Il fut associé à l’académie des Sciences, & mourut à Marseille en 1710 âgé de cinquante-trois ans.

M. de Lagny (Thomas Fantet de) a publié plusieurs mémoires de Mathématiques dans le recueil de l’académie des Sciences, dont il étoit membre. Il mourut en 1734 âgé de soixante-quatorze ans. Voyez son éloge par M. de Fontenelle.

Truchet (Jean) célebre méchanicien, plus connu sous le nom de P. Sébastien, naquit à Lyon en 1657, & mourut à Paris en 1729. Il enrichit les manufactures du royaume de plusieurs machines très-utiles, fruit de ses découvertes & de son génie ; il inventa les tableaux mouvans, l’art de transporter de gros arbres entiers sans les endommager ; & cent autres ouvrages de Méchanique. En 1699, le roi le nomma pour un des honoraires de l’académie des Sciences, à laquelle il a donné comme académicien quelques morceaux, entr’autres une élégante machine du système de Galilée, pour les corps pesans, & les combinaisons des carreaux mi-partis, qui ont excité d’autres savans à cette recherche.

Le R. P. Menetrier (Claude François.) jésuite, décédé en 1705, a rendu service à Lyon sa patrie, par l’histoire consulaire de cette ville. Il ne faut pas le confondre avec les deux habiles antiquaires de Dijon, qui portent le même nom, Claude & Jean-Baptiste le Menestrier, & qui ont publié tous les deux des ouvrages curieux sur les médailles d’antiquités romaines.

Je pourrois louer le poëte Gacon (François) né à Lyon en 1667, s’il n’avoit mis au jour que la traduction des odes d’Anacréon & de Sapho, celle de la comédie des oiseaux d’Aristophane, & celle du poëme latin de du Fresnoy sur la Peinture. Il mourut en 1725.

Vergier (Jacques) poëte lyonnois, est à l’égard de la Fontaine, dit M. de Voltaire, ce que Campistron est à Racine, imitateur foible, mais naturel.

Ses chansons de table sont charmantes, pleines d’élégance & de naïveté. On sait quelle a été la triste fin de ce poëte ; il fut assassiné à Paris par des voleurs en 1720, à soixante-trois ans.

Enfin Lyon a donné de fameux artistes ; par exemple, Antoine Coysevox, dont les ouvrages de sculpture ornent Versailles, Jacques Stella, qui devint le premier peintre du Roi, & qui a si bien réussi dans les pastorales ; Joseph Vivien, excellent dans le pastel, avant le célebre artiste de notre siecle, qui a porté ce genre de peinture au dernier point de perfection, &c. (D. J.)

LYONNOIS, le (Géogr.) grande province de France, & l’un de ses gouvernemens. Elle est bornée au nord par le Mâconnois & par la Bourgogne ; à l’orient par le Dauphiné ; au sud par le Vivarais & le Vélay ; & du côté du couchant, les montagnes la séparent de l’Auvergne. Cette province comprend le Lyonnois proprement dit, dont la capitale est Lyon, le Beaujolois & le Forez. Elle produit du vin, du blé, des fruits & de bons marrons. Ses rivieres principales sont le Rhône, la Sône & la Loire.

Les peuples de cette province s’appelloient anciennement Segusiani, & furent sous la dépendance des Edui, c’est-à-dire de ceux d’Autun (in clientelâ Æduorum, dit César), jusqu’à l’empire d’Auguste qui les affranchit ; c’est pourquoi Pline les nomme Segusiani liberi. Dans les annales du regne de Philippe & ailleurs, le Lyonnois est appellé Pagus Lugdunensis, in regno Burgundiæ.

LYONNOISE, la (Géogr. anc.) en latin provincia Lugdunensis, une des régions ou parties de la Gaule ; l’empereur Auguste qui lui donna ce nom, la forma d’une partie de ce qui composoit du tems de Jules-César, la Gaule celtique. Dans la suite, la province lyonnoise fut partagée en deux. Enfin sous Honorius, chacune de ces deux Lyonnoises fut encore partagée en deux autres ; de sorte qu’il y avoit la premiere, la seconde, la troisieme & la quatrieme Lyonnoise, autrement dite Lyonnoise sénonoise. (D. J.)

LYRE, s. f. (Astr.) constellation de l’hémisphere septentrional. Voyez Étoile & Constellation.

Le nombre de ces étoiles dans les catalogues de Ptolomée & de Tycho est de dix, & dans le catalogue anglois de dix-neuf.

Lyre, (Musique anc.) en grec λύρα, χέλυς, en latin lyra, testudo, instrument de musique à cordes, dont les anciens faisoient tant d’estime, que d’abord les Poëtes en attribuerent l’invention à Mercure, & qu’ils la mirent ensuite entre les mains d’Apollon.

La lyre étoit différente de la cithare, 1°. en ce que les côtés étoient moins écartés l’un de l’autre ; 2°. en ce que sa base ressembloit à l’écaille d’une tortue, animal dont la figure, dit-on, avoit donné la premiere idée de cet instrument. La rondeur de cette base ne permettoit pas à la lyre de se tenir droite comme la cithare, & il falloit, pour en jouer, la serrer avec les genoux. On voit par-là qu’elle avoit quelque rapport à un luth posé debout, & dont le manche seroit fort court : & il y a grande apparence que ce dernier instrument lui doit son origine. En couvrant d’une table la base ou le ventre de la lyre, on en a formé le corps du luth, & en joignant par un ais les deux bras ou les deux côtés de la premiere, on en a fait le manche du second.

La lyre a fort varié pour le nombre des cordes. Celle d’Olympe & de Terpandre n’en avoit que trois, dont ces Musiciens savoient diversifier les sons avec tant d’art, que, s’il en faut croire Plutarque, ils l’emportoient de beaucoup sur ceux qui jouoient d’une lyre plus composée. En ajoutant une quatrieme corde à ces trois premieres, on rendit le tétracorde complet, & c’étoit la différente maniere dont on