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née, il n’y auroit plus d’incertitude dans les époques ni dans la Chronologie. On suppose que la premiere année de la période julienne avoit 1 de cycle solaire, 1 de cycle lunaire, & 1 d’indiction.

On peut proposer sur la période julienne un autre problème qui a fort exercé les Chronologistes. Etant donnée l’année du cycle solaire, celle du cycle lunaire & celle de l’indiction, on propose de trouver l’année de la période julienne.

On multipliera le nombre 3845 par le nombre du cycle solaire, le nombre 4200 par le nombre du cycle lunaire, & le nombre 6916 par l’année de l’indiction. Ensuite on divisera la somme des trois produits par 7980, & négligeant le quotient, le reste sera l’année de la période julienne. Exemple. Soit pris l’année 1718, le nombre du cycle solaire 19, celui du cycle lunaire 9, & de l’indiction 11, si on multiplie 4845 par 19, le produit sera 92055 ; de même si on multiplie 4200 par 9, le produit sera 37800 ; enfin si on multiplie 6916 par 11, le produit sera 76076. Or la somme des produits est 205931, qui étant divisée par 7980, & négligeant le quotient, le reste sera 6431, qui marque que l’année 1718 est la 6431e de la période julienne ; voici la raison de cette pratique. Le nombre 4200 est le produit de 28 par 150, ou de 15 par 280, ou de 19 par 221, en ajoûtant 1 à ce dernier produit ; le nombre 4845 est le produit de 19 par 255, ou de 15 par 323, ou de 28 par 173, en ajoûtant 1 à ce dernier produit ; le nombre 6916 est le produit de 19 par 364, ou de 28 par 247, ou de 15 par 461, en ajoûtant 1 à ce dernier produit ; donc si on multiplie 4200 par le cycle lunaire donné 9, ce produit pourra se diviser exactement par 28 & par 15, c’est à-dire par le cycle solaire & le cycle des indictions, mais en le divisant par 19, qui est le cycle lunaire il restera 9 ; car 4200 multiplie par 9, est égal à 28 multiplié par 9 & par 150, ou à 15 multiplié par 9 & par 280, ou à 19 multiplié par 9 & par 221, auquel produit il faudra ajoûter 9. On verra par la même raison, que si on multiplie par 4845 le nombre 19 du cycle solaire 9, le produit se divisera exactement par 19 & par 15, mais que divisant par 28 il doit rester 19 : & enfin que si on multiplie le nombre 11 de l’indiction par 6916, le produit pourra se diviser exactement par 28 & par 19, mais que divisant par 15, il restera 11. On démontrera de même que la regle que nous avons donnée est générale, quels que soient les nombres donnés du cycle solaire, du cycle lunaire & de l’indiction.

Au reste il est clair que la difficulté de ce problème & de tous les autres semblables, se réduit à trouver un nombre qui, divisé par 28 il reste 19, divisé par 19 il reste 9, & divisé par 15 il reste 11. M. Euler a donné dans le tome VII. des Memoires de l’académie de Pétersbourg une méthode générale pour résoudre ces sortes de questions, quels que soient les nombres par lesquels il faut faire la division, & en quelque quantité que soient ces nombres, & quels que doivent être les restes. Voyez le tome VII. des Mém. acad. de Petersbourg, pag. 46. Il est encore bon de remarquer que ces questions sont en quelque maniere indéterminées, & qu’elles ont une infinité de solutions, si on les prend dans toute leur généralité. Car, par exemple, après avoir trouvé que l’année 16431 de la période julienne est celle qui a 19 de cycle solaire, 9 de cycle lunaire & 11 d’indiction, on trouve que l’année 6431, plus 7980 ou 6431, plus deux fois 7980 ; ou 6431, plus trois fois 7980 & ainsi à l’infini, ont les mêmes nombres de cycle solaire, de cycle lunaire, & de cycle d’indiction. Mais ces années appartiendroient à de nouvelles révolutions de la période julienne ; de sorte

que pour trouver l’année de la période julienne à laquelle répond une année proposée qui a 19, 9 & 11 de cycles, il faut non-seulement trouver un nombre qui étant successivement divisé par 28, 19 & 15, il reste 19, 9 & 11 ; il faut encore que ce nombre soit le plus petit qu’il soit possible parmi tous ceux qui ont cette propriété, tel est dans la question présente le nombre 6431, & alors le problème dont il s’agit est déterminé, & n’a qu’une seule solution.

La période julienne est la même que la période ou époque constantinopolitaine, dont les Grecs se servent, avec cette différence que les cycles solaires, lunaires & des indictions s’y comptent autrement, & que la premiere année de cette époque est différente de la premiere année de la période Julienne. Voyez Epoque.

Quelques auteurs, dans leurs tables astronomiques ou dans leurs éphémérides, comptent les années suivant cette période ; mais quoique Kepler & Bouillaud en ayent fait usage, cependant c’est dans l’Astronomie de Mercator publiée en 1676, qu’on s’en sert uniquement. Instit. Astron. de M. Le Monnier.

La période julienne est le produit de la période dyonisienne par 15. Voyez Période. (O)

Julienne, (Botan.) hesperis, genre de plante qu’on caractérise ainsi. Sa fleur est d’ordinaire à quatre pétales en forme de croix. Du calice s’eleve le pistil qui devient une gousse longue, unie, conique, à deux panneaux divisés en deux cellules, séparés par une cloison intermédiaire, & pleines de semences oblongues, sphériques ou cylindriques.

M. de Tournefort compte vingt-six especes de julienne, dont nous décrirons la plus commune, hesperis hortensis : Elle porte à la hauteur de deux piés des tiges rondes, veluës, remplies de moëlle. Ses feuilles sont rangées alternativement le long des tiges ; elles ressemblent à celles de la roquette, mais elles sont moins découpées ; d’ailleurs elles sont dentelées en leurs bords, pointues, cotonneuses, d’un verd noirâtre, & d’un goût un peu âcre. Il sort de leurs aisselles de petits rameaux qui portent des fleurs approchantes de celles du girofflier, belles, jaunes, composées chacune de quatre pétales disposés en croix, tantôt blancs, tantôt purpurins, tantôt de couleurs diversifiées, comme blanches avec des taches purpurines. Ces fleurs répandent une odeur suave, très-agréable ; il leur succede des siliques lisses, renfermant des semences oblongues ou rondelettes, rougeâtres & âcres : ses racines sont petites, ligneuses & blanches.

La julienne differe principalement du girofflier par ses gousses qui sont cylindriques & non pas applaties ; & par ses graines qui sont enflées, non bordées d’une aile, & qui de plus sont reçûes dans des creux de la cloison intermédiaire.

Les juliennes que les Fleuristes cultivent principalement, ce sont celles à fleur pourpre, blanche, panachée, soit simple, soit double, sur-tout ces dernieres. En effet la julienne blanche double, hesperis hortensis, flore albo, pleno, H. R. P. n’est point inférieure en beauté à la plus belle girofflée. Toutes les juliennes fleurissent en Mai, & les juliennes simples perfectionnent leurs graines en Août.

Les juliennes se multiplient de graine, de bouture, ainsi que de plan enraciné. Il faut les semer en Mars, soit en planche, soit en pots dans une terre meuble, non fumée, & couverte d’un bon doigt de terreau. Si on veut avoir des juliennes de bouture, on coupe des branches contre le pié ; quand les fleurs sont passées, on les fiche en terre & on les arrose ; on les met ensuite à l’ombre pendant quelques jours, & l’année suivante on les replante où l’on juge à propos.