Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 9.djvu/553

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mais que nous n’employons que pour le dernier, parce qu’elle est très-inférieure pour le premier à la bonne huile d’olives & à l’huile d’amandes douces, qui sont presque les seules que nous employons intérieurement. Au reste, l’huile de lin n’a dans aucun cas que les qualités génériques des huiles par expression. Voyez à l’article Huile. (b)

LINAIRE, s. f. linaria, (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur monopétale, anomale, en forme de masque terminé en-arriere par une queue, divisée par-devant en deux levres ; celle du dessus est découpée en deux ou en plusieurs parties, & la levre du dessous en trois parties : le pistil est attaché comme un clou à la partie postérieure de la fleur, & devient dans la suite un fruit ou une coque arrondie, divisée en deux loges par une cloison, & remplie de semences qui sont attachées à un placenta, & qui sont plates & bordées dans quelques especes de ce genre, rondes & anguleuses dans d’autres. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

On vient de lire les caracteres de ce genre de plante, qu’il importe aux gens de l’art de connoître parce que plusieurs auteurs ont rangé mal-à-propos parmi les linaires, des plantes qui appartenoient à d’autres genres. M. de Tournefort compte 57 especes de celui-ci. Arrêtons-nous à notre seule linaire commune, en anglois toad-flax, & par les Botanistes, linaria vulgaris, ou lintea, flore majore, C. B. P. 212. H. 170.

Ses racines sont blanches, dures, ligneuses, rempantes, & fort traçantes ; il sort de la même racine plusieurs tiges hautes d’un pié, ou d’une coudée, cylindriques, lisses, d’un verd de mer, branchues à leur sommet, garnies de beaucoup de feuilles, placées sans ordre, étroites, pointues, semblables à celles de l’ésule ; de sorte que si elles avoient du lait, il seroit difficile de l’en distinguer. Avant qu’elle fleurisse, ses fleurs sont au sommet des tiges & des rameaux, rangées en épi, portées chacune sur un pédicule court, qui sort de l’aisselle des feuilles ; elles sont d’une seule piece, irrégulieres, en masque jaune, prolongées à la partie postérieure, en éperon, en maniere de corne, oblong, pointu de même que celle du pié d’alouette ; & c’est en cela qu’elles different des fleurs du mufle de veau ; elles sont partagées en deux levres par-devant, dont la supérieure se divise en especes de petites oreilles, & l’inférieure en trois segmens. Leur calice est petit, découpé en cinq quartiers ; il en sort un pistil attaché à la partie postérieure de la fleur, en maniere de clou. Ce pistil se change dans la suite en un fruit à deux capsules, ou en une coque arrondie, partagée en deux loges par une cloison mitoyenne, & percée de deux trous à son extrémité. Quand elle est mûre, elle est remplie de graines plates, rondes, noires, bordées d’un feuillet.

La saveur de cette plante est un peu amere & un peu âcre ; elle est fréquente sur le bord des champs, & dans les pâturages stériles. Son odeur est fétide, appésantissante ou somnifere ; on en fait rarement usage intérieurement, mais c’est un excellent anodin extérieur pour calmer les douleurs des hémorrhoïdes fermées, soit qu’on l’emploie en cataplasme ou en liniment. (D. J.)

Linaire, (Mat. med.) plante presque absolument inusitée, dont plusieurs medecins ont dit cependant de fort belles choses. Voici par exemple, une partie de ce qu’en dit Tournefort, hist. des plantes des environs de Paris, herb. 1. La linaire résout le sang ou les matieres extravasées dans les porosités des chairs, & ramollit en même tems les fibres dont la tension extraordinaire cause des douleurs insupportables dans le cancer. L’onguent de linaire est excellent pour appaiser l’inflammation des hémor-

rhoïdes : voici comment on le prépare ; on fait

bouillir les feuilles de cette plante dans l’huile où l’on a fait infuser des escarbots ou des cloportes : on passe l’huile par un linge, & l’on y ajoute un jaune d’œuf durci, & autant de cire neuve qu’il en faut pour donner la consistence d’onguent. Cet auteur rapporte, d’après Hortius, une fort bonne anecdote, à propos de cet onguent. Il dit qu’un landgrave de Hesse donnoit tous les ans un bœuf bien gras à Jean Vultius son medecin, pour lui avoir appris ce secret. Cette récompense, toute bisarre & peu magnifique qu’elle peut paroître, étoit cependant bien au-dessus du service rendu. Cet onguent de linaire que nous venons de décrire, est un mauvais remede ; ou pour le moins la linaire en est-elle un ingrédient fort inutile. Voyez Huile & Onguent. (b)

LINANGES, (Géog.) les Allemands disent & écrivent Leinengen, petit pays d’Allemagne enclavé dans le bas-Palatinat, avec titre de comté. (D. J.)

LINCE, s. f. (Commerce.) sorte de satins de la Chine, ainsi appellés de la maniere dont ils sont pliés.

LINCEUL, s. m. (Gram.) ce mot avoit autrefois une acception assez étendue ; il se disoit de tout tissu de lin, de toutes sortes de toile ; à présent il ne se dit plus que du drap dont on nous enveloppe après la mort ; l’unique chose de toutes nos possessions que nous emportions au tombeau.

LINCHANCHI, (Géog.) ville de l’Amérique, dans la nouvelle Espagne, au pays d’Incatan, à 4 lieues de Selam. Long. 289. 45. lat. 20. 40. (D. J.)

LINCOLN, (Géog.) ville d’Angleterre, capitale de Lincolnshire, avec un évêché suffragant de Cantorberi, & titre de comté. Elle envoie deux députés au parlement. Son nom latin est Lindum, & par les écrivains du moyen âge, Lindecollinum, ou Lindecollina, selon Bede. Le nom breton est Lindecylne, dont la premiere syllabe signifie un lac, un marais. Les anciens peuples de l’île l’appelloient Lindcoit, à cause des forêts qui l’environnoient. Les Saxons la nommoient Lin-cyllanceartep, & les Normands, Nichol.

Cette ville a été quelquefois la résidence des rois de Mercie. Elle est sur le Witham, à 24 milles N. E. de Nottingham, 39 N. de Pétersboroug, 51 S. d’York, 105 N de Londres. Long. selon Street, 19d 40′ 49″. lat. 53. 15.

LINCOLNSHIRE, (Géogr.) pays des anciens Coritains, aujourd’hui province maritime d’Angleterre, bornée à l’est par l’océan germanique. Elle a 180 milles de tour, & contient environ 174 mille arpens. C’est un pays fertile, & très-agréable du côté du nord & de l’ouest. L’Humber qui sépare cette province d’Yorkshire, & la Trente qui en sépare une partie du Nottinghamshire, sont ses deux premieres rivieres, outre lesquelles il y a le Wittham, le Neu, & le Wéland, qui la traversent. Cette province, l’une des plus grandes d’Angleterre, est divisée en trois parties nommées Lindsey, Holland, & Kesteven. Lindsey qui est la plus considérable, contient les parties septentrionales ; Holland est au sud-est, & Kesteven à l’ouest de Holland. Ses villes principales sont Lincoln capitale, Boston, Grimsby, Grantham, Kirton, & Ganesboroug.

La province de Lincoln doit à jamais se glorifier d’avoir produit Newton, cette espece de demi-dieu, qui le premier a connu la lumiere, & qui à l’âge de 24 ans, avoit déja fait toutes ses découvertes, celle-là même du calcul des fluxions, ou des infiniment petits ; il se contenta de l’invention d’une théorie si surprenante, sans songer à s’en assurer la gloire, sans se presser d’annoncer à l’univers son génie créa-