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teur, & son intelligence sublime. On peut (M. de Fontenelle la remarqué dans son éloge) on peut lui appliquer ce que Lucain dit du Nil, dont les anciens ignoroient la source : qu’il n’a pas été permis aux hommes de voir Newton foible & naissant. Il a vécu 85 années, toujours heureux, & toujours vénéré dans sa patrie ; il a vû son apothéose ; son corps après sa mort fut exposé sur un lit de parade ; ensuite on le porta dans l’abbaye de Westminster ; six d’entre les premiers pairs d’Angleterre soutinrent le poële, & l’évêque de Rochester fit le service, accompagné de tout le clergé de l’église : en un mot on enterra Newton à l’entrée du chœur de cette cathédrale, comme on enterreroit un roi qui auroit fait du bien au monde.

Hîc situs ille est, cui rerum patuerê recessus,
Atque arcana poli.

LINDAU, en latin Landivia & Lindavium, (Géog.) ville libre & impériale, dans la Souabe, avec une célebre abbaye de chanoinesses, sur laquelle on peut voir le P. Helyot, tom. VI. chap. liij.

On attribue la fondation de cette abbaye à Albert, maire du palais de Charlemagne, qui prit soin de la doter & de l’enrichir. Avec le tems, l’abbêsse devint princesse de l’empire, & eut son propre maire elle-même. Les chanoinesses de cette abbaye font preuve de trois races, ne portent aucun habit qui les distingue, peuvent se marier, & ne sont tenues qu’à chanter au chœur, & à dire les heures canoniales. Quoique la ville de Lindau soit luthérienne, elle n’en vit pas moins bien avec l’abbesse & les chanoinesses, qui sont bonnes catholiques.

Cette ville qui est une vraie république, & qui entr’autres privileges, jouit du droit de battre monnoie, a pour chef un bourgmestre, & un stad-amman, qu’elle élit tous les deux ans du corps des patriciens ou des plébéiens, pour gouverner avec le sénat, & huit tribuns du peuple, sans l’aveu desquels tribuns on ne peut résoudre aucune affaire importante, comme de religion, de guerre, de paix, ou d’alliance. On change les magistrats tous les ans.

La situation de cette petite ville n’est pas moins avantageuse que celle de son gouvernement ; elle est dans une île du lac de Constance, dont le tour est de 4 milles 450 pas proche la terre-ferme, à laquelle elle est attachée par un pont de pierre, long de 290 pas, entre l’Algow au couchant, la Suisse au levant, les Grisons au midi, & le reste de la Souabe au nord ; en sorte qu’elle paroît comme l’étape des marchandises de diverses nations. Ceux de Souabe & de Baviere y font des amas de froment, de sel & de fer, qu’ils vendent ensuite aux Suisses & aux Grisons. On y porte des montagnes de Suisse, d’Appenzel, & des Grisons, du beurre, du fromage, des planches, des chevrons, & autres marchandises qui passent par Nuremberg & par Augsbourg, pour être conduites en Italie. Sa position est à 5 lieues S. E. de Buckhorn, 10 S. de Constance, 30 S. O. d’Augsbourg. Long. selon Gaube, 26d. 21′. 30″. Lat. 51. 30.

LINDES, Lindus ou Lindos, (Géog. anc.) ancienne ville de l’île de Rhodes, selon tous les auteurs, Strabon, l. XIV. Pomponius Méla, l. II. c. vij. Pline, l. V. c. xxxj. & Ptolomée, l. V. c. ij. Diodore de Sicile en attribue la fondation à Tlépoleme fils d’Hercule, & d’autres aux Héliades, petits-fils du Soleil. Quoi qu’il en soit de l’origine fabuleuse de cette ville, elle eut le bonheur de se conserver, & de n’être point absorbée par la capitale. Eustathe dit que de son tems elle avoit encore de la réputation. Elle se glorifioit de son temple, dont Minerve avoit pris le surnom de Lindienne, & d’être la patrie de Cléobule, un des sept sages de la Grece,

mort sous la 70 olympiade, homme célebre par sa figure, par sa bravoure, par ses talens, & par son aimable fille Cléobuline.

Lindes étoit une place importante, du tems que les chevaliers hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem possédoient l’île de Rhodes ; elle étoit défendue par une forteresse, & un bon port au pié, avec une grande baie d’un fond net, ferme & sabloneux.

LINDISFARNE, Lindisfarna, lindisfarnensis insula, (Géog.) île d’Angleterre, sur la côte de Northunberland ; elle perdit le nom de Lindisfarne, pour prendre d’abord celui de Haligeland, & ensuite celui de Holy-Island, qu’elle porte aujourd’hui, & qui signifie pareillement île sainte. Le nom de Lindisfarne dérive du breton, lyn un lac, un marais. Voyez sur l’île même, le mot Holy-Island, (Géog.)

LINDKOPING, Lidoe-forum, (Géog.) petite ville de Suede, dans la Westro-Gothie, sur le lac Waner, à l’embouchure de la Lida dans ce lac, à 2 milles N. O. de Skara, 30 N. O. de Falkoping, 28 S. O. de Mariestad. Long. selon Celsius, 38. 54. 5. lat. 58. 25.

LINDSEY, (Géog.) contrée d’Angleterre en Lincolnshire, dont elle fait une des trois parties ; elle a conservé l’ancien nom de cette province, qui s’appelloit en latin Lindissa.

LINÉAIRE, adj. (Mathémat.) Un problème linéaire est celui qui n’admet qu’une solution, ou qui ne peut être résolu que d’une seule façon. Voyez Problème, & Déterminé.

On peut définir plus exactement encore le problème linéaire, celui qui est résolu par une équation qui ne monte qu’au premier degré ; comme si l’on demande de trouver une quantité x qui soit égale à , on aura l’équation linéaire ou du premier degré, , & le probleme linéaire. Comme toutes les équations qui ne montent qu’au premier degré n’ont qu’une solution, & que toutes les autres en ont plusieurs, on voit que cette seconde définition revient assez à la premiere. Il faut cependant y mettre cette restriction, qu’un problème linéaire n’a véritablement qu’une solution possible ou imaginaire ; au lieu qu’il y a des problèmes qui n’ont réellement qu’une solution possible, quoiqu’elles en ayent plusieurs imaginaires ; ce qui arrive si l’équation qui donne la solution du problème est d’un degré plus élevé que l’unité, & qu’elle n’ait qu’une racine réelle & les autres imaginaires. Voyez Equation & Racine. Par exemple, cette équation , n’a qu’une solution possible, savoir x = a, mais elle en a deux imaginaires, savoir Ainsi le problème n’est pas proprement linéaire. Equation linéaire est celle dans laquelle l’inconnue n’est élevée qu’au premier degré. Voyez Dimension.

Les quantités linéraires sont celles qui n’ont qu’une dimension : on les appelle linéraires par les rapports qu’elles ont aux simples lignes, & pour les distinguer des quantités de plusieurs dimensions qui représentent des surfaces ou des solides. Ainsi a est une quantité linéraire, au lieu que le produit ab est une quantité de deux dimensions qui représente le produit de deux lignes ab, c’est-à-dire un parallélogramme dont a seroit la hauteur & b la base. Cependant l’expression ab est quelquefois linéraire, par exemple quand elle désigne une quatrieme proportionnelle aux trois quantités 1, a, b ; car l’on a en ce cas 1, , ; ainsi ab exprime alors une simple ligne, ce qu’il faut bien observer, le dénominateur 1 étant sous entendu. Voyez Division & Multiplication. (O)

LINÉAL, adj. (Jurispr.) se dit de ce qui est dans l’ordre d’une ligne. Une substitution est graduelle &