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le séjour qu’ils aiment : mais le limaçon les oblige de revenir sur le collier toutes les fois qu’il fait sortir ses excrémens ; car ses excrémens occupant à-peu-près la largeur de l’intestin, chassent en avançant tout ce qui se présente en leur chemin ; de sorte que lorsque ces insectes arrivent au bord de l’anus, ils sont contraints d’aller sur le collier ; & comme cette opération du limaçon dure quelque-tems, ils se promenent pendant ce tems-là sur le collier, d’où ils ne peuvent pas rentrer toujours quand il leur plaît dans les intestins, parce que le limaçon leur en a souvent fermé la porte, pendant qu’ils parcouroient le collier.

On peut observer tout cela sur toutes les especes de limaçons terrestres, & plus communément sur les gros limaçons des jardins. Il y a même certaines especes de petits limaçons, chez lesquels on découvre ces insectes, jusqu’au milieu de leurs intestins. Cependant, quoiqu’on trouve ces animacules sur les différentes especes de limaçons terrestres, il ne faut pas les y chercher indifféremment en tous tems, car on en découvre rarement pendant les tems pluvieux. Ainsi pour ne se point donner la peine d’observer inutilement, il ne faut examiner les limaçons, qu’après une sécheresse. Apparemment qu’elle est propre à faire éclore ces insectes, ou peut-être aussi, qu’elle empêche la destruction de ceux qui sont déja formés.

Le corps seul du limaçon est un terrein convenable à ces insectes. On ne les voit jamais sur sa coquille, & si on use de force pour les obliger d’y aller, ils ne sont pas long-tems après qu’on leur a rendu la liberté, sans regagner le collier dont on les a chassés.

A la vûe simple, ils paroissent ordinairement d’une couleur très-blanche ; quelques-uns sont d’un blanc sale, & quelqu’autres d’un blanc dans lequel on auroit mêlé une très-légere teinture de rouge.

Un bon microscope est nécessaire pour apperçevoir nettement leurs différentes parties. Il découvre leur trompe, dont ils se servent apparemment à succer le limaçon ; elle est placée cette trompe au milieu de deux petites cornes très-mobiles, non-seulement de haut en bas, de droite à gauche, comme celles de la plûpart des insectes ; mais encore en elle-même, en s’allongeant & se racourcissant, comme celles des limaçons ; aussi arrive-t-il qu’on considere souvent ce petit animal, sans apperçevoir ses cornes.

Son corps est divisé en six anneaux, & la partie antérieure à laquelle sont jointes la trompe & les cornes. Il a quatre jambes de quatre côtés, toutes garnies de grands poils ; elles paroissent terminées par quelques pointes, à-peu-près comme le seroient les jambes de diverses especes de scarabées, auxquelles on auroit ôté la derniere articulation, qui est terminée par deux petits crochets. Leur dos est arrondi, & élevé par rapport aux côtés. Les côtés ont chacun trois ou quatre grands poils. Leur anus est aussi entouré de quatre à cinq poils d’une pareille longueur ; mais on n’en voit point sur le ventre.

Au reste, les limaçons de mer ne sont guère plus heureux que les limaçons de terre. Swammerdam a observé & a décrit les vermisseaux qui percent, criblent leurs coquilles, y établissent leur domicile, & finissent par attaquer la peau même du limaçon. (D. J.)

Limaçon de mer, (Conchyliographie). Espece de limaçon du genre des aquatiques. Leur coquille, dit M. de Tournefort, est à-peu-près de même forme & de même grosseur que celle des limaçons de nos jardins, mais elle a près d’une ligne d’épaisseur, c’est une nacre luisante en dedans ; le dehors

est le plus souvent couvert d’une écorce tartareuse & grisâtre, sous laquelle la nacre est marbrée de taches noires, disposées comme en échiquier : il s’en trouve quelques-unes sans écorce, à fond roussâtre, & à taches noirâtres : la spire est plus pointue que celle des limaçons ordinaires ; ce poisson qui est long-tems hors de l’eau, se promene sur les rochers, & tire ses cornes comme le limaçon de terre ; elles sont minces, longues de cinq ou six lignes, composées de fibres longitudinales à deux plans externes & internes, entrecoupées de quelques anneaux ou muscles annulaires : c’est par le jeu de ces fibres, que ses cornes rentrent ou sortent au gré de l’animal.

Le devant du limaçon de mer, est un gros muscle ou plastron, coupé en dessous en maniere de langue, vers la racine de laquelle est attaché le fermoir ; ce fermoir est une lame ronde, mince comme une écaille de carpe, luisante, souple, large de quatre lignes, roussâtre, marquée de plusieurs cercles concentriques ; le plastron est si fortement attaché par sa racine contre la coquille, que l’animal n’en sauroit sortir, qu’après qu’on l’a fait bouillir ; on le retire alors tout entier, & l’on s’apperçoit que cette racine en se courbant, s’applique fortement au tournant du limaçon, dans sa surface intérieure ; le plastron qui est creusé en gouttiere, soutient les visceres de l’animal enfermés dans une espece de bourse, tournée en tire-bourre, où aboutit le conduit de la bouche.

Il faut que le lecteur se contente ici de cette description grossiere. C’est dans Swammerdam qu’il trouvera les merveilles délicates de la structure du limaçon aquatique & de sa coquille. (D. J.)

Limaçon, (en Anat.), la troisieme partie du labyrinthe ou de la cavité intérieure de l’oreille. Voyez Oreille.

Le limaçon est directement opposé aux canaux demi-circulaires, & on le nomme de la sorte par rapport à la ressemblance qu’il a avec la coquille dans laquelle le limaçon est renfermé. Il donne passage à la portion noble du nerf auditif ; son canal est divisé par une cloison ou septum, composée de deux substances, l’une presqu’entierement cartilagineuse, & l’autre membraneuse.

Les deux canaux que forme cette cloison s’appellent échelles ; l’un qui aboutit au tympan par la fenestre ronde, s’appelle échelle du tympan ; l’autre qui communique avec le vestibule par la fenêtre ovale, s’appelle échelle du vestibule. Le premier est le supérieur & le plus grand, l’autre est l’inférieur & le moindre. Voyez Labyrinthe.

Limaçon, (en Architect.) Voyez Voute en Limaçon.

Limaçon, (Horlogerie.) piece de la cadrature d’une montre ou d’une pendule à répétition.

Sa forme en général est en ligne spirale ; mais cette ligne est le résultat de différens ressauts formés par des arcs de cercle qui sont tous d’un même nombre de degrés, & qui ont successivement des rayons de plus petits en plus petits.

Le limaçon des heures, par exemple, étant divisé en douze parties, a douze ressauts, chacun desquels comprend un arc de trente degrés. Voyez les figures des Pl. d’Horlogerie ; celui des quarts étant divisé en quatre parties, n’a que quatre ressauts, dont chacun a quatre-vingt-dix degrés. Voyez les mêmes Planches.

Le limaçon des heures tient toujours concentriquement avec l’étoile ; c’est par les différens ressauts que la répétition est déterminée à sonner plus ou moins de coups, selon l’heure marquée, comme il est expliqué à l’article Répétition ; il fait son tour en douze heures. Voyez Répétition.