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torales & de la direction des consciences, que les auteurs purement spéculatifs & sans expérience. Dans les matieres de Littérature, on doit présumer en faveur des écrivains qui ont eu la direction de quelque bibliotheque.

7°. Il faut faire attention au tems & au siecle où vivoit l’auteur, chaque âge, dit Barclai, ayant son génie particulier. Voyez Barthol. de lib. legend. dissert. pag. 45. Struv. lib. cit. c. v. parag. 3. pag. 390. Budd. dissert. de crit. boni libri, parag. 7. p. 7. Heuman. comp. reip. litter. pag. 152. Struv. lib. cit. parag. 4. pag. 393. Miscell. Leps. tom. 3. pag. 287. Struv. lib. cit. par. 5. pag. 396 & suiv. Baillet, ch. x. pag. & ch. ix. pag. 378. Id. c. 1. pag. 121 & suiv. Barthol. dissert. 2. pag. 3. Struv. parag. 6. pag. 46. & parag. 15. pag. 404 & 430. Heuman. Via ad histor. litter. c. vij. parag. 7. pag. 356.

Quelques-uns croient qu’on doit juger d’un livre d’après sa grosseur & son volume, suivant la regle du grammairien Callimaque ; que plus un livre est gros, & plus il est rempli de mauvaises choses, μέγα βιβλίον μέγα κακόν. Voyez Barthol. lib. cit. Dissert. 3. pag. 62 & sviv. & qu’une seule feuille des livres des sibylles étoit préférable aux vastes annales de Volusius. Cependant Pline est d’une opinion contraire, & qui souvent se trouve véritable ; savoir, qu’un bon livre est d’autant meilleur qu’il est plus gros, bonus liber melior est quisque, quo major. Plin. epist. 20. lib. I. Martial nous enseigne un remede fort aisé contre l’immensité d’un livre, c’est d’en lire peu.

Si nimius videar, serâque coronide longus
Esse liber, legito pauca, libellus ero.

Ainsi la briéveté d’un livre est une présomption de sa bonté. Il faut qu’un auteur soit ou bien ignorant, ou bien stérile, pour ne pouvoir pas produire une feuille, ni dire quelque chose de curieux, ni écrire si peu de lignes d’une maniere intéressante. Mais il faut bien d’autres qualités pour se soutenir egalement, soit dans les choses, soit dans le style, dans le cours d’un gros volume : aussi dans ceux de cette derniere espece un auteur est sujet à s’affoiblir, à sommeiller, à dire des choses vagues ou inutiles. Dans combien de livres rencontre-t-on d’abord un préambule assommant, & une longue file de mots superflus avant que d’en venir au sujet ? Ensuite, & dans le cours de l’ouvrage, que de longueurs & de choses uniquement placées pour le grossir ! C’est ce qui se rencontre plus rarement dans un ouvrage court où l’auteur doit entrer d’abord en matiere, traiter chaque partie vivement, & attacher également le lecteur par la nouveauté des idées, & par l’énergie ou les graces du style ; au lieu que les meilleurs auteurs mêmes qui composent de gros volumes, évitent rarement les détails inutiles, & qu’il est comme impossible de n’y pas rencontrer des expressions hazardées, des observations & des pensées rebattues & communes. Voyez le Spectateur d’Adisson, n. 124.

Voyez ce qui concerne les livres dans les auteurs qui ont écrit sur l’histoire littéraire, les bibliotheques, les Sciences, les Arts, &c. sur-tout dans Salden. Christ. Liberius, id est Gull. Saldenus, βιβλιοφιλία, sive de libr. scrib. & leg. Hutrecht 1681 in-12 & Amster. dam 1688 in-8°. Struvius, introd. ad hist. litter. c. v. parag. 21. pag. 454. Barthol. de lib. legend. 1671. in-8°. & Francof. 1711 in-12. Hodannus, dissert. de lib. leg. Hanov. 1705. in-8°. Sacchinus, de ratione libros cum profectu legendi. Lips. 1711. Baillet, jugement des Savans sur les principaux ouvrages des auteurs, tome I. Buddeus, de criteriis boni libri. Jenæ 1714. Saalbach, schediasma, de libr. veterum griphis. 1705. in-4°. Fabricius, bibl. ant. c. xix. part. VII. p. 607.

Reimman, idea system. antiq. litter. pag. 229 & suiv. Gabb. Putherbeus, de tollendis & expurgandis malis libris parti. 1549. in-8°. Struvius, lib. cit. c. viij. p. 694 & suiv. Théophil. Raynaud, cromata de bonis & malis libris, Iyon 1683. in-4°. Morhoff, polyhistor. litter. l. I. c. xxxvj. n. 28. p. 117. Schufner, dissert. acad. de multitud. libror. Jenoe, 1702 in-4°. Lauffer, dissert. advers. nimiam libr. multitud. Voyez aussi le journal des savans, tome XV, pag. 572. chr. got. Schwartz, de or. lib. apud veter. Lips. 1705 & 1707. Reimm. idea system. ant. litter. p. 335. Erenius, de libr. scriptor. optimis & utilis. Lugd. Batav. 1704. in-8°. dont on a donné un extrait dans les act. érudit. Lips. ann. 1704. p. 526 & suiv. On peut aussi consulter divers autres auteurs qui ont écrit sur la même matiere.

Censeurs de livres. Voyez Censeur.

Privileges de livres. Voyez Privilege.

Le mot livre signifie particulierement une division ou section de volume. Voyez Section. Ainsi l’on dit le livre de la genese, le premier livre des rois, les cinq livres de Moïse qui sont autant de parties de l’ancien testament. Le premier, le second, le vingtieme, le trentieme livre de l’histoire de M. de Thou. Le digeste contient cinquante livres, & le code en renferme douze. On divise ordinairement un livre en chapitres, & quelquefois en sections ou en paragraphes. Les écrivains exacts citent les chapitres & les livres. On se sert aussi du mot livre, pour exprimer un catalogue qui renferme le nom de plusieurs personnes. Tels étoient parmi les anciens les livres des censeurs, libri censorii. C’étoient des tables ou registres qui contenoient les noms des citoyens dont on avoit fait le dénombrement, & particulierement sous Auguste. Tertullien nous apprend que dans ce livre censorial d’Auguste, on trouvoit le nom de Jesus-Christ. Voyez Tertull. contr. marcion. lib. IV. chap. vij. de censu Augusti quem testem fidelissimum dominicæ nativitatis romana archiva custodiunt. Voyez aussi Lomeier de bibliot. p. 104. Pitisc. l. ant. tom. 2. p. 84. & le mot Dénombrement.

Livre, en terme de Commerce, signifie les différens registres dans lesquels les marchands tiennent leurs comptes. Voyez Compte. On dit, les livres d’un tel négociant sont en bon ordre. Effectivement les commerçans ne pourroient savoir l’état de leurs affaires, s’ils ne tenoient de pareils livres, & d’ailleurs ils y sont obligés par les lois. Mais ils en font plus ou moins d’usage, à proportion du détail plus ou moins grand de leur débit, ou selon la diverse exactitude que demande leur commerce. Voyez Savari, Dict. de Commerc. tom. II. p. 569. au mot Livre.

Les anciens avoient aussi leurs livres de comptes, témoin le codex accepti & expensi, dont il est si souvent fait mention dans les écrivains romains ; & leurs livres patrimoniaux, libri patrimoniorum, qui contenoient le détail de leurs rentes, terres, esclaves, troupeaux, du produit qu’ils en retiroient, des mises & frais que tout cela exigeoit.

Quant aux livres de compte des négocians, pour mieux concevoir la maniere de tenir ce livre, il faut observer que quand une partie a un grand nombre d’articles, il faut en avoir un état séparé & distinct du grand livre. Il faut que cet état séparé soit conforme en tout à celui du grand livre, tant pour les dettes que pour les créances ; que tous les articles portés sur l’un, soient portés sur l’autre, & dans les mêmes termes ; & continuer par la suite, jusqu’à ce que le compte soit soldé, de porter toutes les semaines les nouveaux articles du petit état sur le grand livre, observant de dater tous les articles. Cette attention est nécessaire pour parvenir au balancé du compte total. Au moyen de quoi on trouve tous les articles concernant la même partie ; attendu qu’ils