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fois que Montmaur dînoit chez le chancelier Seguier, on laissa tomber sur lui un plat de potage en desservant. Il sut se posséder à merveille, & dit en regardant le chancelier, qu’il soupçonna d’être l’auteur de cette piece ; summum jus, summa injuria ; cette prompte allusion qu’on ne peut rendre en françois est des plus ingénieuses. Enfin les raisons de la conspiration générale contre le malheureux Montmaur, ne sont pas parvenues jusqu’à nous.

Le pape Grégoire XI. limousin comme lui, n’avoit pas autant d’esprit & d’érudition. « On sait les ressorts ridicules qu’employerent les Florentins pour lui persuader de quitter Avignon, & de venir résider à Rome. Ils lui députerent sainte Catherine de Sienne, qui prétendoit avoir épousé J. C. & ils y joignirent les révélations de sainte Brigite, à laquelle un ange dicta plusieurs lettres pour le pontife. Il céda & transfera le saint siége d’Avignon à Rome au bout de 72 ans ; mais ce ne fut pas sans plonger l’Europe dans de nouvelles dissensions, dont il ne fut pas le témoin ; car il mourut l’année suivante 1378 ». Essai sur l’Histoire générale, tome II. (D. J.)

LIMPIDE, adj. LIMPIDITÉ, s. (Gram.) ils ne se disent guere que des fluides : ils en marquent la clarté, la pureté, & l’exrème transparence, Voyez Transparent.

LIMPOURG, ou LIMPURG, Limpurgum, (Géogr.) petite ville d’Allemagne dans la Wétéravie, autrefois libre & impériale, mais depuis sujette à l’électeur de Trèves. Elle est entre le Wetslar & Nassau, à trois milles germaniques de cette derniere. Long. 25. 48. lat. 58. 18. (D. J.)

LIMUS, s. m. (Hist. anc.) espece d’habillement, tel que les victimaires en étoient revêtus dans les sacrifices. Il prenoit au nombril, & descendoit sur les piés, laissant le reste du corps nud. Il étoit bordé par en bas d’une frange de pourpre en falbalas. Limus signifie oblique. Il y avoit des domestiques qu’on appelloit limocincti, de leur habit & de leur ceinture.

LIMYRE, Lymira, (Géog. anc.) ville d’Asie dans la Lycie, située sur les bords d’une riviere du même nom. Limyre, est bien connue dans l’histoire, parce que ce fut dans cette ville, dit Velleius Paterculus, liv. II. thap. cij. que mourut de maladie, l’an 757 de Rome, Caius César, fils d’Agrippa & de Julie, la seule héritiere du nom des Césars. La naissance de ce prince, célébrée dans tout l’empire par des réjouissances publiques en 734, donnoit à Auguste un petit-fils qui pouvoit le consoler de la perte de Marcellus ; mais pour le malheur de l’empereur, Caius n’eut pas une plus heureuse destinée. (D. J.)

LIN, linum, s. m. (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur en œillet ; elle a plusieurs pétales disposés en rond, qui sortent d’un calice composé de plusieurs feuilles, & ressemblant en quelque sorte à un tuyau ; il sort aussi de ce calice un pistil qui devient ensuite un fruit presque rond, terminé pour l’ordinaire en pointes & composé de plusieurs capsules ; elles s’ouvrent du côté du centre du fruit, & elles renferment une semence applatie presqu’ovale, plus pointue par un bout que par l’autre. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

Lin, (Botan.) Des 31 especes de lin que distingue Tournefort, nous ne considérerons que la plus commune, le lin ordinaire qu’on seme dans les champs, & qui est nommé par les Botanistes, linum sativum, vulgare, ceruleum, en Anglois manur’d-flax.

Sa racine est fort menue, garnie de peu de fibres ; sa tige est cylindrique, simple le plus souvent, creuse, grêle, lisse, haute d’une coudée ou d’une coudée & demie, branchue vers le sommet. Cette tige est revêtue d’une écorce rude ; on a découvert en la battant, qu’elle est composée d’un grand nombre de

fils très-déliés. Ses feuilles sont pointues, larges de deux ou trois lignes, longues d’environ deux pouces, placées alternativement, ou plutôt sans ordre sur la tige, molles, lisses. Ses fleurs sont jolies, petites, peu durables, & d’un beau bleu. Elles naissent au sommet des tiges, portées sur des pédicules grêles, assez longs. Elles sont disposées en œillet, composées chacune de cinq pétales, arrondis à leur bord, & rayés. Leur calice est d’une seule piece en forme de tuyau, découpé en cinq parties.

Le pistil qui s’éleve du fond du calice, devient un fruit de la grosseur d’un pois chiche, presque sphérique, & terminé en pointe. Ce fruit est composé de plusieurs capsules en dedans qui s’ouvrent du côté du centre ; elles sont remplies de graines applaties, presqu’ovalaires, obtuses d’un côté, pointues de l’autre, lisses, luisantes, & d’une couleur fauve, tirant sur le pourpre.

On seme le lin dans les champs ; il fleurit au mois de Juin. Sa graine seule produit un trafic considérable, indépendamment de son emploi en Médecine ; mais la culture de la plante est bien précieuse à d’autres égards. De sa petite graine, il s’éleve un tuyau grêle & menu, qui étant brisé, se réduit en filamens, & acquiert par la préparation la mollesse de la laine. On la file ensuite pour la couture, les points ou les dentelles. Enfin, on en fait la toile & le papier qui sont d’un usage immense, & qu’on ne sauroit assez admirer. Voyez donc Lin, (Agriculture.) (D. J.)

Lin sauvage purgatif, (Botan.) il est appellé linum catharticum, ou linum sylvestre catharticum, par la plûpart des botanistes, linum pratense, flosculis exiguis, par B. C. P. 21, & par Tournefort J. R. H. 340 ; en anglois purging flax.

Sa racine est menue, blanche, ligneuse, garnie de quelques fibriles. Ces tiges sont fort grêles, un peu couchées sur terre, mais bientôt après elles s’élevent à la hauteur d’une palme & plus. Elles sont cylindriques, rougeâtres, branchues à leur sommet, & penchées. Ses feuilles inférieures sont arrondies & terminées par une pointe mousse ; celles du milieu & du haut des tiges, sont opposées deux à deux, nombreuses, petites, longues d’un demi-pouce, larges de deux ou trois lignes, lisses & sans queue. Ses fleurs sont portées sur de longs pédicules ; elles sont blanches, en œillets, à cinq pétales, pointus & entiers. Elles sont garnies de cinq étamines jaunes, renfermées dans un calice à cinq feuilles. Les capsules séminales qui succedent à la fleur sont petites, cannelées, & contiennent une graine luisante, applatie, oblongue, semblable à celle du lin ordinaire, mais plus menue.

Le lin sauvage croît aux lieux élevés, secs, comme aussi dans les champs parmi les avoines, & fleurit en Juin & Juillet.

Cette plante paroît contenir un sel essentiel tartareux, vitriolique, uni à une grande quantité d’huile fétide. Elle est d’un goût amer, desagréable, & qui excite des nausées. On en fait peu d’usage, parce qu’elle purge violemment, & presque aussi fortement que la gratiole. Le médecin qui s’en serviroit pour l’hydropisie, ne doit jamais la donner que dans les commencemens du mal, & à des corps très-robustes. (D. J.)

Lin incombustible, (Hist. nat.) c’est un des noms de l’amiante. Voyez Amiante.

Vous trouverez dans cet article les observations les plus vraies & les plus importantes sur cette substance minérale.

Sa nature est très-compacte & très-cotonneuse. Toutes ses parties sont disposées en fibres luisantes, & d’un cendré argentin, très-déliées, arrangées en lignes perpendiculaires, unies par une matiere ter-