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laxative en quatre prises, que l’on boit de deux en deux heures.

Pour faire dans le scorbut un gargarisme propre aux gencives, on peut prendre esprit de cochléaria & esprit de vin, ana une once, suc de limon deux onces, eau de cresson quatre onces, mais il est aisé de combiner & de multiplier, suivant les cas, ces sortes d’ordonnances à l’infini.

Les limons sont plus acides au goût, que les oranges & les citrons ; c’est pourquoi il est vraissemblable, qu’ils sont plus rafraichissans. Du reste, tout ce qu’on a dit du citron, de ses vertus, de ses usages & de ses préparations, s’applique également au fruit du limonnier.

Il abonde dans les îles orientales & occidentales. On trouve en particulier à Tunquin, deux sortes de limons, les uns jaunes, les autres verds ; mais tous si aigres, qu’il n’est pas possible d’en manger, sans se gâter l’estomac. Ces fruits ne sont pas cependant inutiles aux Tunquinois, ni aux autres peuples des Indes. Non-seulement ils s’en servent, comme nous de l’eau-forte, pour nettoyer le cuivre, le laiton & autres métaux, quand ils veulent les mettre en état d’être dorés ; mais aussi pour les teintures, & surtout pour teintures en soie.

Un autre usage qu’ils en tirent, est pour blanchir le linge ; l’on en met dans les lessives, particulierement des toiles fines, ce qui leur donne un blanc & un éclat admirable, comme on peut le remarquer principalement dans toutes les toiles de coton du Mogol, qui ne se blanchissent qu’avec le jus de ces sortes de limons.

Nos teinturiers se servent aussi du suc de limon en Europe, pour changer diverses couleurs & les rendre plus fixes. Les lettres que l’on écrit avec ce suc sur du papier, paroissent lorsqu’on les approche du feu. C’est une espece d’encre sympathique ; mais il y en a d’autres bien plus curieuses. Voyez Encre sympathique.

On peut consulter sur les limons tous les auteurs cités au mot Citronnier, & entr’autres Ferrarius, qui en a le mieux traité. (D. J.)

Limon, s. m. (terme de Charron). Ces limons sont les deux maîtres brins d’une charrette, qui sont de la longueur de quatorze ou quinze piés sur quatre ou cinq pouces de circonférence ; cela forme en même tems le fond de la charrette & le brancart pour mettre en limon : ces deux limons sont joints ensemble à la distance de cinq piés, par quatre ou six éparts sur lesquels on pose les planches du fond. Les limons sont troués en dessus, à la distance de six pouces pour placer les roulons des ridelles. Voyez nos Pl. du Charron.

Limons de traverse, terme de Charron ; ce sont les morceaux de bois, longs d’environ huit ou dix piés, dans lesquels s’enchâssent les roulons par le milieu & qui terminent les ridelles par en-haut ; il y en a ordinairement deux de chaque côté. Voyez nos Pl. du Charron, qui représentent une charrette.

Limon, du latin limus, tourné de travers (coupe des pierres) signifie, la pierre ou piece de bois qui termine & soutient les marches d’une rampe, sur laquelle on pose une balustrade de pierre ou de fer pour servir d’appui à ceux qui montent. Cette piece est droite dans les rampes droites, & gauche par ses surfaces supérieure & inférieure, dans les parties tournantes des escaliers.

Limon, (Charpente), est une piece de charpente omeplat, c’est-à-dire plus que plat, laquelle sert dans les escaliers à soutenir le bout des marches qui portent dedans, & qui portent par les bouts dans les noyaux ou courbes des escaliers. Voyez les fig. des Pl. de Charpente.

Limon, faux, (Charpent.) est celui qui se met

dans les angles des baies, des portes & des croisées, & dans lequel les marches sont assemblées, comme dans les limons.

Limonade, s. f. (Pharmac. Mat. méd. & diete) La limonade est une liqueur aussi agréable que salutaire, dont nous avons exposé les propriétés médicinales à l’article Citron. Voyez cet article.

Pour faire de la bonne limonade, il faut prendre des citrons frais & bien sains, les partager par le milieu, en exprimer le suc, en les serrant entre les mains, étendre ce suc dans suffisante quantité d’eau pour qu’il ne lui reste qu’une saveur aigrelette légere, une agréable acidité ; passer cette liqueur sur le champ à travers un linge très-propre, pour en séparer les pepins & une partie de la pulpe du citron qui peut s’en être détachée en les exprimant, & qui en séjournant dans la liqueur y porteroit une amertume désagréable, ou bien ôter l’écorce des citrons ; partager leur pulpe par le milieu, les enfermer dans un linge blanc, les exprimer fortement & ajouter de l’eau jusqu’à agréable acidité ; de quelque façon qu’on s’y soit pris pour obtenir la liqueur aigrelette & dépurée, on l’édulcore ensuite avec suffisante quantité de sucre, dont on aura frotté une petite partie contre une écorce de citron, pour aromatiser agréablement la liqueur par le moyen de l’oleo-saccharum, qu’on aura formé par cette manœuvre.

Remarquez que cette maniere d’aromatiser la limonade est plus commode & meilleure que la méthode ordinaire & plus connue des limonadiers, qui consiste à y faire infuser quelques jets de citron, qui fournissent toujours un peu d’extrait amer & dur. (b)

LIMONADIER, s. m. (Com.) marchand de liqueurs ; ils ont été érigés en corps de jurande en 1673 ; leurs statuts sont de 1676. Ils ont quatre jurés, dont deux changent tous les ans : les apprentifs sont brevetés pardevant notaire ; ils servent trois ans, & font chef-d’œuvre. Les fils de maîtres en sont exempts ; ils peuvent faire & vendre de l’eau-de-vie & autres liqueurs, en gros & en détail. Ils ne font maintenant qu’une communauté avec les caffetiers.

LIMONEUX, adj. (Gram. & Agricult.) On dit d’une terre qui a été couverte autrefois des eaux d’une riviere, qu’elle est limoneuse ; d’un lieu abreuvé d’eaux croupissantes, dont la terre est détrempée, qu’il est limoneux ; des eaux & du fond d’une riviere, qu’ils sont limoneux.

LIMONIADE, (Mythol.) Limonias ; les Limoniades étoient les nymphes des prés, du mot grec λειμών, un pré ; ces nymphes étoient sujettes à la mort, comme les Pans & les Faunes. (D. J.)

LIMONIATES, (Hist. nat.) nom dont Pline s’est servi pour désigner une espece d’émeraude.

LIMONIER, s. m. (Hist. nat. Bot.) limon, genre de plante dont les feuilles & les fleurs ressemblent à celles du citronier, mais dont le fruit a la forme d’un œuf & la chair moins épaisse ; il est divisé en plusieurs loges qui sont remplies de suc & de vésicules, & qui renferme des semences. Ajoûtez à ces caracteres le port du limonier qui suffit aux jardiniers pour le distinguer de l’oranger & du citronnier. Tournefort, inst. rei herb. voyez Plante.

Limonier, limon, arbre toujours verd, de moyenne grandeur, qui vient de lui-même dans les grandes Indes, & dans l’Amérique méridionale. Dans ces pays, cet arbre s’éleve à environ trente piés, sur trois ou quatre de circonférence. Il est toujours tortu, noueux, branchu & très-mal-fait, à moins qu’il ne soit dirigé dans sa jeunesse. Son écorce est brune, seche, ferme & unie. Ses feuilles sont grandes, longues & pointues, sans aucun talon ou appendice au bas. Elles sont fermes, lisses & unies,