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me numéro elle ne doive faire une plaie très-dangereuse sur une vessie étroite & raccourcie ? Cependant l’ouverture de l’instrument ne se mesure pas sur le plus ou le moins de capacité de la vessie : c’est le volume de la pierre qui est la regle de l’écartement qu’on donne à la lame tranchante ; & malheureusement ce sont ordinairement dans des vessies étroites que se trouvent les plus grosses pierres. Enfin, pour revenir à la comparaison si défectueuse d’un compas & du lithotome, en traçant un cercle, c’est le compas lui-même qui fixe & assujettit la main ; & dans le cas de la lithotomie, c’est la main qui conduit l’instrument. Le troisieme volume des mémoires de l’académie royale de Chirurgie rapporte les expériences qui ont servi à porter ce jugement du nouveau lithotome.

La lithotomie des femmes a fait l’objet de recherches particulieres qui m’ont conduit à une nouvelle méthode de leur faire l’opération : j’en parlerai au mot Taille. Je vais donner ici la description de mon lithotome, ou instrument spécialement destiné à ma méthode, qui consiste à ouvrir l’uretre par deux sections latérales.

Il a deux parties, dont l’une est le bistouri ou lithotome, voyez Pl. XV. fig. 7, & l’autre un étui ou chappe dans laquelle l’instrument tranchant est caché, ibidem, fig. 2. 5. & 6.

Le bistouri est composé d’une lame & d’une queue ou soie : la lame est longue de deux pouces & demi : les côtés sont bien tranchans, & la pointe mousse. Sa largeur est différente, suivant les différens sujets : elle est de dix lignes pour les plus grands, & de six pour les enfans. La queue ou soie a quatre pouces & demi de long, en y comprenant la piece de pouce faite en cœur ou en treffle : la tige de cette queue a une crête dans toute sa longueur à sa face supérieure.

La seconde partie de l’instrument que j’ai nommée la chappe, est faite de deux pieces jumelles qui jointes ensemble forment une caisse de la même configuration que la lame du bistouri ; cette chappe est vûe de profil, fig. 6. Chacune des pieces qui la composent est terminée par un bec de deux pouces & demi de long, & s’unit en un bouton olivaire pour former conjointement une fonde ou cannule ouverte latéralement pour le passage de l’instrument tranchant. fig. 4. A l’extrémité opposée la chappe fournit, avec le concours des deux pieces, un allongement quadrangulaire long de douze à quatorze lignes, dans lequel passe la soie du lithotome ; il y a une rainure en dedans de la partie supérieure pour loger la crête de la tige du lithotome, & un petit ressort au-dessous de l’avance qui tient à la plaque inférieure, pour gêner un peu cette tige, afin qu’elle ne glisse pas d’elle-même, & que le lithotome soit contenu lors même qu’on ne la soutient pas, lorsque l’incision est faite & qu’on porte les tenettes dans la vessie.

Chaque piece de la chappe a encore des particularités qui la distinguent. La piece supérieure a extérieurement sur son milieu une crête pour servir de conducteur aux tenettes, la piece supérieure, fig. 5, a dans son milieu un anneau auquel est soudé une piece de pouce, & l’on voit sur ses côtés les têtes de vis qui unissent les deux lames de la chappe. Cet instrument est d’argent, & la lame d’acier. Nous expliquerons ses avantages à l’article Taille, opération de Chirurgie. (Y)

LITHOTOMIE, s. f. terme de Chirurgie, opération par laquelle on tire la pierre de la vessie. Voyez l’étymologie de ce terme au mot Lithotome, & le détail des différentes manieres de pratiquer la lithotomie au mot Taille, opération de Chirurgie. (Y)

LITHOXYLON, s. m. (Hist. nat.) nom donné par plusieurs naturalistes au bois pétrifié.

LITHROS, (Géog. anc.) montagne de la petite Arménie, selon Strabon, liv. XII. pag. 556. Orte-

lius en a fait une ville, faute d’avoir entendu le passage

de cet ancien géographe. (D. J.)

LITHUANIE, (Géog.) les Allemands nomment la Lithuanie, Lithaw ; quelques écrivains du moyen âge l’appellent en latin, Lithavia, Litavia, & les habitans, Lithavi ou Litavi. Ils ont remplacé les anciens Gélons, qui faisoient partie des Scythes.

C’est un grand pays de l’Europe, autrefois indépendant, & présentement uni à la république & à la couronne de Pologne, avec titre de grand duché.

Il a environ 150 lieues de long, & 100 lieues de large ; il est borné au nord par la Livonie, la Courlande, & partie de l’empire Russien ; à l’orient par le même empire ; au sud-est & au midi par la Russie polonoise ; au couchant par les palatinats de Lublin & de Poldaquie, le royaume de Prusse, & la mer Baltique.

Hartnoch nous a donné en latin la description de ce pays si long-tems inconnu ; mais son ancienne histoire est ensevelie dans la plus profonde obscurité.

Nous savons seulement en général que les ducs de Russie subjuguerent la Lithuanie dans les siecles barbares, & l’obligerent à lui payer un tribut qui consistoit en faisceaux d’herbes, en feuilles d’arbres, & en une petite quantité de chaussures faites d’écorces de tilleul. Ce tribut parut rude aux Lithuaniens, apparemment par la maniere dure dont on le levoit ; car il n’étoit pas difficile à payer. Quoi qu’il en soit, leur chef Erdivil prit les armes, secoua le joug, se rendit maître d’une partie de la Russie en 1217, & exigea des Russes le même tribut que la Lithuanie leur payoit précédemment.

Ringeld, un des successeurs d’Erdivil, ayant poussé ses conquêtes dans la Prusse, dans la Mazovie, & dans la Pologne, prit le titre de grand duc de Lithuanie. Mendog qui succéda à Ringeld, marcha sur ses traces ; mais à la fin les pillages continuels qu’il faisoit sur ses voisins, attirerent leur haine, & les chevaliers Teutoniques profitant des circonstances favorables, l’attaquerent si vivement, que Mendog pour sauver ses propres états, se déclara chrétien, & se mit avec son duché sous la protection d’Innocent IV. qui tenoit alors le siége de Rome.

Ce pontife qui venoit de déclarer de sa propre autorité, Haquin roi de Norwégue, en le faisant enfant légitime, de bâtard qu’il étoit, n’hésita pas de protéger Mendog, & voulant imiter en quelque maniere la grandeur de l’ancien sénat romain, il le créa roi de Lithuanie, mais roi relevant de Rome. « Nous recevons, dit-il, dans sa bulle du 15 Juillet 1251, ce nouveau royaume de Lithuanie, au droit & à la propriété de Saint Pierre, vous prenant sous notre protection, vous, votre femme, & vos enfans ».

Cependant la Lithuanie ne fut point encore un royaume, malgré l’érection du pape. Mendog même abandonna bientôt le Christianisme, & reprit la Courlande sur les chevaliers Teutoniques affoiblis. Les successeurs de Mendog maintinrent ses conquêtes, & les étendirent.

L’un d’eux, Jagellon s’étant rendu redoutable à la Pologne, & craignant les vicissitudes de la fortune, offrit aux Polonois de recevoir le baptême, & d’unir à ce royaume le duché de Lithuanie, en épousant la reine Hedwige. Les Polonois accepterent ses offres ; Jagellon fut baptisé à Cracovie le 12 Février 1386. Il prit le nom d’Uladislas, épousa Hedwige, & fut proclamé roi de Pologne : par ce moyen la Lithuanie fut unie à la Pologne, & le Paganisme qui avoit regné jusqu’au tems de Jagellon en Lithuanie, peut-être plus superstitieusement que chez aucun peuple du monde, s’abolit insensible-