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noblement lilas de Perse, ne montent point en arbre, & ne forment que des arbrisseaux qui ne s’élevent guere au-dessus de six ou sept piés ; mais c’est par cela même qu’ils servent à décorer tous |les lieux où sont placés les arbustes de leur taille. Ils donnent des bouquets plus longs, plus déliés que les autres lilas, & en même tems d’une odeur plus agréable.

Quoiqu’on puisse multiplier de rejettons, les lilas de Perse, le meilleur est de les multiplier de marcotes ; on peut les planter dans les plates-bandes des parterres ; on peut les tailler en buisson ou en globe posé sur une tige, en s’y prenant de bonne heure. Enfin, on peut les élever en caisse, mais c’est une chose inutile ; car ils ne sont point délicats, toute terre & toute exposition leur sont presque indifférentes.

LILÉE, (Géog. anc.) Lilæa, ville de Grece, dans la Phocide, du côté du mont Parnasse. Apollon & Diane avoient chacun un temple dans cette ville : comme elle étoit située auprès des sources du Céphise, la fable dit qu’elle tiroit son nom de la nayade Lilée, fille de ce fleuve.

LILIBÉE, (Géog.) Lilibæum, ville de Sicile, dans sa partie occidentale, près du cap de même nom, à l’opposite de l’embouchure du port de Carthage. Cette ville fut ensuite nommée Helvia Colonia ; elle étoit fort grande du tems des Romains, qui y avoient jusqu’à dix mille hommes de garnison, au rapport de Tite-Live, l. XXI. c. xlix.

Le siége qu’ils firent de cette ville, dont Polybe, l. I. c. x. nous a laissé une si belle description, est au jugement de Folard, le chef-d’œuvre de l’intelligence & de la capacité militaire, tant pour l’attaque, que pour la défense. Lilibée ne tomba sous la puissance de Rome, qu’après une suite de victoires sur les Carthaginois ; c’est présentement Marsaglia. Le cap Lilibée, Lilibæum promontorium, s’appelle de nos jours Capo-Bolo, ou Lilibæo.

LILINTGOW, (Géog.) en latin Lindum, ancienne ville d’Ecosse, dans la province de Lothiane, sur un lac très-poissonneux, à 4 lieues N. E. d’Edimbourg, 130 N. O. de Londres. Long. 14. 20. lat. 56. 18. (D. J.)

LILITH, s. m. (Hist. anc.) les Juifs se servent de ce mot pour marquer un spectre de nuit qui enleve les enfans & les tue ; c’est pourquoi, comme l’a remarqué R. Léon de Modene, lorsqu’une femme est accouchée, on a coutume de mettre sur de petits billets, aux quatre coins de la chambre où la femme est en couche, ces mots, Adam & Eve : Lilith hors d’ici, avec le nom de trois anges ; & cela pour garantir l’enfant de tout sortilége. M. Simon, dans sa remarque sur ces paroles de Léon de Modene, observe que Lilith, selon les fables des Juifs, étoit la premiere femme d’Adam, laquelle refusant de se soumettre à la loi, le quitta & s’en alla dans l’air par un secret de magie. C’est cette Lilith que les Juifs superstitieux craignent comme un spectre, qui apparoît en forme de femme, & qui peut nuire à l’enfantement. Buxtorff, au chap. ij. de sa Synagogue, parle assez au long de cette Lilith, dont il rapporte cette histoire tirée d’un livre juif. Dieu ayant créé Adam, lui donna une femme qui fut appellée Lilith, laquelle refusa de lui obéir : après plusieurs contestations ne voulant point se soumettre, elle prononça le grand nom de Dieu Jehova, selon les mysteres secrets de la cabale, & par cet artifice elle s’envola dans l’air. Quelque instance que lui eussent fait plusieurs anges qui lui furent envoyés de la part de Dieu, elle ne voulut point retourner avec son mari. Cette histoire n’est qu’une fable ; & cependant les Juifs cabalistiques, qui sont les auteurs d’une infinité de contes ridicules, prétendent la tirer du premier chapitre de la Genèse,

qu’ils expliquent à leur maniere. R. Léon de Modene, Cérem. part. IV. chap. viij.

LILIUM, (Chimie & Mat. med.) ce remede qui est fort connu encore sous le nom de lilium de Paracelse, à qui on l’a attribué sur un fondement assez frivole, & sous celui de la teinture des métaux, est un de ceux que l’abbé Rousseau a célebrés dans son livre des secrets & remedes éprouvés. M. Baron nous avertit dans une dissertation très-étendue & très profonde sur cette préparation, dissertation qui fait une de ses additions à la chimie de Lémery, qu’on doit bien se garder de croire que l’abbé Rousseau soit l’inventeur de ce remede, puisque, selon la remarque de M. Burlet, le premier qui ait rendu publique la description de la teinture des métaux, est l’auteur anonyme d’un livre intitulé Chimia rationalis, imprimé à Leyde en 1687. On s’est un peu écarté depuis ce tems du procédé de l’inventeur. Voici celui qui est décrit dans la Pharmacopée de Paris ; prenez des régules de cuivre, d’étain, & d’antimoine martial, de chacun quatre onces, (voyez sous le mot Antimoine, regule martial, regule de vénus, regule jovial) mettez-les en poudre, mêlez-les exactement, & réduisez-les par la fusion en un seul regule selon l’art : mettez-le de nouveau en poudre, & mêlez-le avec du nitre très-pur & du tartre, l’un & l’autre en poudre, de chacun dix-huit onces, projettez ce mélange dans un creuset, & le faites détonner, & ensuite faites-le fondre à un feu très-fort, versez la matiere dans un mortier pour l’y réduire en poudre dès qu’elle sera prise, & versez-la encore toute chaude dans un matras ; versez dessus sur le champ suffisante quantité d’esprit-de-vin rectifié, digerez pendant quelques jours au bain de sable en agitant de tems en tems, & vous aurez une teinture profondément colorée.

Le lilium est fort communément employé dans la pratique de la Medecine comme un cordial très actif, & même par quelques medecins, (ceux de Montpellier, par exemple) comme la derniere ressource pour soutenir un reste de vie prêt à s’éteindre. La teinture des métaux differe à peine quant à sa constitution intérieure ou chimique de la teinture du sel de tartre, & n’en differe point du tout quant à ses qualités medicinales ; en sorte que c’est par une erreur, ou du-moins une inexactitude, que nous devons relever ici, que le lilium est qualifié de préparation d’antimoine dans l’art. Antimoine. Voyez Esprit-de-vin à l’art. Vin, Sel de tartre à l’art. Tartre, & Teinture.

On trouve encore parmi les secrets de l’abbé Rousseau, & dans la chimie de Lémery, une autre préparation chimique, sous le nom de lilium minéral, ou sel métallique. Cette préparation n’est autre chose qu’un alkali fixe, qui ayant été tenu dans une longue & forte fusion avec un regule composé de cuivre, d’étain, & de regule martial, qui se réduit en chaux dans cette opération, a été rendu très caustique par l’action de ces chaux, desquelles on le sépare ensuite par la lotion. Toute cette opération n’est bonne à rien qu’à fournir la matiere de la teinture des métaux, supposé que la teinture des métaux soit elle-même une préparation fort recommandable. Car quant à son produit plus immédiat, le prétendu sel métallique, il n’est & ne doit être d’aucun usage en Medecine, ni intérieurement, parce qu’il est vraiment corrosif ; ni extérieurement, parce que la pierre à cautere avec laquelle il a beaucoup d’analogie, vaut mieux, & se prépare par une manœuvre beaucoup plus simple. Voyez Pierre à cautere. (b)

LILIUM LAPIDEUM, (Hist. nat.) Voyez Lis de pierre.

LILLE, (Géog.) grande, belle, riche & forte ville