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33′ ; mais étant pleine & apogée, on ne l’apperçoit guere que sous un angle de 29d. 30′. la raison en est que la lune ne se meut point dans un orbite circulaire qui ait la terre pour centre, mais dans un orbite à peu près elliptique (telle que celle qui est représentée dans la fig. 17.) dont l’un des foyers est le centre de la terre ; AP y marque le grand axe de l’ellipse, ou la ligne des apsides ; TC l’excentricité : le point A qui est la plus haute apside s’appelle l’apogée de la lune, P ou l’apside inférieure est le périgée de la lune, ou le point de son orbite dans lequel elle est le plus proche de la terre. Voyez Apogée & Périgée.

L’espace de tems que la lune employe en partant de l’apogée pour revenir au même point, s’appelle mois anomalistique.

Si la ligne des apsides de la lune n’avoit d’autre mouvement que celui par lequel elle est emportée autour du soleil, elle conserveroit toujours une position semblable, c’est-à-dire qu’elle resteroit parallele à elle-même, qu’elle regarderoit toujours le même point des cieux, & qu’on l’observeroit toujours dans le même point de l’écliptique ; mais on a observé que la ligne des apsides est aussi mobile, ou qu’elle a un mouvement angulaire autour de la terre d’occident en orient selon l’ordre des signes, mouvement dont la révolution se fait dans l’espace d’environ neuf années. Voyez Apside.

Les irrégularités du mouvement de la lune & de celui de son orbite sont très-considérables : car 1°. quand la terre est dans son aphélie, la lune finit sa révolution dans un tems plus court ; au contraire, quand la terre est dans son périhéiie, la lune rallentit alors son mouvement ; ainsi ses révolutions autour de la terre se font en moins de tems, toutes choses d’ailleurs égales, lorsque la terre est dans son aphélie que lorsqu’elle est dans son périhélie, de sorte que les mois périodiques ne sont point égaux les uns aux autres. Voyez Périodique.

2°. Quand la lune est dans ses syzygies, c’est-à-dire dans la droite qui joint les centres de la terre & du soleil, ou, ce qui est la même chose, dans sa conjonction ou son opposition, elle se meut (toutes choses égales d’ailleurs) plus vîte que dans les quadratures. Voyez Syzygie.

3°. Le mouvement de la lune varie suivant les différentes distances de cet astre aux syzygies, c’est-à-dire à l’opposition ou à la conjonction dans le premier quartier, c’est-à-dire depuis la conjonction jusqu’à la premiere quadrature, elle perd un peu de sa vîtesse pour la recouvrer dans le second quartier, & elle en perd encore un peu dans le troisieme pour la recouvrer dans le quatrieme. Tycobrahé a découvert le premier cette inégalité, & l’a nommée variation de la lune. Voyez Variation.

4°. La lune se meut dans une ellipse, dont l’un des foyers est placé dans le centre de la terre, & son rayon vecteur décrit autour de ce point des aires proportionnelles au tems, comme il arrive aux planetes à l’égard du soleil ; son mouvement doit donc être plus rapide dans le périgée, & plus lent dans l’apogée.

5°. L’orbite même de la lune est variable, & ne conserve pas toujours la même figure, son excentricité augmentant quelquefois, & diminuant d’autres fois. Elle est la plus grande, lorsque la ligne des apsides coïncide avec celle des syzygies ; & la plus petite, lorsque la ligne des apsides coupe l’autre à angles droits.

Cela est aisé à reconnoître par les diametres apparens que l’on observe. M. Picard est le premier qui ait découvert que la lune périgée au premier & au second quartier, paroissoit sous un angle d’environ une minute plus petit que lorsqu’elle étoit pleine & périgée ; ce qui a fait connoître la loi sui-

vant laquelle l’excentricité de l’orbite varioit à

chaque lunaison. Il est encore à remarquer que la différence entre la plus grande & la plus petite excentricité, est si grande, que dans le premier de ces deux cas elle excede la moitié cette derniere. Par les observations des éclipses de lune on avoit conclu autrefois la plus petite excentricité de l’orbite de cette planete ; ce qui donnoit pour sa plus grande équation du centre, 5° ou 4° 59′ 30″ ; mais de l’observation de M. Picard il a fallu conclure que l’équation du centre pouvoit être vers le premier ou second quartier de 7d 30′ 0″, & qu’ainsi les deux plus grandes équations qui peuvent arriver, l’une dans la pleine lune, l’autre dans les quadratures, different d’environ 2° 30′.

6°. L’apogée de la lune n’est pas exempt d’irrégularité ; car on trouve qu’il se meut en avant, lorsqu’il coïncide avec la ligne des syzygies, & en arriere, lorsqu’il coupe cette ligne à angles droits. Ces deux mouvemens en avant & en arriere ne sont pas non plus égaux. Dans la conjonction ou l’opposition, le mouvement en avant est assez rapide ; dans les quadratures, ou bien l’apogée se meut lentement en avant, ou bien il s’arrête, ou bien il se meut en arriere.

7°. Le mouvement des nœuds n’est pas uniforme ; mais quand la ligne des nœuds coïncide avec celle des syzygies, les nœuds s’arrêtent. Lorsque les nœuds sont dans les quadratures, c’est-à-dire que leurs lignes coupent celles des syzygies à angles droits, ils vont en arriere d’orient en occident, & M. Neuwton fait voir que c’est avec une vîtesse de 16″ 19‴ 24″″ par heure.

Le seul mouvement uniforme qu’ait la lune, est celui par lequel elle tourne autour de son axe précisément dans le même espace de tems qu’elle employe à faire sa révolution autour de nous dans son orbite, d’où il arrive qu’elle nous présente toujours à-peu-près la même face : nous disons à-peu-près, & non pas exactement ; car comme le mouvement de la lune autour de son axe est uniforme, & que cependant son mouvement ou sa vîtesse dans son orbite est inégale, il arrive de-là que quelque partie du limbe de la lune s’éloigne quelquefois du centre de son disque, & que d’autres fois elle s’en approche, & que quelques parties qui étoient auparavant invisibles, deviennent par-là visibles. Voyez Vibration.

Si la lune décrivoit un cercle autour de la terre, & qu’elle décrivît ce cercle d’un mouvement uniforme dans le même tems qu’elle tourne autour de son axe, assurément ce seroit toujours le plan du même méridien lunaire qui passeroit par notre œil ou par le centre de la terre, & l’on appercevroit exactement chaque jour le même hémisphere. Il suit de ces observations que si la lune est habitée, quelques-uns de ses habitans doivent tantôt voir la terre & tantôt ne la plus voir, que près de la moitié doivent ne la voir jamais, & près de la moitié la voir toujours. Cette espece d’ondulation ou de vacillation de la lune se fait d’abord d’occident en orient, ensuite d’orient en occident ; de sorte que diverses régions qui paroissoient situées vers le bord occidental ou oriental de la lune, se cachent ou se montrent alternativement. On a donné à ce mouvement le nom de libration.

Cette uniformité de rotation produit encore une autre irrégularité apparente ; car l’axe de la lune n’étant point perpendiculaire au plan de son orbite, mais étant un peu incliné à ce plan, & cet axe conservant continuellement son parallelisme dans son mouvement autour de la terre, il faut nécessairement qu’il change de situation, par rapport à un observateur placé dans la terre, & à la vue duquel il