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vant Orléans, parce qu’elles ont plus de pente sous terre, qu’elles sont plus resserrées dans leur canal, & qu’elles viennent plus en droiture que les eaux qui coulent dans le lit de la Loire.

On vante beaucoup dans le pays les paturages des prairies du Loiret, les laitages, & les vins de ses côteaux. L’eau de cette riviere est légere, elle ne gele, dit-on, jamais, du-moins ce doit être très-rarement, parce que c’est une eau souterraine & de sources vives.

Les vapeurs épaisses qui s’élevent du Loiret venant à se répandre sur les terres voisines, les préservent aussi de la gelée, leur servent d’engrais, & conservent la verdure des prairies d’alentour.

Enfin les eaux du Loiret sont d’un verd foncé à la vûe, & celles de la Loire blanchâtres. La raison de ce phénomene procede de la différence du fond, dont l’un a beaucoup d’herbes, & l’autre n’est que du sable qu’elle charrie sans cesse dans son cours. (D. J.)

LOISIR, s. m. (Gramm.) tems vuide que nos devoirs nous laissent, & dont nous pouvons disposer d’une maniere agréable & honnête. Si notre éducation avoit été bien faite, & qu’on nous eût inspiré un goût vif de la vertu, l’histoire de nos loisirs seroit la portion de notre vie qui nous feroit le plus d’honneur après notre mort, & dont nous nous ressouviendrions avec le plus de consolation sur le point de quitter la vie : ce seroit celle des bonnes actions auxquelles nous nous serions portés par goût & par sensibilité, sans que rien nous y déterminât que notre propre bienfaisance.

LOK, s. m. (Marine.) c’est un morceau de bois de 8 à 9 pouces de long, quelquefois de la forme du fond d’un vaisseau ou d’une figure triangulaire qu’on leste d’un peu de plomb pour le fixer sur l’eau à l’endroit où on le jette. On appelle ligne de lok une petite corde attachée à ce morceau de bois, au moyen de laquelle ou mesure le chemin qu’on a fait. Pour cet effet on dévide la ligne ou corde ; sa portion dévidée dans un tems donné, marque l’intervalle du vaisseau au lok. On appelle nœud de la ligne de lok les portions de la ligne distinguées par des nœuds éloignés les uns des autres d’environ 41 piés 8 pouces. Si l’on file trois nœuds dans une demi-minute, on estime le chemin qu’on fait à une lieue par heure. La table du lok est une planche de bois divisée en cinq colonnes : on y écrit avec de la craie l’estime de chaque jour. A la premiere colonne sont les heures de deux en deux ; à la seconde le rumb du vent ou la direction du vaisseau ; à la troisieme la quantité de nœuds filés ; à la quatrieme le vent qui regne ; à la cinquieme les observations sur la variation de l’aiguille aimantée. Ce sont des officiers qui reglent la table de lok.

LOKE, s. m. (Mythol.) nom donné par les anciens peuples du Nord au démon. Suivant leur mythologie Loke étoit le calomniateur des dieux, l’artisan des tromperies, l’opprobre du ciel & de la terre. Il étoit fils d’un géant, & avoit une femme nommée Signie. Il en eut plusieurs fils ; il eut aussi trois enfans de la géante Angerbode, messagere des malheurs ; savoir le loup Fenris, le grand serpent de Midgard, & Hela le mort. Loke faisoit une guerre éternelle aux dieux, qui le prirent enfin, l’attacherent avec les intestins de son fils, & suspendirent sur sa tête un serpent dont le venin lui tombe goutte à goutte sur le visage. Cependant Signie sa femme est assise auprès de lui, & reçoit ces gouttes dans un bassin qu’elle va vuider ; alors le venin tombant sur Loke, le fait hurler & frémir avec tant de force, que la terre en est ébranlée. Telle étoit, suivant les Goths, la cause des tremblemens de terre. Loke devoit rester

enchaîné jusqu’au jour des ténébres des dieux. Voyez l’Edda des Islandois.

LOLARDS, s. m. plur. (Théolog.) nom de secte. Les lolards sont une secte qui s’eleva en Allemagne au commencement du xiv. siecle. Elle prit son nom de son auteur nommé Lolhard Walter qui commença à dogmatiser en 1315.

Lemoine de Cantorbery dérive le mot lolard delolioud qui signifie de l’ivraie, comme si le lolard étoit de l’ivraie semée dans le champ du seigneur. Abelly dit que lolard signifie louant Dieu, apparemment de l’allemand loben, louer, & herr, seigneur ; parce qu’ils faisoient profession d’aller de côté & d’autre en chantant des pseaumes & des hymnes.

Lolard & ses sectateurs rejettoient le sacrifice de la messe, l’extrême-onction & les satisfactions propres pour les péchés, disant que celle de J. C. suffisoit. Il rejettoit aussi le baptême qu’il soutenoit n’avoir aucune efficace, & la pénitence qu’il disoit n’être point nécessaire. Lolard fut brûlé vif à Cologne en 1322.

On appella en Angleterre les sectateurs de Wiclef lolards, à cause que ses dogmes avoient beaucoup de conformité avec ceux de cet hérésiarque. D’autres prétendent qu’ils viennent des lolards d’Allemagne. Voyez Wiclefites.

Ils furent solemnellement condamnés par Thomas d’Arundel archevêque de Cantorbery, & par le concile d’Oxford. Voyez le Dictionn. de Trévoux.

LOLOS, s. m. (Hist. mod.) C’est le titre que les Macassarois donnent aux simples gentilshommes, qui chez eux formoient un troisieme ordre de noblesse. Ce titre est héréditaire, & se donne par le souverain. Les Dacus forment le premier ordre de la noblesse ; ils possedent des fiefs qui relevent de la couronne & qui lui sont dévolus faute d’hoirs mâles ; ils sont obligés de suivre le roi à la guerre avec un certain nombre de soldats qu’ils sont forcés d’entretenir. Les Carrés forment le second ordre : le souverain leur confere ce titre qui répond à celui de comte ou de marquis.

LOMAGNE, la, (Géogr.) ou LAUMAGNE, en latin moderne Leomania ; petit pays de France, en Gascogne, qui fait partie du bas Armagnac ; c’étoit autrefois une vicomté, c’est aujourd’hui une pauvre élection dont le commerce est misérable. (D. J.)

LOMBAIRES, adj. (Anat.) qui appartient aux lombes. Voyez Lombes.

Arteres lombaires sont des branches de l’aorte qui se distribuent aux muscles des lombes. Voy. Aorte & Arteres.

Veines lombaires sont des veines qui rapportent le sang des arteres, & vont se décharger dans le tronc de la veine-cave. Voyez Veines.

Glandes lombaires. Voyez Glandes.

Les nerfs lombaires sont au nombre de cinq paires : ils ont cela de commun qu’ils communiquent ensemble avec le nerf intercostal.

La premiere paire passe entre la premiere & la seconde vertebre des lombes : elle communique avec la premiere dorsale & la seconde lombaire ; elle jette plusieurs rameaux qui se distribuent aux muscles du bas ventre, au muscle psoas, à l’iliac, au ligament de Fallope, au cordon spermatique, &c.

La seconde paire sort entre la deuxieme & la troisieme vertebre des lombes : elle communique avec la premiere paire, & la troisieme paire lombaire avec le nerf intercostal : elle jette plusieurs rameaux, parmi lesquels il y en a qui s’unissent au nerf crural & au nerf obturateur : les autres se distribuent aux muscles psoas, sacro-lombaires, long dorsal, vertébraux obliques, &c. au scrotum, aux glandes inguinales, aux membranes des testicules, &c.